Eibhlìn Fallon
"Skjaldmeyjar un jour, Skjaldmeyjar toujours"
Δ QUI SUIS-JE ? Δ
Δ NOM : Fallon
Δ PRÉNOM(S) : Eibhlìn
Δ RACE : Nephilim
Δ GROUPE : Skjaldmeyjar
Δ ÂGE RÉEL : 368 ans
Δ DATE ET LIEU DE NAISSANCE : 28 décembre 1649, Annagassan - Comté de Louth, Irlande
Δ ETAT CIVIL : Célibataire
Δ MÉTIER/OCCUPATION : Skjaldmeyjar est un métier
Δ QUALITÉS : Réfléchie - Déterminée - Courageuse - Réaliste - Loyale.
Δ DÉFAUTS : Rigide - Têtue - Solitaire - Distante - Un brin cynique.
Δ CÉLÉBRITÉ : Olga Kurylenko
Δ UN CORPS SAIN DANS UN ESPRIT SAIN Δ
Δ CARACTÈRE :
On peut dire de moi que je suis rigide. J’ai des principes, des règles auxquelles je ne déroge pas facilement. J’ai une ligne de conduite dont je ne dévie que rarement. Ce n’est pas pour autant que je manque d’humour, que je ne suis pas capable de sourire ou même de rire.
Je ne m’associe pas aisément aux autres, soyons franche. Je ne suis pas asociale mais reconnaissons que vous n’avez rien d’intéressants à mes yeux et que je ne pense pas être intéressante aux vôtres. Partant de ce point de vue, je ne vois pas pourquoi j’irais vers vous, fleur au fusil, ni pourquoi vous viendriez vers moi de même. Ne soyons pas amis ! Ne soyons pas intimes non plus. Moins vous en savez sur moi, moins j’ai à faire l’effort de vous connaître.
Autrefois, tout était simple. J’étais discrète bien que présente. Je passais inaperçue dans la masse, ne cherchant pas à être remarquée de quiconque et je pouvais dire que j’étais sereine. Les choses se sont légèrement compliquées, avouons-le. J’ai du sortir de ma réserve plus d’une fois, serrer les poings et élever le ton, ce qui ne me ressemble pas. J’ai du faire preuve de plus d’audace, de plus de violence aussi et ça a altéré quelque peu mon humeur générale. Je ne pensais pas changer, je n’ai toujours pas envie de changer, mais j’y suis contrainte sinon forcée et j’avoue que ça m’emmerde royalement. Parce qu’entre ce que je veux, ce que je peux et ce que je dois dire ou faire, je ne trouve aucun point de repère qui me permette de garder les idées claires et l’esprit léger.
Pourtant, certains traits me restent. Je suis réfléchie. Pas la peine d’essayer de me faire agir sur une impulsion ou un incitant, vous perdriez votre temps. J’aime savoir dans quelle soupière je vais mettre les pieds et à quelle sauce je risque d’être mangée. On n’est jamais trop prudent, surtout à cette époque, avec tous ces Elohim qui ratissent à la recherche de Nephilim. Sans compter ces humains qui vous voient comme une jolie petite chose fragile et menue qu’ils peuvent manipuler à leur guise sous les promesses les plus incongrues. Mais je m’égare, ce n’est pas le propos.
J’évite la compassion aussi. Perte de temps inutile, déboires assurés et trop de questionnements en perspective. J’ai appris à faire taire mes sentiments sur l’île de Gehinnom, je ne tiens pas à les voir ressurgir parce que je suis sur le continent. Je me répète mais encore une fois : Ne soyons pas amis et tant qu’à faire, ne soyons pas ennemis non plus. Cela m’emmerderait de vous avoir dans le collimateur et de voir rouge chaque fois que j’entends citer votre nom ou que je vous aperçois.
Je ne pense pas manquer de courage ni de résistance, sans quoi je ne serais pas là aujourd’hui. Mais ce qui vous vaut ma présence reste décidément mon bon sens. Quand vous réalisez que la bataille penche dangereusement du côté opposé au vôtre, si vous tenez à la vie, vous n’allez pas foncer comme une boule de bowling dans un jeu de quilles. Vous ramassez gentiment (et si possible discrètement) vos billes et vous vous repliez. C’est bien joli d’avoir des principes, de l’orgueil et d’être une brave fille mais face au pot de fer, le pot de terre ne pèse pas lourd et quand vous sentez que vous êtes d'argile, vous revoyez vos priorités.
Δ PHYSIQUE :
Regard gris envoûtant, cheveux brun foncé mi-longs, je possède un visage espiègle qui ment sur ma personnalité pour qui me rencontre pour la première fois. Je ne suis pas petite mais je ne suis pas une géante non plus et sans être prétentieuse, j’aie été gâtée par la nature pour ce qui est de la plastique. Le soleil et le sport
(On ne se rend pas compte mais courir après des humains dans le désert de l’île, c’est du sport !!) entretiennent. Côté vestimentaire, j’avoue être quelque peu à la ramasse.
Sur l’île de Gehinnom, c’était bustier et jupe de cuir ou de daim mais sur le continent, j’ai bien remarqué que les regards qui se portaient sur moi étaient dans le meilleur des cas, grivois, dans le pire des cas, choqués. Je me suis reporté sur les jeans que les autres femmes portent, des bustiers moins voyants ou des blouses, parfois des pulls, le tout dans des tons qui varient selon mes envies. Le plus compliqué pour moi ? Être sexy sans être voyante, être séduisante sans être vue. Avant de plaire aux autres, j’aime me plaire à moi-même et me sentir bien dans ce que je porte est un bon début.
