Petites discussions entre amis - Four Seasons

Raven avait quitté les royaumes de Kabbale. Cela devait l’avoir mise dans une humeur encore plus massacrante. En tout cas, elle avait reçu une invitation de Djinn pour lui poser quelques questions et lui faire quelques propositions au sujet d’avancées technologiques, même si ce n’était pas son truc. Avait-elle accepté ? Aucune idée. Quoi qu’il en soit, après une soirée bien chargée, elle dormait dans sa chambre.

Le Drayoir se leva d’un bond du canapé quand il sentit une très puissante aura approcher. Même s’il ne faisait plus partie du clan, l’aura de leur ancien Seirim était reconnaissable parmi toutes les autres. Harahel frappa trois petits coups secs sur la porte. Le Drayoir invita l’Originel à entrer. Il regarda le groupe presque au complet. Le Lynx, le Barge, le Drayoir, Severide, Princesse étaient présents. Sa fille se jeta à son cou et l’embrassa sur la joue, sa gaité irradiait la pièce autant que l’aura de son père.

— J’aimerais parler à Raven.

Princesse sourit et offrit un second baiser à son père. Elle courut dans le couloir et sauta dans les bras de sa mère.

— Papa parle à Raven, on va faire du shopping ! dit-elle à sa mère.

Comprendre : depuis le temps qu’il doit lui parler, on dégage, on les laisse tranquilles. Dans la suite, les autres Nephilim se regardèrent.

— La demoiselle a dit que vous alliez faire du shopping ! répéta Harahel à ceux qui n’auraient pas compris le message subliminal.

(J’allais écrire que tout le monde dégageait, mais maintenant que ce sont enfin des PVs, je vous laisse répondre , c’est encore plus cool que ce soit des PVs ! )

Tous le corps se tendit alors que l'aura approchait. Furieuse, je l'étais avant même que la porte s'ouvre. J'avais déjà massacré les accoudoirs du fauteuil alors que le Drayoir ouvrait à mon père, notre Seirim. Parce que quoi qu'on en dise, on le considérera toujours comme ça. Rien à foutre d'être sur le papier ou non notifié comme un Insoumis. Néanmoins, je souris en voyant Princesse heureuse et je fis un signe de la main à Lil'. A priori, le Vieux voulait me parler. J'avais encore fait comme conneries ? Rien de pire que d'habitude non ?

Alors non, je ne lui sautais pas dans les bras. Non, je ne disais pas au gars de se barrer. Ils faisaient ce qu'ils voulaient. Moi, je retournais aux deux écrans devant moi et sur l'un d'eux c'était Harry Potter, et sur l'autre, c'était Charles Xavier et ses mutants. C'était nul à chier comme films. Un pseudo vilain dont il ne faut pas prononcer le nom et de l'autre des gamins qui ne savent pas quoi faire de leurs pouvoirs parce que les humains veulent les buter. A part le Charles jeune, ou bien l'autre avec sa griffe, ou encore le magneto jeune, mouais, je regardais plus sur la droite que sur la gauche.

Alors c'est ça Zakaï. Un ramassis de pisseur dont on bourre le choux de navet en leur disant : Toi Super Mutant, toi Super Dieu, toi sauver nos vies. Ouaouhhh puissant.

Je pose mes pieds sur la table basse en me remettant dans le fond du fauteuil. C'est le vieux qui veut me voir, bah qu'il se bouge. Moi, je me suis bougée à le chercher comme une conne ! Qu'il aille se faire foutre.

Le Lynx somnole en regardant les écrans, un peu plus en arrière de Raven, souriant bêtement dans un demi-sommeil, non pas qu’il s’emmerde, mais les histoires sur l’écran ne l’intéressent pas, entre une histoire d’ado sur l’importance de l’Amour et de l’Amitié, valeurs qu’il ne connaissait que trop bien, et l’autre, il préfère les comics, voir les héros sur l’écran ça le fait chier. Le menton soutenu par sa main, il sent la légère pression du Barge pour lui faire bouger le bras, histoire qu’il se ramasse un peu. Mais pas si ensommeillé que ça, il relève la tête et regarde son pote en souriant, il veut commencer ? ça le dérange pas de continuer !!

Mais au lieu de ça, il se relève et s’arrête dans son mouvement, le Lynx tourne légèrement le regard, statue de muscle figé, il a un petit sourire en coin. L’aura de son Seirim, il la reconnaîtrait entre milles. Maintenant qu’on lui dise qu’il n’est plus insoumis, et il rappellerait que c’est pas à vous de choisir pour lui, et encore moins, un petit détail comme le plus récent, pour cela. Pas si petit, mais on aura compris qu’il est insoumis et qu’il le restera quoi qu’il arrive.

