C'est vous les petits génies

Presque trois cent bonds sans trouver la moindre trace d’une planète et voilà qu’alors qu’on désespérait, on tombait dessus. Une planète bleu, principalement couverte d’eau. Elle allait nous être utile, fallait-il encore envoyer des unités, mais lesquelles ? Il était venu l’heure pour tout le monde de se réunir et d’échafauder un plan. La planète était entourée de plusieurs débris de métaux lourds, qui dansaient autour d’elle comme une centrifugeuse. D’accord, l’image est simplette, mais représente bien le problème. Nos vaisseaux sont vieux et précieux. Utiliser nos ressources inutilement serait une erreur. Il ne fallait pas perdre plus au change qu’on allait y gagner.

J’étais dans une des salles de commandement du San Djinn Bar. Je ne suis qu’une simple chargée de communication. Je ne pilote pas de vaisseau, surtout pas mon vaisseau. Ce serait bien trop dangereux de me laisser un tel monstre entre les mains. Imaginez les dégâts que je serais capable de faire. Eux l'ont fait et je ne dirige aucun vaisseau... Lidrya par contre. *serre les dents* Enfin voilà, on ne couche pas avec les mêmes personnes.

Il faut savoir, que je ne suis pas vraiment appréciée. C’est bien pire aujourd’hui que ça ne l’était à l’époque de Vegas. Le temps a fait que j’ai pratiquement trahis au moins une fois toutes les personnes présentes sur la flotte… ou presque. Je n’y peux rien, je suis ainsi. Ce n’est pas méchant, certain diront le contraire. C’est juste que c’est plus fort que moi. Ma personne avant tout. Cela froisse la susceptibilité de certains. D'autres au contraire, arrivent à vivre avec. Ce sont souvent ceux qui sont pire que moi, soit dit en passant.

En ce qui me concerne, j'ai une petite vie de rêve. Non mais allo ! Je suis dans une boite de conserve au milieu de l'espace. Ma vie craint un max. De plus, je ne sais pas où est Spike, ça me stresse encore plus que d’habitude et Emery qui ne veut rien me dire… Heureusement Madlock et Djinn sont là pour me canaliser et m’occuper l’esprit.

Tout le monde est là, ou presque, les autres sont occupés, alors on va commencer.

J’exposais ce qu’on savait déjà à l'équipe de petits génies, donc très peu de chose au final. Que la planète était couverte d’eau, mais inaccessible par les voies traditionnelles de nos véhicules.

Quant à la téléportation, c’est à envisager, mais juste le temps d’une expédition, cela ne réglera pas le problème de récupération des ressources.

Ce n’était pas la peine de me regarder, je ne serais pas la première à me jeter dans la gueule du loup.

Vous êtes tous des petits génies, à vous de trouver comment nous faire entrer là-dedans et ressortir, sans qu’une partie de nos membres se baladent dans l’espace. Je grimace. J’ai déjà expérimenté, ça pique, alors on oublie.

Les photos défilaient encore une à une et je me rasseyais, laissant place aux autres.

L’épaule appuyée contre une paroi , Billy regarde les dos de ses petits camarades, en restant silencieuse, du genre à se faire discrète, pas trop de bruit, incognito. Qu’Archess soit la chargée de la com’ ne la dérange pas, peu de chose ennuie Billy à vrai dire, et elle pourrait même jouer la faux-cul que cela ne choquerait pas.
On fait avec ce que l’on a à cette époque, que cette fille l’ait mise à l’envers à la majorité présente et bien…c’est du bien joué. Sérieusement quand on se fait avoir et en beauté, il faut l’accepter, parce qu’il est important de reconnaître du grand Art quand on y fait face donc la rousse n’y voit pas d’inconvénient, elle est toujours en vie, détestait par un grand monde bien entendu, mais les gens s’en accommodent. On fait avec ce qu’on a dans l’espace...

Tout ce qui l’intéresse c’est la potentiel nouvelle mission, elle s’ennuie, elle déteste ça. Elle n’est pas non plus hyperactive, mais elle en frôle les frontières.