Δ IL ÉTAIT UNE FOIS Δ
Δ HISTOIRE :
Δ Humaine :
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Je n'étais pas née que déjà, j'ai échappé à la mort. Car oui, mon histoire ne commence pas tout à fait au premier souffle que j'ai poussé mais quelques mois plus tôt, en 1649. A cette époque, les Irlandais se heurtaient aux Anglais et l'été de cette triste année, petite crevette de quelques centimètres dans le ventre de ma mère, il s'en est fallu de peu pour que la flamme qui me maintenait en son sein s'éteigne. Cromwell a débarqué à Dublin avec ses troupes et a massacré un tiers des nôtres durant cet été là. Sa survie (et donc la mienne), elle l'a due à un soldat anglais un peu moins enclin à tuer de l'Irlandais à tour de bras, un peu plus regardant quant à sa victime. Mais il ne s'est pas contenté de l'épargner. Il l'a caché et durant plusieurs semaines, il lui a évité d'être trouvée de ses compagnons, il lui a évité aussi de mourir de faim et de soif. Il n'a jamais donné son nom et elle ne lui a pas demandé. Il n'a jamais rien exigé en échange de son aide et elle ne lui a jamais rien proposé. Il faisait preuve de compassion, elle acceptait celle-ci mais s'il avait décidé de la livrer ou de la tuer, elle n'aurait sans doute pas été surprise, car en femme avisé, elle savait que c'était le propre de l'homme que de sauver sa peau avant de sauver celles des autres, d'être bon tant que la roue tournait dans un sens favorable, mais de se montrer indifférent ou cruel pour peu qu'elle tourne dans un autre qui l'était moins.
Lorsque les Irlandais furent vaincus et leurs terres données aux colons anglais ou Écossais, ma mère était déjà bien ronde. Mon père quant à lui était porté disparu, sans doute mort quelque part. L'Anglais retourna chez lui sans prévenir, ma mère retourna chez elle pour découvrir que sa maison ne lui appartenait plus. L'Écossais qui y avait élu domicile toutefois ne la chassa pas, lui permettant de rester jusqu'à l'enfantement, s'attachant autant à elle au fil des semaines, mais respectant son deuil comme son état. Le jour de ma naissance, ce fut lui qui l'assista, lui qui m'accueillait dans ses larges paumes et claqua mes fesses pour que je pousse mon premier cri. Il fut un père pour moi. Il fut un mari pour ma mère quand bien même il savait qu'elle ne l'aimait pas comme il pouvait l'aimer lui. Je ne dirais pas que j'ai eu une enfance heureuse et paisible, mais elle a été jalonnée de rires, de larmes, de bons et de mauvais moments, parfois de querelles et de cris, d'incompréhensions aussi. J'aurais dû être mariée à 16 ans, avoir mon premier enfant dans la foulée et une multitude d'autres par la suite, mourir à moins de 30 ans dans un corps épuisé de ses grossesses successives comme du labour des champs, mais mon père était un homme de principes, un homme juste et bon, qui regardait au-delà des apparences, au-delà du bœuf ou de la chèvre qu'on lui proposait en échange de sa fille.
J'aurais dû être mariée à 20 ans, épouser ce jeune homme pour qui mon cœur s'était attendri, avec lequel je me voyais partager ma vie, fonder une famille et vieillir un peu, mais là encore, le destin en a décidé autrement, me l'enlevant quelques jours avant la noce dans un accident aussi brutal que banal. Je garde encore le souvenir de son corps écrasé par le poids de la carriole alors qu'il tentait d'en réparer une roue désaxée. C'était pourtant un acte tout simple qu'il avait maintes fois accompli, mais ce jour là, la roue ne tournait pas en sa faveur. Je le vois porter en terre dans son linceul immaculé, le pasteur plaçant son âme entre les mains du Seigneur Tout Puissant, sa mère et ses sœurs pleurant à chaudes larmes. Je ressens encore la pression de la main de mon père sur mon épaule, devinant que malgré mon stoïcisme, je souffrais de sa disparition. Aucun mot n'aurait su m'apporter de réconfort, me soulager de cette perte. Seul le temps a pu la soulager, l'atténuer, mais sans jamais parvenir à l'effacer complètement.
« Si cela ne peut être lui, je n'épouserais personne ! » Je ne sais encore aujourd'hui pourquoi mon père a accepté d'entendre ma prière et refusé tous les prétendants qui ont frappé à sa porte, mais je lui en serais éternellement reconnaissante. Au bout de deux ans, je n'étais plus mariable de toute manière, jugée trop vieille par les mères, trop indépendante par les pères, trop farouche par les fils. Une femme doit rester à sa place et obéir, tenir sa maison, élever ses enfants et ne jamais se refuser à son mari. Cet habit était trop étroit pour moi, je n'y entrais pas. J'aurais pu finir vieille fille, mourir de fatigue à un âge avancé en fin de compte, me dire que je n'avais aimé qu'une fois et que je n'avais pas eu l'audace d'aimer jusqu'au bout. C'était sans compter sur un homme qui débarquait de nulle part, sans crier garde. Il s'est installé à l'écart du village, dans un vieux cottage en ruine qu'il a entreprit de retaper, se mêlant peu aux villageois. Les hommes le regardaient avec méfiance, les femmes, de la plus vieille à la plus jeune, avec beaucoup trop d'intérêts. On ne savait rien de lui, ni d'où il venait, ni qui il était et la raison pour laquelle il s'était installé là plutôt qu'ailleurs. Personne ne le lui demandait et temps qu'il ne dérangeait personne, sa présence était tolérée à défaut d'être appréciée. Je ne m'y intéressais guère plus qu'à travers les rumeurs qui se murmuraient au village, les oubliant aussi vite qu'elles me parvenaient. Je n'envisageais pas d'aller le voir de plus près, ne comptais même pas le croiser un jour à dire vrai et cela se serait passé ainsi sans les festivités de la St-Patrick.