Attrapant une bière dans le frigo, il la décapsule, regardant l’agitation de Princesse qui le fait sourire, la joie de la jeune femme secoue le Nephilim qui boit tranquillement sa bière en regardant en direction de Raven, simplement, par réflexe, avant de regarder les potes, toute la clique, d’un mouvement de tête, il attrape un jeu de carte, deux trois paquets de chips, fait signe au Drayoir de prendre des bières et attrape le bras du Barge, pour aller s’asseoir sur la large terrasse, tirant une des chaises avec le pied, pour s’asseoir à la cow-boy et retirer les cartes du jeu.

Il n’a pas démordu d’un petit sourire en coin en entendant Raven, ni en sentant enfin la présence de son Seirim, pour la simple et bonne raison qu’il ne boude pas le plaisir que cela fait. Car bon, c’est certain que même si avant d’être Insoumis, il fait partie de ce groupe, il est clair, aussi qu’il n’y a qu’un seul Originel que Athan pourrait suivre et il est là. Alors voilà pourquoi il sourit.

Séveride peut aller faire du shopping ou venir s’asseoir à la table, les garçons, eux, se sont installés, par télékinésie, et discrètement, il a tiré le rideau pas totalement opaque, histoire qu’ils soient pas trop vu, puis la fenêtre, pour rester caler dehors. Un coup à se faire enfermer
ce genre de connerie.

Le Lynx distribue les cacahuètes salées comme les jetons de mise, puis les cartes du poker, histoire de commencer la partie. Athan n’est pas très friand de poker mais de temps en temps…ça peut pas faire de mal. Puis, ça leur fait pas de mal une partie entre mec, pour une fois et ça, même si Séveride est resté!

Harahel reporte son attention sur sa fille. Les accoudoirs de son fauteuil sont presque arrachés, comme si un chat avait acéré ses griffes dessus. Un gros chat.

Harahel tira le fauteuil du Lynx pour s’installer au côté de Raven. Le Nephilim avait eu la bonne idée d’emmener les mecs sur la terrasse pour une partie de poker. Peut-être avait-il une demi-heure avant que Le Barge ne pète un câble ou que le Lynx se lasse de ce jeu qu’il n’aimait pas. Peu importait à Harahel.

Il s’installa après être allé chercher une bière dans le frigo. Raven semblait avoir tout ce qu’il lui fallait à ses côtés, alors il ne lui proposait rien. Elle regardait deux films en même temps. Cela lui rappelait Lidrya et ses séries. Malheureusement, elle n’avait plus le temps de toutes les regarder.

Raven émit des critiques, mais étrangement, elles se tournaient vers Zakaï.

— Tu as des suggestions ? demanda Harahel en toute simplicité.

Peu de monde conseillait l’Originel. Il n’y avait que Voldi qui se le permettait. À croire que les autres avaient peur de lui, de sa réaction.

— Que donne ta quête dans les royaumes des Ombres ?

Il s’intéressait vraiment à elle, à ce qu’elle faisait. Mais le contact et la communication n’étaient pas leurs points forts à tous les deux. Il ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elle réponde facilement. Contrairement à d’autres, il n’y avait pas une question dont Harahel ne voulait pas connaitre la réponse. Sa quête de vérités et sa curiosité dépassaient de loin celles de ses frères et sœurs. Il s’intéressait à ce royaume qu’il n’avait pas encore exploré.

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Aucune. Je trouve notre monde minable. Mais Zakaï, c'est ça.

Et je lui pointais les deux télévisions. Le bien, le mal, toujours la même rengaine. Je changeais, non sans difficulté, Harry Potter pour Iron Man. Il était drôle, mais mon préféré c'était l'archer. (N'allait pas lui dire, il va prendre la grosse tête ^^). L'archer n'avait aucun pouvoir, et pourtant, il était l'égale des Dieux.

Et t'es là depuis des milliers d'années et tu continues de t'amuser ?

Je le regarde.

T'es en vie alors ?

Pas vraiment une question vu qu'il est là.

C'est bien.

Ouais, je lui aurais peut être bien sauter dans les bras, mais je ne suis pas Princesse.

Il faut que tu reprennes Séveride chez les Insoumis.

Mon ton ne ressemblait pas à une demande mais plutôt à un ordre. Et puis je lâche les télécommandes et je me décale pour être en face du paterre, les jambes pendant de l'accoudoir avec un air courroucé.