--Tu as une idée ? –Murray adossé comme sa coéquipière, bras croisés, parle doucement.

L’air détaché de Billy, son air impassible, il la connait. Elle réfléchit tout en n’en donnant pas l’air. Si on l’écoutait, elle aurait été du genre à se lancer sur cette centrifugeuse de métaux lourd gravitant autour de la planète, mais elle ne veut pas faire son kamikaze non plus, elle tient au Spider comme à la prunelle de ses yeux. Le souci c’est qu’il y a aussi cette petite pointe de folie qui lui dit qu’elle pourrait. Excès de confiance en vérité qui lui ferait détruire des lunes entières…

--En utilisant un des rayons tracteurs on pourrait extraire les plus gros métaux de la centrifugeuse, nous créant un passage à un certain niveau, cela permettrait aux meilleurs rapaces de passer, donc pas toi Elliot. –Sourit Billy en regardant un autre pilote.- De charger des ressources et de revenir…quoi ?

Tout le monde s’est tourné vers cette voix, réalisant soudainement la présence de Billy, les esprits réalisant qu’ils avaient omis cette présence là, tout en étant pourtant sûr d’avoir balayer la salle du regard. La jeune femme sourit de sa manière habituelle, entre désinvolture et désintérêt, agrémentée par une œillade naturellement séductrice. Les esprits ayant réalisés sa présence, retournent à l’observation des photographies.

--Et on en fait quoi des morceaux grosse maligne ?
--J'ai une vague idée…

Marmonne-t-elle en relevant les yeux au ciel en souriant. Elle lance une idée, pas la solution, mais c’est peut-être qu’il faudrait qu’elle se taise pour éviter de trop ennuyer les grands esprits qui réfléchissent trop !
Tout ça l’ennui, le brainstorming n’est pas dans ses gênes, elle aime passer à l’action, être dans le vif du sujet, mais il faut parfois en passer par là. Quoi qu’il en soit elle a lancé une idée, une fois sortie de l’orbite de la planète ou quoi, ils pourraient passer.

Elle aurait bien proposé de les pousser vers la planète pour qu’il se fasse happer par la gravité, mais selon la taille des machins, cela pourrait faire des dégâts désagréables sur les potentiels ressources dont ils ont besoin….

Vous prenez une balle de tennis et vous faites tournoyer autour des milliers de cailloux. La solution de la rousse est de se prendre pour un cowboy et de lacer comme un vulgaire taureau tous les débris qui tournoient autour de la planète. Je ne sais pas du tout comment elle veut s’y prendre, mais elle a peut-être un pouvoir caché que je ne connais pas. Après tout, les Skjaldmeyjar ont répertoriées les pouvoirs de chaque Nephilim et les capacités de chaque humain. Il est possible qu’elle ait menti. Revenons à nos débris qui tournoient par milliers et même si leur vitesse ne fait pas peur à la jeune Nephilim, ils ont un rôle spécifique pour cette planète. Si on utilise sa méthode, il est probable qu’on la déstabilise et qu’on ne puisse plus jamais utiliser ses ressources.

Je n’aime vraiment pas les personnes qui se la jouent mystérieuse - de toute façon, je n’aime personne - et qui en plus rabaisse devant la hiérarchie ses camarades. Même moi je ne me le permet pas. J’attends que la personne soit sortie. Au final, je me méfie de la gamine, j’ai le sentiment qu’elle est encore plus garce que moi et son abus de confiance pourrait bien provoquer notre perte à tous. L’éliminer de l’équation est une solution. Ça nous ferait perdre un petit transporteur, dont elle se considère la cheffe de toute façon. L’individualisme n’a pas sa place sur ce vaisseau. Elle appartient à la flotte, comme tout ce qu’elle possède. Mon regard se plonge dans le sien.

Tant mieux si tu as des idées, vu que tu ne veux pas les partager, ça ne nous sert à rien.