Cette nuit, le vin et le whisky coulaient à flot et au centre du village, un grand brasier s'élevait vers la voûte obscure parsemée d'étoiles. Les musiciens avaient sorti cornemuses, flûtes et violons pour nous égayer la soirée d'airs entraînants ou de chants irlandais. En ronde, femmes et enfants, jeunes ou vieux dansaient, riaient avec insouciance. Personne n'aurait manqué la fête. Personne ne serait resté chez lui à se lamenter sur son labeur. L'étranger aussi était descendu jusqu'au village. Méfiants jusqu'alors, les hommes l'accueillirent comme un ami qu'ils n'avaient vu depuis longtemps, lui servant whisky, lui tapant dans le dos cordialement, évitant les sujets qui fâchaient aussi. Le temps s'écoulait sans emprise sur les villageois et si ce n'étaient les mères qui rentraient avec leurs marmailles pour les coucher, laissant leurs hommes cuver à leur gré, la nuit se serait achevée et le jour levé sans qu'aucun ne se dise que le temps courait. Je croisais le regard de cet homme posé sur moi à plusieurs reprises, mais tentais de ne pas m'y attarder, essayais de ne pas m'en émouvoir non plus.
De loin, résister à l'attirance qu'il inspirait était facile, mais quand sa main effleurait la mienne alors que je passais non loin de lui, quand ce contact fugace éveilla en mon sein une sensation, un désir fulgurant, j'eus beaucoup plus de mal à y rester indifférente, à ne pas chercher son regard à mon tour. L'aube approchait et ceux qui n'étaient pas rentrés dormir dans leurs lits s'étaient affalés à même le sol, utilisant la cuisse ou le bras d'un autre en guise de coussin pour rendre leurs sommeils plus agréables. Quelques irréductibles terminaient les jars de whisky ou de vin sans ne plus prêter attention à rien. Je décidais de rentrer, mais ne prenais pas la direction de la demeure de mon père, remontant le chemin qui menait au cottage de l'étranger. Plus d'une fois, j'ai songé que c'était une erreur de jugement ou encore une folie que de penser à s'offrir à lui. Plus de dix fois, je me disais que j'étais trop vieille pour découvrir le plaisir des sens, pour plaire. Mais chaque fois, je croisais son regard en me retournant, le voyais se rapprocher à chaque pas et tout le reste s'envolait.
Δ Nephilim :
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Quelques mois plus tard, c´est d´un autre villageois que j´apprenais que cette nuit de la Saint-Patrick ne m´avait pas uniquement fait passer du stage de vierge à femme, mais aussi d´humaine à Nephilim. Au début, je ne l´écoutais même pas, certaine qu´il devait abuser de la boisson, qu´il délirait complètement et que son délire s´axait sur moi. Mais jour après jour, il insistait, cherchant la moindre occasion pour m´entraîner à l´écart afin de me parler. Il tenait à me faire avaler des couleuvres, mais si peu instruite que je pouvais l´être, je n´étais pas une idiote. Je le serai restée par contre, s´il n´avait pas décidé de me prouver la véracité de ses propos, saisissant une lame dont il me coupait la paume de main. Sur l´instant, affolée, je bondissais en arrière en le traitant de tous les noms et cherchais un chiffon pour épancher le sang. Quand mon regard glissait sur ma main, je restais muette de saisissement en constatant que la plaie se résorbait peu à peu, ne laissant même pas un sillon en guise de trace. Je sens encore la pression de sa main sur mon épaule et l´entend encore me murmurer à l´oreille que j´étais comme lui, Nephilim.
Les jours et les semaines qui suivaient, je l'assommais de questions sur ce que nous étions, d'où nous venions, sur le pourquoi et le comment de mes véritables origines. Je cherchais aussi à comprendre pourquoi ceux qu'il nommait Elohim voulaient tant notre extinction. Il me répondait avec patience, essayant d'être clair dans ses explications, de les rendre à ma portée, conscient que les défauts de mon érudition étaient dus à la vie qui avait été la mienne jusque là autant qu'à mon récent éveil. Dans le même temps, je découvrais mon premier pouvoir et apprenais à le maîtriser avec ou sans son aide, selon les moments. Lorsqu'il décida de s'en aller, je ne cherchais pas à le retenir. Il me conseilla de quitter le village, d'explorer plus que les vertes vallées d'Irlande et de m'instruire aussi. Dans une lettre qu'il avait écrite, il me recommandait à un Nephilim de sa connaissance, lui demandant de veiller sur moi quelques temps et de faire en sorte que je sois capable de traverser les époques sans difficulté. Je n'ai pas suivi le conseil tout de suite pourtant, restant auprès de mes parents encore quelques années. Ce n'est que lorsqu'ils furent morts tous deux que je décidais de gagner l'Écosse pour trouver ce dernier à Édimbourg.
Je n'aurais sans doute pas pu arriver à un meilleur moment que celui-là. C'était ce que Colum pensait en tout cas. Jacques VII, roi catholique, venait de prendre la succession de son frère sur le trône d'Angleterre et d'Écosse, mais le climat était plus calme que ce qu'il avait été les années précédentes. Colum était scribe à la cour d'Écosse. Il avait pour charge de relater par écrit les faits importants durant les réunions protocolaires, de rédiger les Édits du roi ou encore la correspondance de celui-ci. Il m'apprenait à lire et à écrire dans un premier temps, m'amenait avec lui dans la cour en me faisant passer pour sa sœur, récemment veuve. Le monde que je découvrais me dépassait, m'émerveillait souvent, me glaçait le sang encore plus souvent. Traîtrises, pouvoirs, avarices, cruautés, soumissions et autres étaient monnaie courante à la cour. C'était à celui qui tirerait la plus la couverture à lui, à celui qui lécherait les bottes et ramperait le mieux, le plus longtemps.