Tu sais que tu fais chier ? Tu fais chier ! Si t'as un problème avec un gars, et bien va le voir entre quatre yeux et gueule lui dessus une bonne fois pour toutes merde ! Sérieux, t'as envoyé un texto à Séveride pour M'man pour l'Indy Car ? T'es au courant qu'elle était avec Tonton ? Si lui peut pas la défendre tu crois que Séveride le pouvait ? Tu voulais qu'il crève à sa place c'est ça ? Putain, je te l'aurais fait bouffer ton téléphone ouais ! Alors si t'as un problème avec lui, va lui gueuler dessus. Tu verras, les gens préférent une bonne engueulade plutôt que des silences pleins de sous entendus. Genre "t'es qu'une merde" "tu fais mal ton taff". C'est pire !

Et plus calmement, plus bas, je lui dis.

Tu sais que tu as grave merdé avec Séveride ? T'en as conscience quand même ?

Oui, c'était mon opinion. Et Séveride faisait partie de MON groupe. Alors maintenant, je le défendrais bec et ongles contre MON Seirim et Père. Vous savez quoi ? Gardez vos clans, faites la course aux pouvoirs, moi je m'en fou. Je n'ai jamais eu de pouvoir de clan et je n'en veux pas. Je suis une INSOUMISE. Je le serais toujours. Peu importe que j'y sois ou non. Peu importe que j'ai le pouvoir ou pas. Et peu importe que mon père m'en vire ou pas ! Je serais et resterais une Insoumise et j'emmerde les autres.

Reprends Séveride.

Charles était contre Magneto et malgré le fait qu'ils se foutaient sur la gueule, ils se disaient toujours frères tous les deux. Ca, ça me parlait plus comme manière de faire.

Les Ombres ? C'est la merde !

Puis je le regarde en lui souriant, vraiment, comme ma mère. Un sourire doux et tendre, un sourire qui signifie que je m'éclate vraiment en fait.

Je suis loin d'avoir réussi à faire tous le royaume, cela me prendrait sans doute des milliers d'années, si je survis. Je pense que les ombres évoluent en fonction des différents royaumes qui la jouxtent. Ils gagnent du terrain quand les ombres augmentent et en perdent quand cela s’appauvrit. Du coup, certaines créatures inconnues apparaissent et d'autres disparaissent. Mais il faut du temps pour s'habituer au noir. J'ai bien cru y crevait vingt mille fois. Cet effet d'étouffement. Mais après, on se rend compte des subtilités, on se rend compte qu'il ne fait pas noir. Et puis là y a un petit merdeux qui m'a fait chier. Alors je la lui ai mis bien profond. Du coup, il m'a lancé une malédiction. Pffff vraiment susceptible ces petites bêtes ... Pour te faire le résumé, je suis tombée sur un Prince. Il a vu en moi la bonne occasion d'être proche du Maître de la Kabbale, il s'est donc mis en tête de m'épouser. Franchement c'est arriérée comme manière de faire non ? (Non moi je ne fais pas ça avec Heru Ur ... *sifflote*). Bref du coup, si je n'ai plus d'orgone pendant huit heures, les ombres m'absorbent.

J'hausse les épaules.

Il est con. Je pouvais pas rêver mieux face aux Elohim. Si je me fais prendre, je devrais survivre huit heures et ensuite, j'aurais ma porte de sortie gratuite. Ils pourront tenter de me suivre dans ce monde, mais des êtres de lumières dans les ombres, moi, je veux voir ça. Mais t'inquiète, ça roule. Il me fait marrer ce Prince et je crois que la réciproque est tout aussi vraie. Si j'ai bien compris, il est lié à mon Ombre. En fait, je crois que certaines ombres sont liées aux différentes personnes dans les royaumes. Mais j'ai pas très envie de croiser les Originels là bas. Vous allez me faire chier.

Je le regarde et je lui souris.

T'es vivant.

...

C'est très bien.

Big smile.

Elle n’aime pas Zakaï, Harahel l’entend, l’accepte. Cela ne le dérange pas, il a les mêmes sentiments envers le royaume des Ombres. Royaume trop muant à son goût, il a préféré en laisser l’exploration à d’autres. Sa fille se révèle une bien belle exploratrice, sa façon d’être se marie à ce monde. Se mariera-t-elle à un Prince de Kabbale ou à Heru Ur ? Insoumise, elle respecte pourtant bien trop les règles au goût d’Harahel, mais il persiste à laisser ses enfants faire leurs propres découvertes.

— Et t'es là depuis des milliers d'années et tu continues de t'amuser ?
— C’est pour cela que j’ai quitté l’Eden. J’aime beaucoup ce que je vois, ce que notre union peut créer aussi.