Des paroles, des paroles. Voilà tout ce qu’elle fait. Mon attention n’est déjà plus pour elle. Je regarde le groupe face à moi. Une main se lève. Oh non, pas lui !

Bordel, fait chier, je n’aime pas attirer l’attention. Je suis plutôt le genre de gars qui aime rester dans son coin. Moins on pense à moi et plus j’ai la paix. Oh, je sais ce que pense Archess de moi. Je ne suis qu’un simple mécanicien, incapable de faire autre chose que de réparer des vaisseaux, mais ça me va. Je ne préfère pas attirer son attention. La miss n’est pas connu pour sa douceur. C’est de pire en pire, surtout depuis que Spike n’est trouvable nul part sur la flotte. Emery est en danger, je ne sais pas combien de temps elle va patienter face à ses secrets.

Tout le monde connaît Archess et on ne peut pas dire que Billy l’a joué fine. Elle déteste perdre son temps et ce qui devait arriver, arriva. C’est difficile d’ouvrir la bouche devant la Nephilim. Elle est protégée par Djinn, une chance pour elle. Mais du coup, beaucoup de monde a peur d’intervenir. À côté de Billy, au fond de la salle, j’ose quand même lever la main et elle fait mine de ne rien voir, sauf que comme personne ne se désigne, elle n’a pas vraiment le choix. Elle pousse un soupir.

Qu’est-ce que tu veux Harper ?

Le ton de sa voix est agacé. C’est vrai que je suis plus connu pour sortir des conneries qu’autre chose. En même temps, tout le monde est si tendu.

J’ai une invention qui pourrait aider, mais elle n’est pas encore très au point.

L’oeil vif d’Archess se fait perçant.

On sait ce que ça donne chez toi le “pas encore très au point”.

Je grimace.

Hum… Ouai… Il y a peut-être eu un petit problème technique la dernière fois.

Elle se met à rire. Ironiquement, j’en ai bien peur.

Tu as failli faire exploser le San Djinn Barr, Harper.

Bon, je ne suis pas tout à fait d’accord, je fais objection.

Tout de suite dans le reproche. Tu l’as dit toi même, j’ai failli. Quoi ? Tout le monde va bien non ?

Archess n’en peut plus, je crois qu’elle est excédée. C’est souvent l’effet que je lui fais. Je suis sûr qu’elle est dingue de moi.

On ajourne. Retour avec de vraies propositions d’ici une heure.

Mouai, comme je m’en doutais, ce n’est pas aujourd’hui que le TARDIS va pouvoir montrer ses capacités.

Bien tenté Billy. Passe une bonne journée.

Un sourire, une tape sur l’épaule, elle a sans doute mieux à faire que de parler avec un mécano. En tout cas, j’ai une liste de tâche longue comme le bras à faire, je ne serai pas de retour dans une heure.

Billy se contente de hausser un sourcil, puis les épaules, se faisant de nouveau oublier. Elle a voulu participer, elle l’a fait, pas concluant, tant pis. Si Billy était un génie, ça se saurait, ou une adepte du rond de jambe ou de se fondre dans la masse pour faire plaisir à tout le monde…mais la demoiselle reste qui elle est.

Elle préfère se concentrer sur le mignon petit Harper qui se fait superbement ignorer, la demoiselle rousse sourit en coin et le regarde. Pourquoi son amie de kabbale ne l’aime pas ? Elle se le demande parfois, il n’a rien pour déplaire pourtant. Parfois, mieux vaut ne pas chercher…

Il tente au final de proposer une idée, et Billy se redresse un peu, pour autant, Archess n’est pas très chaude à l’idée et lui rappelle que les choses ne se passent pas forcément bien quand il intervient. Il a failli faire exploser le vaisseau, mais il ne l’a pas fait ! C’est un point important qu’aimerait souligner la pilote, mais elle se la ferme, ça vaut mieux.