Par contre, c'était un endroit rêvé pour récolter de l'orgone à satiété. Tous catholiques qu'ils soient dans les murailles de Holyrood, ils n'en étaient pas moins avides de plaisirs et ma pseudo condition de veuve tout comme mon apparence bien faite me valait nombre de courtisans qui grattaient à ma porte une fois le soleil couché. Mais la guerre n'était jamais loin et lorsque la reine enfantait d'un garçon, mettant ainsi en péril la fragile tolérance entre Catholiques et Protestants, elle éclatait à nouveau. Lorsque Jacques VII fuit l'Écosse, Colum me conseillait de quitter l'île Britannique pour la France, déclarant que pour des êtres comme nous, qui ne vieillissaient pas au même rythme que les humains, il était préférable de se faire discret quelques temps dans un pays et d'y revenir plus tard sans éveiller les soupçons.
De la France en passant par l'Espagne, l'Italie ou encore l'Autriche et la Russie, je découvrais les grandes cours d'Europe et je réalisais qu'elles se ressemblaient toutes dans le fond, mais que les Nephilim étaient nombreux et partout, que derrière chaque grand de ce monde se cachait toujours dans l'ombre un immortel pour le conseiller ou le guider et qu'il en allait de même pour moi. Lorsque je regagnais l'Écosse en 1743, je maîtrisais le français, l'anglais, le russe, l'allemand, l'italien et l'espagnole avec plus ou moins d'aisance. Je pouvais écrire et lire dans chacune de ses langues. J'avais aussi rencontré des humains étonnants, érudits et philosophes, poètes et écrivains. Je n'étais plus la jeune femme gauche et réservée qui venait de quitter sa campagne natale. Je n'étais plus cette petite chose insipide, sans conversation et sans esprit qui peinait à aligner trois mots quand on lui posait une question. J'aurais pu rester sur le continent sachant ce qui se préparait dans l'ombre mais j'étais curieuse de voir comment les événements tourneraient en Écosse lorsque Charles Edouard Stuart tenterait de reprendre le trône. Je n'étais plus protestante non plus, m'adaptant à toutes les religions en fonction du pays dans lequel je résidais, tantôt fervente catholique, tantôt orthodoxe ou presbytérienne.
Je retrouvais Colum à la cour, passé de scribe à conseiller d'un lord écossais, toujours aux aguets. Ni lui ni moi n'avions véritablement conscience de ce qui allait se produire, des conséquences que cela aurait pour nos compatriotes humains, mais nous voulions être là et voir… et nous avons vu ce que l'insouciance et l'immaturité de la jeunesse pouvaient provoquer sur tout un peuple. Pour quelques victoires, c'était un massacre, une extermination. Et sur le champ de bataille de Culloden, je faisais une nouvelle découverte. Les Nephilim n'étaient pas les seuls à œuvrer dans le monde. Des Elohim aussi se tenaient derrière certains hommes puissants et guidaient leurs bras. Colum y laissait sa vie et son âme sous la lame de l'un d'entre eux. Je devais la conservation de la mienne à son intervention. Je n'attendais pas de me retrouver face à un autre Elohim pour fuir les combats et trouver le moyen de quitter l'île Britannique définitivement cette fois.
La France était à nouveau ma terre d'asile pour un temps. J'évitais pourtant la cour cette fois, préférant me fondre dans la masse populaire et rester discrète. N'ayant pas de fortune personnelle, je travaillais pour manger et me loger. Quelques mois dans les champs durant les récoltes avant de rencontrer une autre Nephilim, pourvoyeur de plaisirs auprès des humains. L'orgone étant une nécessité pour nous, je ne voyais aucune objection à l'obtenir tout en me vendant au plus offrant. J'y gagnais sur tous les plans, emmagasinant de l'argent, récoltant de l'orgone et ayant encore du temps sur le côté pour m'instruire.
Le siècle des Lumières. L'expression n'était pas volée. Philosophie, littérature, poésie, peinture, géographie, politique et autres se débattaient dans de petits cénacles privés et Rose, la Nephilim pour laquelle je travaillais, possédait le sien. Si elle maintenait « ses filles » dans une relative ignorance, il n'en allait pas de même pour moi. Sans doute parce que j'étais de sa race, peut-être parce que je lui rapportais bien plus d'argent que les autres filles aussi. Être Nephilim avait des avantages certains pour pratiquer ce métier. Jamais fatiguée, jamais malade ni porteuse de quelconques germes, toujours disposée à partager sa couche, libérée de toute fausse morale aussi et jamais indisposée par des menstruations douloureuses. Chacune de nous y trouvait raison de se satisfaire de l'association avec l'autre. Environ tous les dix ans, je prenais soi-disant ma retraite pour quelques temps et attendait qu'elle me rappelle pour revenir travailler pour elle. C'est au cours de l'une de ses absences que je me découvrais un second pouvoir et profitait de mon temps libre pour apprendre à m'en servir. Il m'est difficile de savoir si je pouvais faire cela éternellement, la question ne s'est jamais posée en ces termes. La révolution française a éclaté et plutôt que d'y assister, j'ai choisi de m'exiler à nouveau, plus riche toutefois qu'à l'arrivée une quarantaine d'années plus tôt.
L'Amérique était mon nouveau refuge. L'indépendance du pays venait d'être votée et les états s'unissaient les uns aux autres, se libérant définitivement du vieux continent. Il y eut bien encore quelques guerres mais contrairement à celles que j'avais pu voir, celles-ci se tenaient sur la mer ou dans des états loin de ceux que je traversais. Je ne m'attardais jamais plus de dix ans au même endroit, veillant à ce que mon éternel célibat n'attire pas trop l'attention et à ne pas abuser inutilement de mes pouvoirs non plus. J'ai assisté de loin à la marche vers l'Ouest, à l'esclavagisme négrier et son abolition, à l'extermination des Indiens et la Ruée vers l'Or aussi. J'ai vu aussi l'industrialisation, le premier train à vapeur capable de relier l'Est à l'Ouest américain. L'avantage de vivre dans ce pays, c'est que vous n'avez qu'à changer d'état pour ne pas attirer l'attention. Deux d'entre eux m'ont particulièrement plu et marquée davantage que les autres.