Oh oui ! Il aime ses enfants et pas seulement. Voldi, Severide sont bien plus que des compagnons. Il est difficile de les guider, car comme Raven, ils vont à droite quand on leur présente la gauche. Enfin non. Si c’était si simple, il suffirait de leur dire l’inverse. Mais ces êtres sont bien trop intelligents pour se faire berner de la sorte.

— Il faut que tu reprennes Séveride chez les Insoumis, elle lui balance cette réflexion de but en blanc.

Il sourit, manque presque de rire et jette un coup d’œil vers le Nephilim. Son regard noir lui permet de lire les sentiments de Severide. Le pauvre souffre toujours atrocement, il n’arrive pas surmonter sa douleur. Londres, l’incendie, il en est responsable et Djinn s’insurgerait s’il le découvrait. Il glisse derrière l’oreille une mèche rebelle de la coiffure noire de sa fille. Elle entame le sujet sur Severide.

— Tu ressembles tellement à Erika, ma fille. Je fais des choix parfois très difficile pour moi, comme pour les autres. Mes choix vous privent de liberté. Je pense que si tu savais pour ton frère et ta sœur, tu voudrais d’abord me tuer. Ensuite, tu me tuerais une seconde fois, juste pour le fun. J’aime tellement ta mère que j’en suis parfois égoïste. Mais je n’ai aucun problème avec Severide. Je suis même très fier de lui. Tu lui as montré la voie et il t’a suivi.

N’a-t-elle pas compris les buts d’Harahel ?

— Tu as quitté le clan parce que tu n’aimais pas ce qu’il devenait. Tu as très bien fait. Je suis très heureux que Severide t’ait suivi. Il a enfin trouvé sa propre voie. En quittant le clan, vous êtes les seuls à y être vraiment resté. Le véritable clan, c’est notre famille Raven. Severide a préféré mes filles à son Seirim et je suis très fier de sa décision. Les clans sont arriérés, ancestraux. Il y a trop de règles, trop de registres, trop de clivages. Cela fait longtemps que je suis contre. Avant mon arrivée sur l'île, il n'y avait que Voldi dans mon clan. Et c'est parce que c'est un gros bill et qu'il aime exploiter toutes les armes en sa possession.

Harahel parlait des pouvoirs de son clan, des pouvoirs si puissants et si effrayants que le pouvoir de Sariel lui parait bien illusoire maintenant. Il diverge, soupire et regarde les écrans. Il connaît ses personnages qu’il a vu dans une série.

— Je n’aurais pas dû confier la protection de Jimmy à Severide. J’irais lui parler. Mais je devais le protéger. La perte de Jimmy aurait anéanti ta mère, même si Jimmy n’est ni son fils ni ton frère. Mais j’ai fait la promesse à ton véritable frère de ne rien dire à ta mère.

Il s’attend à des invectives, des questions, mais il préfère poursuivre. Voudra-t-elle écouter jusqu'au bout ?

— Il m’avait demandé de ne rien te dire. J’ai refusé. Nous avons trouvé un accord. Il a dit que le jour où tu aurais trouvé ta voie, je pourrais t’en parler. Je crois que ce jour est arrivée, Raven. Qu’en penses-tu ?

Chacun ses occupations, mais quand Harahel entre dans l’appartement, c’est le grand calme. Je suis heureux qu’il aille bien, mais je n’ose pas lui parler, pas encore, pas déjà. Je ne sais pas quoi lui dire. Je ne sais pas s’il a compris la raison de ma présence ici ? Je me dis que la présence de Raven en Aresh ce jour là n’était pas un hasard, mais je ne suis sûr de rien.

Je ne vais pas rester avec les gars et risquer d’entendre ce qu’ils peuvent se dire. Je pense qu’ils ont besoin d’intimité, alors on pourra m’appeler Princesse si ça leur fait plaisir, mais cette fois, je pars avec les filles. En passant à côté d’Harahel, je ne peux pas m’empêcher de lui dire quelques mots.

Ça fait du bien de te revoir.

Rien de plus, rien de moi, juste une tape sur le devant de l’épaule et je referme la porte derrière les fille. Tous le long du chemin que nous ferrons ensemble, je resterais calme et je finirais par les abandonner pas très loin du centre commercial pour entrer dans un bar.

Je ne vais pas rentrer ce soir. Pas tout de suite en tous les cas. Il sera déjà bien tard, quand à moitié déshabillé, sentant le parfum féminin bon marché, la cigarette et l’alcool, je rentrerais en essayant d’être le plus discret du monde. Avec une fille qui s’entraîne dans les ombres c’est difficile, je vous l’assure. Je prendrais quand même le risque de faire chier tout le monde en prenant une douche et je m’enfermerais dans ma chambre jusqu’au matin. Je n’ai pas envie d’assister aux interrogatoires que va subir Raven. Si elle veut dire quelque chose, je sais qu’elle le fera. Je ne lui demande rien.