Archess finit par ajournée, Billy ne reviendra pas, mais elle reste un instant à réfléchir, se mordillant la lèvre, elle laisse même un peu filer Harper avant de se décider. Filant à travers les pilotes, Billy appelle Harper une fois, une deuxième et parvient enfin à sa hauteur.

--Hey Harper ! –Elle passe son bras sous le sien. –T’as quoi à faire là de suite ? Je t’accompagne ?-Une idée derrière la tête ou l’envie de passer du temps avec le blond, elle sourit. –Je t’aide même s’il faut ! –Parce qu’elle a une heure à tuer, mais elle n’est pas obligée de revenir, de toutes façons…-C’était quoi ton idée ?

Souffle-t-elle curieuse, elle a bien envie de savoir, elle, son idée. Et selon ce que c’est, peut-être qu’ils pourraient envisager de le tenter ? Ou de représenter l’idée après en avoir discuté ? Elle n’en sait rien, mais parfois dans la vie, il n’y a rien de mieux que l’improvisation !

Non il n’est pas question pour Billy de fourrer son nez dans quoi que ce soit pour sa propre utilité, il lui arrive encore parfois de réfléchir ou d’agir, sans aucune mauvaise intention dans le fond. Donc, c’est par envie qu’elle s’est rapprochée de Harper, Murray suit derrière eux, l’air un peu ailleurs, mais il donne la plupart du temps cette impression.

--Donc t’es du genre inventeur explosif ? Ce sont les plus drôles et les plus inventifs ! Je devrais arrêter de particper et attendre les idées des autres, j’ai du génie que pour piloter mais c’est pas un secret.

Plaisante-t-elle sans se soucier plus que ça des choses, en vérité, Billy n’est bien douée qu’aux commandes de son vaisseau, elle aura essayé ! Et la voilà donc à tenir le bras de Harper et à traverser les couloirs.

Je suis déjà loin dans mes pensées quand j’entends qu’on prononce mon nom et que je sens un bras s’accrocher au mien. Un petit sourire aux lèvres, je pose mon regard sur cette main fine aux doigts blancs, avant de remonter la manche d’un uniforme de pilote et de rencontrer la chevelure rousse de Billy. Je ne sais pas ce qu’elle me veut. Je n’ai pas été gentil avec la Nephilim parce que c’était elle, je suis ainsi avec tout le monde. Je n’attendais rien de sa part. Les immortels ne font rien par hasard. La spontanéité n’a plus vraiment sa place dans notre monde. L’erreur est devenue inenvisageable. Parfois, on me regarde comme si je n'étais qu'un inconscient. Ils n'ont peut-être pas tort. Seulement, malgré tout ce que j'essaye de faire, je ne suis pas tout à fait comme eux.

Je dois aller faire des réparations. On m’attend sur le pont B. Pourquoi ? Tu vas faire quoi toi ?

Un rire s’échappe de mes lèvres lorsqu’elle propose de m’aider. Mais bien sûr ! Il n’y en a pas beaucoup que je laisse m’accompagner. Hope est l’un d’eux, mais parce que nous n’avons pas du tout les mêmes compétences, ni le même travail ou les mêmes tâches. Disons qu'on se complète. Et puis je l'aime bien. Il n'est pas aussi bizarre que certains dans ses réactions. Bien sûr, ce n'est que mon opinion, car Hope attire les ennuis comme Severide attire les femmes. Chacun sa croix, plaisanterait le capitaine. Tout cela pour dire, que nous sommes différents Hope et moi, les novices pourraient confondre nos responsabilités, mais je ne suis pas aveugle. Je semble bien incapable de savoir faire aussi facilement ce que le "jeune" Nephilim réalise avec facilité.

C’est ça. Tu veux coucher avec moi ? Avoues !

Je lui sors mon petit regard séducteur, resserrant l’étreinte de son bras autour du mien histoire qu’elle n’imagine même pas pouvoir prendre ses distances. Je suis devenu aussi Nephilim que l'on peut l'être.

En deux deux dans un coin ça peut se faire.

J’évoque cela comme si c’était son idée. Je ne sais pas, sur un malentendu, ça pourrait peut-être marcher.