Le Texas d'abord et la ville d'Abilène. Chaque année, une grande foire aux bestiaux s'y tenait. Bœufs, veaux, génisses, chevaux, cochons et autres étaient entassés dans de vastes parcs en attendant d'être vendus. La ville s'animait durant plusieurs semaines avec la présence de Cowboys venus de tous les coins du pays. J'y ai croisé plusieurs Nephilim, hommes et femmes. J'y ai aussi appris à monter à cheval ou encore à me servir de pistolets ou de fusils. L'un d'entre eux m'a fait remarquer que ce n'était pas parce que j'étais un Nephilim que je ne devais pas savoir me défendre comme un être humain, qu'au contraire, c'était un atout si je venais à manquer d'orgone pour utiliser mes pouvoirs. Dès lors, j'ai suivi son conseil et me suis acoquiner avec des gens parfois peu recommandables pour apprendre à me défendre aux poings comme avec une arme. J'étais bonne élève et j'avais surtout d'excellents réflexes, une rapidité et une endurance supérieures qui me permettaient de retourner une situation en ma faveur.
Le Colorado ensuite. À perte de vue, des vallées et des montagnes qui, parfois, me rappelaient mon Irlande natale. Les colons avaient emporté dans leurs bagages des airs oubliés, l'art de distiller du bon whisky et de fermenter la bière aussi. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais en phase avec un endroit, je m'y sentais bien et aspirait à y rester plus longuement. Je savais que cela ne serait pas possible au-delà d'une certaine limite mais j'aimais cet état et m'y installais, allant jusqu'à y acheter une petite maison et les terres qui l'entouraient pour avoir la paix. Quelques poules, une chèvre, un chien et un chat complétaient mon tableau et pour six ans, une sérénité qui ne trouvait son égal que dans le souvenir de mon enfance. À une exception près toutefois. Si les femmes s'étaient quelque peu émancipées au fil des années, si elles ne se mariaient plus à 16 ans comme cela avait été le cas, il était toujours mal vu d'être célibataire ou même veuve et d'être dépositaire de sa propre vie. Je me découvrais un troisième pouvoir alors que j'atteignais mon second siècle et peinait davantage à le contrôler que les deux premiers, celui-ci se manifestant parfois de manière intempestive sous l'irritation.
À 28 ans d'apparence, je n'étais donc plus considérée comme une vieille fille, mais comme une jeune veuve et mon cas suscitait la compassion des vieilles matrones de la ville la plus proche. J'étais invitée à prendre le thé, à me confier et devait m'inventer une vie de femme mariée. Pour celle-ci, je piochais dans mes souvenirs, rêvant à voix haute de la vie qui aurait été la mienne en compagnie de mon fiancé. Pour son décès, je n'avais pas à mentir, utilisant de manière appropriée les circonstances dans lesquelles je l'avais perdu. Elles m'appréciaient et s'étaient mises en tête de me trouver un second époux, choisissant parmi les jeunes ou moins jeunes hommes de la région les plus vigoureux pour pouvoir « me rendre heureuse ». Au début, je protestais, voulant la paix. Au fur et à mesure, je m'en amusais et tentais de deviner vers lequel de ces messieurs leurs choix se porterait afin de les déjouer. Capricieuse ou trop mielleuse avec les uns, trop timide ou trop autoritaire avec les autres, tantôt frigide tantôt libertine, je m'arrangeais pour être le contraire de ce qu'ils pouvaient espérer et conserver ma tranquillité. Mais le temps passait trop vite et ne se marquait pas assez sur mon visage. L'heure était venue une fois de plus de plier bagage.
Δ Skjaldmeyjar :
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J'en avais entendu parler maintes fois sans jamais songer à m'y rendre ne serait-ce que par curiosité. Par celui qui m'avait expliqué ce que j´étais d'abord. Il la présentait comme un lieu détestable, comme un endroit qu'il valait mieux éviter autant que possible et, bien qu'il en parlait, me conseillait tout autant de ne pas y mettre les pieds. Par des Nephilim que j'avais croisé aussi. Ils en parlaient comme d'un havre de paix par lequel nous pouvions transiter ou nous sédentariser, où nous pouvions laisser libre-court à notre nature sans attirer l'attention. Le moment me semblait venu de découvrir cette île pour Nephilim, de voir par mes propres yeux si elle existait.
Trouver une île qui n'est représentée sur aucune carte n'est pas chose aisée. J'ai quitté les États-Unis pour regagner l'Europe et j'ai d'abord été frapper à la porte de Rose pour savoir si elle avait des informations sur l'endroit où Gehinnom se situait. Je me suis attardée en sa compagnie, acceptant de redevenir pour quelques mois l'une de « ses filles », découvrant les changements qui s'étaient produits dans ce pays, mais aussi dans ceux qui l'entouraient. Elle était loin la grandeur et il était révolu le faste des cours monarchiques. La France était devenue une République, la Flandre du passé s'était muée en une monarchie sous le nom de Belgique, mais si un roi y régnait encore, il devait désormais s'en remettre à son parlement pour toutes les décisions à prendre. La paix était revenue sur le royaume britannique et la seule guerre qui persistait encore dans les îles étaient celle qui séparait encore et toujours les Catholiques et les Protestants d'Irlande. Rose disait souvent que les humains ne savaient faire que la guerre et que d'autres viendraient. Elle ajoutait aussi que c'était dans leur nature que de se malmener les uns les autres, de convoiter ce que possédait son voisin, de vouloir toujours plus de pouvoir, de puissance et de gloire. J'aurais aimé pouvoir lui donner tord mais j'avais trop vu les humains se battre et s'entretuer au lieu d'essayer de se comprendre pour ne pas approuver son point de vue.