Il paraît, même si je ne suis pas certain que dans leur bouche ce soit une bonne chose. J’aime ce qui est explosif. Je n’y peux rien. Et toi ? tu m’as pas l’air du genre à savoir tenir en place, je me trompe ?

En place, à ta place, je ne vais pas commencer par la vexer. En tous les cas, elle semble avoir de l’énergie à revendre et ce n’est pas le genre de chose dont je me plains. Sauf peut-être pour Archess. Ce n’est jamais bon quand elle est de trop bonne humeur avec moi. Ça cache une vacherie quelque part.

Billy hausse les épaules, ce qu’elle doit faire ? Se rendre utile en attendant qu’on l’envoie dans le vide intersidéral, aider à charger ou décharger des trucs, se rendre utile pour passer le temps, des choses comme ça. La vie est ennuyeuse dans l’espace, on bosse ou on dort, parfois on dort pas pour bosser plus, avec toujours la sensation que demain, ça sera le end final.

Elle se propose à l’aider pour présenter son idée, mais ça le fait rire. Pourquoi rit-il ? Elle sourit en coin de son air habituel, en le fixant un peu, mais il part dans un délire qu’Arathea désapprouve en silence certainement. Haussant un sourcil, elle trouve pas mal comme culot qu’il fasse passer sa bêtise pour sienne et elle se marre, non qu’elle veuille pas répliquer, mais elle garde son petit air à elle, la suite de ces propos.

--Disons que j’ai pas vraiment l’habitude de rester très sage. –Personne ne se souvient forcément qu’elle est, solitaire, la demoiselle n’aimerait pourtant pas une vie plein de copain et compagnie, non…-Et que j’ai pas de compétence à la fermer, ça me sauverait les miches des fois.

Billy survit dans l’espace, elle aurait pas eu plus de liberté dans un monde normal, mais là, elle fait ce qu’elle peut et ce qu’elle peut ne suffit pas toujours, en même temps, elle ne cherche à impressionner personne, non pas que cette envie soit manquante, mais n’existant jamais longrmps pour personne, elle ne s’embête pas plus.

--Au fait…

Au contour d’un couloir, Billy plaque gentiment Harper contre le mur et presse son corps contre lui, venant prendre à ses lèvres un baiser, plutôt indécent, elle reprends ses distances et prends un air tout à fait satisfait.

--Oui là, ça me donne envie de coucher avec toi, en deux deux, dans un coin. Merci de m’avoir donné l’idée. –Un clin d’œil, jusqu’à présent, cela ne lui avait pas plus effleuré que cela. –Alors, tu vas sur ton pont ? On essaye de trouver une idée pour Archess ou t’as un petit coin en deux deux ?

Honneur à l’homme de choisir, il faut savoir tout prendre dans l’espace, une bonne idée comme une bonne partie de jambe en l’air, ça détends ! Et c’est beaucoup plus drôle que de mater un film selon elle, parce qu’elle les a déjà tous vu, un peu comme les séries tv. Tant pis si Arathea n’est pas aux anges, elle boudera dans les ombres un peu, mais elle n’en voudrait pas plus que cela à Billy !

Après tout, leur amitié sait se défaire de ce genre de petit chagrin tout à fait insignifiant après des siècles de complicité.

Tu n’as pas l’habitude de rester sage et tu sembles aussi adorer ça.

Je la regarde, ce petit sourire en coin. Ce n’est pas un trait de caractère qu’elle semble désireuse de changer. Elle sait que c’est une chieuse, mais elle s’en fiche bien. Elle ne semble pas réellement vouloir faire partie de la flotte. Elle est connu pour être solitaire. Ce n’est pas un crime, mais dans une communauté où le soutien de chacun est important, elle n’est pas vu d’un très bon oeil. Je suis différent d’elle sur ce point. J’aime me mélanger, m’amuser, participer. Le problème est juste dans ma façon de faire, trop dragueur, trop expansif.

Je lui fais ma petite proposition. On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher. Elle ne répond pas immédiatement et je me dis que ça ne l’intéresse pas. Sauf qu’au détour d’un couloir, elle me plaque pour m’embrasser et pas comme une soeur le ferait. Elle s’éloigne et j’ai ce sourire débile sur les lèvres. Je ne m’y attendais pas. Bien sûr que j’ai évoqué l’idée, mais vous savez à combien de filles je propose ce genre d’intermède ? Trop, beaucoup trop et jusque là, aucune n’avait réagi comme Billy. Je ne la laisse pas s’échapper, et ma main saisit son poignet pour l’attirer à nouveau vers mes lèvres.

Je ne vois pas de qui tu parles.

Et je l’embrasse à nouveau, cette fois je ne suis pas surpris par ses lèvres et je sais très bien comment lui rendre le change. Il n’y a pas besoin d’aller loin pour lui rendre hommage. Je saisie chacune de ses fesses et la soulève. Ses jambes sont de chaque côté de mes hanches et d’un coup de dos, j’ouvre la première porte qui se présente. C’est petit et étriqué comme tous les locaux techniques. Je la repose, dos à cette porte et tout en l’embrassant, mes doigts viennent ouvrir sa ceinture et descendre son pantalon. Je me trouve rapidement en elle et quand une voix familière à tous les deux se fait entendre dans le couloir, je ne m’arrête pas. Bien au contraire. Je pose un doigt sur les lèvres de Billy. Archess est derrière la porte en train de parler avec je ne sais quel haut gradé et je fais tout pour faire crier la rousse. On risque encore de se faire jeter si on se fait prendre, mais le risque m’amuse et m’excite encore plus. Je ne peux m’empêcher de sourire.

Elle le regarde de son petit sourire en coin, Billy ne se mélange pas aux autres, esprit d’indépendance, elle n’est pas parfaite, mais elle n’aime pas être déçue par les gens, mauvaises expériences et histoire solitaire, voilà ce qui la composent. Cela ne la dérange pas d’entrée en interaction avec certain, parfois, Murray est le seul qui la cotoie depuis assez longtemps pour la connaître par cœur. Ce n’est pas une créature blessée, c’est une femme qui a fait ses choix, elle ment et aime mentir, c’est dans sa nature, de ce fait, ce n’est pas forcément appréciée, tant pis !
On l’oublie facilement de toutes façons et cela sera toujours ainsi. Billy n’est pourtant pas entièrement en négatif dans son personnage, elle peut revenir en arrière sauver quelqu’un ou refuser de faire un truc au détriment de quelqu’un.

Elle tout ce qu’elle pense,c’est qu’’elle n’a pas besoin de jouer les calimeros et de raconter son histoire, pas besoin qu’on l’aime ou pas, pas besoin de faire la lèche, soit on l’accepte comme elle est, pas évidente pour tous, mais pas si mauvaise, soit…et bien on laisse. Peu importe ! ça ne fait que la desservir. Mais soit.

Plaquant le démon contre un mur pour l’embrasser, il ne l’a clairement pas invité ? Ou bien il ne faisait que provoquer sans suite ? Elle verrait bien ! L’espace est un endroit bien trop lugubre pour ne pas vivre un moment agréable, prendre sans chichi et apprécier. Voilà la chose dite et tant pis s l’araignée boude, elle ne le fera pas longtemps.

Le couple improvisée se dérobe rapidement à la vue des caméras, compagnons de flotte ou supérieur qui aviseraient de s’approcher, la jeune femme accompagne les gestes de l’Insoumis,, y répondant sans gloussement de timide, ou avidité d’épicurienne, simplement avec l’envie et l’idée qu’un excellent arrive.
Un petit coin étriqué reçoit les deux protagonistes, elle n’a pas besoin de le déshabiller, et il paraissent sur la même longueur d’onde à ce sujet, de toutes façons, c’est pas dans ce minuscule locale qui rejoueront les scènes les plus torrides mais ils en joueront au moins une.