Il nous arrivait parfois de parler des Elohim aussi, de leur implication dans les guerres que nous avions traversées au cours des trois derniers siècles. Comment ignorer que si certains Nephilim étaient derrière celles-ci, les Elohim n'étaient pas plus des anges que nous, puisqu'ils se servaient de même des Humains. Rose pensait qu'ils essayaient de nous atteindre à travers ces agissements, que pour eux, les humains ne représentaient que des pions sur un vaste échiquier, des pertes négligeables. L'avenir devait lui donner raison, mais elle comme moi étions bien loin d'imaginer à quel point ce serait avéré. Je continuais mes recherches pour situer Gehinnom et finissais par découvrir où la trouver. Je faisais mes au revoir à Rose et me rendait sur celle-ci, appréhendant ce que j'allais voir, ceux que j'y croiserais aussi.
Décrire ce que je ressentais en abordant les côtes de l'île, en posant le pied sur cette île et en marchant vers ce palais d'ocre qui se dessinait n'est pas chose aisée. De la crainte sans doute, ne sachant pas si on m'accepterait acceptée ou non sur l'île, s'il fallait avoir été invitée ou bien si chaque Nephilim pouvait débarquer à sa guise. Du doute certainement, me demandant si je m'adapterais à cet endroit, si je m'y sentirais assez bien pour vouloir y rester ou si au contraire, je ne risquais pas de vite m'en lasser. De l'excitation tout de même à l'idée de découvrir l'endroit, de rencontrer peut-être ceux que l'on présentait sur le continent comme nos souverains, Lilith et Samael. De la curiosité aussi, l'envie de côtoyer d'autres êtres qui comme moi avaient été éveillés depuis peu ou plus longtemps, l'envie de savoir comment ils s'étaient débrouillés ensuite. Si mon arrivée ne posa aucun problème et si l'endroit était fort plaisant, les jours se suivaient néanmoins et se ressemblaient rapidement. Ce que l'on gagnait en liberté d'action, on le perdait malheureusement en inertie. J'observais et j'écoutais, entendant parler de clans, de pouvoirs, de rébellion et autres. Ici comme ailleurs sur le continent, il existait aussi des intentions nébuleuses, des envies frustrées, des orgueils malmenés et des droits bafoués. La seule différence à mes yeux, c'était que tout cela se situait entre Nephilim et que les Humains étaient relégués au rang d'esclaves.
Les mois et les années couraient. Une nouvelle guerre éclatait sur le continent, beaucoup plus importante et invasive que tout ce que le monde avait connu jusque-là. Certains Nephilim partirent tandis que d'autres arrivèrent. Si j'avais pu craindre que l'île puisse être la cible d'une attaque, j'apprenais qu'elle était défendue à l'extérieur par un puissant sortilège qui la rendait in détectable aux Humains comme aux Elohim. J'apprenais aussi qu'elle était défendue de l'intérieur par une communauté constituée essentiellement de femmes et diriger par une dénommée Kyla. Si certains clans m'avaient attiré sans que j'ose jamais les approcher, j'étais véritablement intriguée par les Skjaldmeyjar et je décidais d'en savoir plus sur cet ordre, sur leurs fonctions, leurs raisons d'être. Je discutais avec quelques-unes d'entre elles pour en comprendre le fonctionnement, la hiérarchie, la politique aussi. Avant de prendre une décision qui pouvait s'avérer irréversible, je voulais savoir où j'allais mettre les pieds, à quoi je pouvais m'attendre et ce que je pouvais en retirer aussi. Mais il ne suffisait pas de le vouloir pour intégrer les Skjaldmeyjar. Il fallait aussi prouver qu'on avait les capacités et mériter d'y avoir sa place.
Sûre de moi et de mon choix, j'en ai fait la demande à Kyla. Elle m'écoutait et décidait de me tester dans un premier temps. Si mes aptitudes étaient réelles, mes lacunes étaient énormes et elle déclarait sans prendre de gants que si je voulais faire partie des Skjaldmeyjar, j'allais devoir m'entraîner durement avant de le pouvoir. À partir de cet instant et pour les douze années qui suivirent, pas un seul jour ne s'écoulait sans que je ne passe par la cour de la Tour Pourpre pour apprendre à manier des armes, à me battre à mains nues, à rester concentrée à tout instant. Kyla ne faisait aucun cadeau aux éventuelles recrues. Il n'y avait pas de traitement de faveur, pas de "ce n'est pas grave" ou de "cela ira mieux demain". Elle ne vous laissait aucun répit, vous poussait à bout de vos forces, vous brisait pour vous rendre plus forte, plus rapide, plus farouche aussi. Elle attendait de vous que quel que puisse être votre état physique ou mentale, vous continuez à vous battre comme si votre vie en dépendait, comme si la sienne devait en dépendre aussi. Et c'est seulement quand elle vous jugeait enfin apte à intégrer ses troupes que vous commenciez le véritable entraînement.
Si je croyais avoir souffert et mérité d'être acceptée, je réalisais assez vite (et croyez-moi, c'est une excellente chose) que pour Kyla, toutes ces années n'avaient été qu'un échauffement et que les choses sérieuses commençaient seulement. Il n'était pas question d'avoir de voleuse d'âme tant qu'elle ne le déciderait pas, pas question d'utiliser ses pouvoirs pour se sortir de situations si elle ne vous en donnait pas l'ordre. Elle vous apprenait à vous dépasser, à vous élever au-dessus du Nephilim une arme redoutable, mais aussi pour faire de votre esprit une véritable machine à penser, à anticiper. Elle n'hésitait pas à vous bousculer, à vous pousser jusque dans vos derniers retranchements, à se servir de vos peurs les plus enfouies et vous faire entrevoir la mort si cela pouvait vous servir pour vous endurcir. À ses yeux, vous deviez être capable de vous défendre et de vous battre sans orgone. C'est seulement à ce prix que l'entraînement se poursuivait avec des armes et vos pouvoirs. Là encore, aucun cadeau, aucune retenue non plus. Vous rendiez coup pour coup et quand vous n'en pouviez plus, que vous préfériez encore la mort à l'effort, vous aviez plutôt intérêt à faire taire vos états d'âme pour continuer à vous battre.