Une qui aura pour fond sonore la douce voix d’Archess en train de discuter, Billy s’en moque éperdument. Ils ne font que réfléchir d’une certaine façon. Foutage de gueule ou pas, la situation excite son esprit et son corps, elle ne s’arrête, au contraire et recherche Harper dans ses gestes, étouffant ses soupirs qui pourraient attirer du monde.

Le couloir était pourtant désert, mais ce genre de chose ne reste pas trop longtemps. Dans le petit local la température monte et elle aime l’idée de se faire surprendre, rajoutant une forme d’empressement et d’excitation. Sourire et plaisir sont plus qu’à l’heure à ce moment.

Heureusement que la porte n’est pas une de celle en bois, qui bouge dès qu’on cogne dessus, les portes des vaisseaux ont au moins cet avantage de ne pas gigoter, elles aident à leur confidence, si on omet les soupirs étouffés et les souffles qui chahutent. Le sourcil du supérieur qui parle avec Archess se tourne vers la porte d’ailleurs, ils ne sont pas si près mais la qualité de son ouïe ne lui permet pas d’ignorer.

Il pourrait être sympa et faire dans l’ignorance, cela éviterait un moment gênant pour tout le monde. Mais qui ça gênerait vraiment ? Pas Billy qui ne pourrait s’en souvenir que d’un bon moment, et ils sont bien rares dans ce monde en survie pour les laisser tomber.
Toujours à leurs besognes,le couple ne se doute pas qu’un gradé a envie d’aller ouvrir cette porte, pour rappeler qu’il y a des horaires pour ce genre de chose. Autre que ceux du service d’ailleurs,et puisqu’aucune orgone n’accompagne les soupirs, ce n’est pas un besoin impérieux de recharger ses batteries.

A l’approche proche d’un point culminant, Billy resserre son emprise sur Harper, alors que la porte s’ouvre en grand !

Il ose me le dire en face.

Vous avez été dure.

Je me renfrogne. Djinn l’apprécie et écoute ses conseils avisés. Je ne veux pas me le mettre à dos, même s’il ne serait pas étonnant qu’il ne m’apprécie pas. Je ne suis pas tendre, je suis même méchante. Le temps n’a rien changé à cela. Il n’a fait que me rendre plus amer. Beaucoup de choses se sont passées depuis Vegas. Les Nephilim vivent longtemps, peut-être trop longtemps. Il m’arrive d’envier les humains, ce qui me dégoûte. Spike m’a aidé à m’accepter. Il a été le premier à s'intéresser à moi et découvrir d’Harahel qu’en fait, il était mon père… J’aurai préféré ne jamais le savoir. Il n’avait pas cette place dans mon esprit et cela aurait été très bien si ça avait continué ainsi. Madlock faisait un bien meilleur père de substitution.

Si je ne le suis pas, qui le sera ?

Djinn ? Lidrya ? Non, surtout pas Lidrya. Elle ne peut pas se le permettre. Elle a déjà assez d’ennemis comme ça et même si je peste sur le fait qu’une humaine gère une flotte Nephilim, je ne vois pas qui d’autre pourrait le faire aussi bien. Bien sûr, je n’irai pas le lui dire. Il ne faudrait pas qu’elle se repose sur ses lauriers.

Trop sont morts pour que je les laisse prendre confiance en eux et baisser leur garde.

J’ai compris depuis longtemps que je n’étais pas capable d’être amie avec eux, alors si je devais prendre la place d’ennemie, ce serait toujours ça de pris. Je vois bien que quelque chose l'interpelle. J’ai pris l’habitude de ne plus tendre l’oreille. Entendre ce que les gens pensent de moi n’a rien de marrant. Lui par contre, est un combattant, c’est une seconde nature. Il a réalisé depuis longtemps ce qu’il se passe et si je n’avais pas remarqué ce changement sur son visage, je n’y aurai pas fait attention. Je finis par ouvrir la porte et je me retrouve avec Harper et Billy à nos pieds.