Mais la partie physique n'est qu'une face de son entraînement. Le rôle des Skjaldmeyjar ne s'arrêtait pas à la défense de l'île et de ses résidents. Vous appreniez toutes les techniques possibles et imaginables pour torturer, pour affaiblir le corps et l'esprit d'un humain, d'un Nephilim aussi. Vous appreniez à ne plus ressentir aucune pitié, à ne plus éprouver la plus petite once de compassion pour celui que vous deviez interroger, le but étant d'obtenir des informations, des révélations dont pouvaient dépendre la sécurité des Nephilim. Lorsque vous enfiliez votre tenue de Skjaldmey, vous abandonniez tout ce qui vous distinguait des autres Skjaldmeyjar. Vous n'étiez plus une individualité, mais le maillon d'un tout. Si vous faillissiez, ce n'était pas seulement vous que vous mettiez en danger, mais tout la chaîne. Treize ans, c'est le nombre d'années supplémentaires dont j'ai eu besoin pour être une Skjaldmey à part entière et obtenir ma voleuse d'âme. Je n'étais pas portée sur la torture, je n'en éprouvais aucun plaisir sadique mais j'étais capable du pire si j'en recevais l'ordre. J'avais choisi délibérément d'intégrer les Skjaldmeyjar et quoi que je puisse penser par moment sur les décisions qui étaient prises, sur la manière dont était faite certaines actions, je n'avais pas à juger ni à donner mon point de vue, mais à obéir aux ordres qui m'étaient donnés. J'avais un but et un seul, ne jamais être le maillon faible de la chaîne. J'avais un devoir et quoi qu'il m'en coûte, je l'exécutais ! Lorsque je n'étais pas en fonction seulement, je m'autorisais à moins de rigueur et d'inflexibilité. Mais une Skjaldmey le reste même dans l'intimité.
J'étais fière de moi, du chemin accomplit pour parvenir à mon but. Pas hautaine ni orgueilleuse au point de me sentir supérieure aux autres Nephilim comme certaines de mes compagnes d'armes. Je ne voyais aucun intérêt à rabaisser les uns ou à faire montre de force arbitrairement. Je tenais pour ligne de conduite à ne pas dévier de devoirs des Skjaldmeyjar, certes, mais cela ne me rendait pas invivable je crois. Lorsque je n'étais pas en fonction, j'aimais découvrir l'île de long en large et même en travers, pousser la porte de la vaste bibliothèque et me perdre parmi les nombreux ouvrages qui s'y trouvaient, apprendre encore et toujours, quel que soit le sujet. J'avais des préférences bien sûr. La littérature en était une, l'histoire une autre aussi. Je découvrais parmi les volumes des ouvrages traitant des Nephilim, de leurs origines et pouvait des heures durant m'y plonger pour savoir qui nous étions, ce que nous pouvions accomplir en bien comme en mal et surtout essayer de comprendre en quoi nous étions une menace pour les Elohim. Ce point en particulier me travaillait depuis l'Éveil. Si Eloha pouvait tenir rigueur aux premiers d'entre nous, je ne comprenais pas qu'il puisse étendre sa colère contre tous les Nephilim sans distinction. En quoi était-ce notre faute si certains Originels s'étaient accouplés avec des humaines et les avaient engrossé ? En quoi était-ce notre faute si nous avions été éveillés alors que nous aurions pu avoir une existence "normale" si nous ne l'avions pas été ? En quoi surtout était-ce un crime d'être ce que nous étions et de vivre loin de son royaume céleste ? Nous ne faisions de mal à personne et certainement pas à lui. J'aurais aimé trouvé des réponses dans les nombreux livres que j'ai consulté, mais encore à ce jour, je suis dans la perplexité.
Sur le continent, une autre guerre dont l'ampleur serait mondiale avait laissé l'Europe dans un état lamentable. Comme Rose l'avait prédit, les humains étaient capables de grandes choses, mais dans l'art de la guerre, ils étaient passés maîtres et ne semblaient pas pouvoir s'en lasser. Il était déroutant de penser que c'était là les enfants de Adam et de Eve, les fruits d'Eloha lui-même et qu'à travers les siècles, ils répétaient encore et toujours les mêmes erreurs, ne retenant dans les leçons qu´ils prenaient que ce qui pouvait leur permettre de sortir victorieux de la prochaine bataille, qui mettaient à profit les connaissances qu'ils acquéraient, les technologies qu'ils découvraient que dans le but d'augmenter leur pouvoir au détriment de leur confort. C'était de la surenchère et rien d'autre à mes yeux, un cercle vicieux dans lequel ils s'étaient enfermés et dont ils ne tentaient même pas de sortir.
Δ Pachad & Vegas :
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Une rumeur courait, selon laquelle les Elohim préparaient quelque chose. Harahel en était convaincu et ne cessait de mettre en garde, mais certains Nephilim restaient sourds à ses prédictions. Quelques-uns parmi les Originels étaient plus enclin à prendre la menace au sérieux, de même qu´une poignée de Nephilim. J´étais de ces derniers. Quant la prédiction funeste se réalisait, les Elohim se servant d´un artefact pour vider tous les nôtres de leur orgone, j´avais déjà été précipitée avec d´autres dans l´un des royaumes de la Kabbale. Pour survivre à Pachad, j'employais une méthode qui avait maintes fois fait ses preuves : le profil bas. J'étais une jeune Skjaldmey en pratique. Mon visage n'était pas très connu des autres Nephilim et sans doute encore moins des Originels, ce qui me permettait de me fondre dans le paysage sans trop de soucis. J'utilisais mes pouvoirs quand c'était vraiment nécessaire, économisant l'orgone ainsi. Le voyage était éprouvant physiquement et mentalement. Ne pas savoir ce qu'il était advenu sur terre et de ceux qui y étaient restés, songer que j'étais sans doute le maillon faible que je redoutais, étaient éprouvant pour les nerfs.
Malgré tout, je pouvais m'estimer heureuse d'être en vie après la chute, de la présence des humains aussi, me permettant de récolter de l'orgone en cas de besoin, de la présence des Originels qui, à mes yeux représentaient l'autorité, qui instauraient des règles claires que chacun se devait de suivre pour le bien de tous. Je pouvais remercier Kyla aussi pour ses entraînements. Si j'avais été plus jeune ou moins bien formée, j'aurais été encline à me servir plus facilement de mes pouvoirs et gaspiller de l'orgone inutilement. J´étais passée inaperçue sans difficultés, mais quand quatre Originels décidaient de retourner sur terre et rassemblaient les Skjaldmeyjar présentes en Pachad, je me manifestais. J´avais mes défauts, mais la lâcheté ne se comptait pas parmi eux.
Le retour sur terre n´était pas ce que j´avais espéré, mais il avait au moins le mérite de ne pas me donner le temps de m´apitoyer. Bien avant de pouvoir poser ses valises et se reposer, les batailles s´enchaînaient dans le Nevada pour s´assurer que la ville de Las Vegas ne tombe pas sous l´influence des Elohim. Beaucoup étaient tombés durant ceux-ci. Beaucoup encore avaient souffert dans leurs chairs et leurs âmes pour que les Originels puissent activer l´artefact permettant de placer la ville sous un dôme protecteur. La victoire n´était pas moins amère, mais les pertes et sacrifices étaient plus faciles à digérer grâce à celle-ci. Neutre de nature, je retournais dans l´ombre si tôt les derniers Nephilim restés en Pachad jusque-là ayant gagner Vegas. Je n´intervenais que si j´entendais l´appel d´un Originel et restais discrète quand à ma véritable nature, ne souhaitant pas éveiller la curiosité et les soupçons des humains. J´étais tentée de chercher Rose, de m´assurer qu´elle avait survécu, mais instinctivement, je savais que ce n´était pas le cas. Autrefois, je pouvais ressortir les auras des autres Nephilim. Ce n´était plus le cas à présent, moins nombreuses que par le passé.
Je me faisais lentement au changement qui s´était produit pendant mon long séjour sur l´île puis en Pachad. Les villes, les gens, le monde lui-même avaient changé et je me sentais souvent en décalage complet avec cette nouvelle réalité. Tout était différent : le vocabulaire, les vêtements, les moyens de transports, les bâtiments, et j´en passe. Passé le premier choc culturel, j´apprenais à comprendre ce nouvel environnement, à saisir toutes ses subtilités. J´étais têtue, ce qui aidait grandement quand j´étais confrontée à un obstacle de taille tel que la technologie. Je n´en étais pas friande. Je l´étais encore moins quand elle permettait de diffuser l´information de notre existence aux humains rapidement. Les réactions étaient prévisibles par contre. La nature humaine est ainsi faite que, soit elle accepte, soit elle rejette une chose qu´elle ne reconnaît pas. N´aimant pas l´idée d´être montrée du doigt ni de me cacher pour ma survie, j´acceptais comme bon nombre de Nephilim de prêter serment à Sariel pour obtenir son pouvoir et me permettre de vivre parmi la population sans avoir à regarder par-dessus mon épaule en permanence.
Δ Et ensuite ? :
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Ensuite, je prenais le chemin de Paris, capable de me déplacer partout sur la surface de la terre sans craindre d´être traquée par les Elohim puisque mon aura était dissimulée. Je n´avais pas pensé prendre part à la guerre qui y ferait rage, mais puisque j´étais là-bas, que Rose n´y était plus - plus que probablement morte - j´avais autant de raisons que n´importe quel Nephilim de vouloir damer le pion aux Anges. La frappe était inattendue et violente, assez en tout cas pour ébranler les fondations et donner du pain sur la planche aux Elohim pour quelques temps. Je ne restais pas pour les observer, préférant rentrer à Vegas et réfléchir à ce que j´allais faire ensuite. Je n´ai jamais aimé me précipiter, surtout quand les décisions sont importantes.
Δ POUVOIRS ET VOLEUSE D’ÂME Δ
Δ POUVOIR DE NAISSANCE : Pouvoirs innés : Force, Rapidité, Endurance, Résistance aux éléments, Immortalité, Régénération.
Lueurs dansantes : Entoure un objet ou un être vivant de petites flammes, violettes, jaunes, vertes ou bleues au choix du lanceur. Les flammes sont des illusions donc indolores et elles éclairent comme une torche basique, pratique pour garder à l'œil des cibles dans un lieu peu éclairé.
Δ POUVOIR DE CLAN : Une Skjaldmeyjar ne prête allégeance à aucun clan, mais protège tous les Nephilim. Je tiens toutefois de Sariel la dissimulation de mon aura suite au pacte passé entre les Originels.
Δ NOM DE VOTRE VOLEUSE D’ÂME : Eireann se cache sous la forme de son bracelet de cheville en argent. Sous sa véritable forme, elle représente un chakram avec une poignée en son centre. La lame est affutée, capable d'être projetée rapidement. Plus la distance est grande, plus sa vitesse de rotation augmente, plus elle devient tranchante. Eibhlín la maîtrise parfaitement et a apprit à se servir de ce qui l'entourait pour atteindre ses cibles, pouvant utiliser un arbre, un mur ou tout autre objet pour contrôler la direction de sa voleuse. Comme un boomerang, Eireann revient toujours dans sa main.
Δ POUVOIR DE VOTRE VOLEUSE D’ÂME : Téléportation : Comme son nom l'indique, elle est capable de se téléporter instantanément d'un endroit à un autre pour peu qu'elle y ait déjà mais les pieds ou qu'elle puisse le situer.
Δ AMIS ∞ ENNEMIS Δ
Δ LIENS AVEC D'AUTRES PERSONNAGES : (Écrire les liens que vous avez avec d'autres personnages joués sur le forum)