Je fronce les sourcils, parce que ce que j'entends, je ne l'aime pas.

Tu te plantes complètement pour Séveride. Il était là au mauvais endroits et au mauvais moments. Oui, il a fait ce choix et putain, enfin j'ai vu un type avec des corones. Mais maintenant, il regrette, il rumine, il ne va pas bien. Mais je suis entièrement d'accord avec toi. Je me suis crée ma famille. Et avant d'être avec toi, ils sont avec moi maintenant. Même le Drayoir.

Je lui fais un petit sourire en coin qui signifie : Ouais me prend pour une cruche, je sais que vous fricotez ensemble. Mais je m'en fou. J'ai confiance en mes hommes. En tous, même Séveride.

Oh, je sais que j'ai un moyen de résoudre cela avec Séveride. Mais là, je n'ai pas envie de l'acculer. J'ai envie que cela vienne de lui. Il ne peut pas rester avec nous s'il ne veut pas vraiment y être. Si son coeur est ailleurs, je comprends. S'il regrette, je comprends. Je pense qu'il soit croit toujours emplit d'une mission pour nous protéger moi et Princesse. Mais je crois qu'il n'a toujours pas compris que personne ne peut nous protéger. Et si jamais tu le reprochais à un de mes gars, je t'étriperais. Je trouverais bien un moyen de le faire.

Je souris de nouveau, mais c'est un sourire tendre, rien de méchant pour une fois.

Je veux que Séveride reste. Mais à la fin du mois, je le fou dehors. Il doit prendre sa décision. Il fait ce qu'il veut. Il aura toujours un pied à terre chez nous. Mais il ne peut pas être tiraillé entre toi, moi, les autres. Je crois que je n'aime pas les gens qui ne savent pas ce qu'ils veulent.

J'hausse les épaules.

J'aime les gens qui s'affirment, d'une manière ou d'une autre.

Je souris de nouveau.

Je ne sais pas où tu l'as trouvé, mais il en vaut tellement le coup !

Je ris. Mais mon sourire se fane doucement.

Tu lui as fait la perdre mémoire n'est ce pas ?

Et là, mes yeux sont pas gentils.

Il vient du futur et tu lui fais tout oublier ? T'avais peur de la concurrence ?

Putain, ce que je les hais tous pour ça ! Je finis par me lever. Mes voleuses me démangent.

Alors c'est le grand moment de révélation pour tes pires secrets ? Tu sais, j'ai pas besoin de ça pour vouloir t'en foutre une, t'en as bien conscience ?

Je fais des pas à droite, puis à gauche. Mes voleuses me parlent. Moi, je bouillonne.

Il est venu du futur, entre autre, pour me filer une putain de carte que je ne voulais malgré tous ce qu'elle représentait. Alors, tu crois franchement que je veux les connaître tes secrets ? Que je veux savoir pour mon frère ? Pour ma soeur ?

Est-ce que je veux savoir ?

Non. Je ne le veux pas. Désolé de ne pas être comme tu le veux. Mais je ne veux pas savoir. Je ne veux pas être une putain de Sjkalmeyjar. Je ne veux pas cogiter vos putains de plans. Je ne veux pas de secrets dans mon groupe. Les secrets tuent les gens à petit feu. Vis avec. Assume !

Et je ris, un rire amer.

Voilà le mot. Le bon mot. Assumer. C'est ce que M'man m'a appris. Dès le début. Séveride n'assume pas. Tant qu'il ne le fera pas, il ne sera jamais vraiment ici.

Je ferme les yeux et je fais non de la tête.

Combien de secrets traînent tu avec toi.

Ce n'était pas une question. J'ouvre les yeux et je le regarde.

Je te plains.

Une vérité. Oui, je le plaignais. Sincèrement. Vivre ainsi. Tout le temps. Avec tout le monde. Même sa propre famille.

Je vais prendre le contrôle du royaume des Ombres. Et par cet intermédiaire, je vais prendre le contrôle de la Kabbale. Tout ne reposera plus sur toi.

Cela me prendra des centaines et des centaines d'années ? Oui, sans doute. Mais je m'en foutais. Je ne cherchais pas à avoir ma part du gâteau. Je n'étais pas ce genre de personne. Je cherchais un moyen pour que tout ne repose plus sur lui.

Les secrets te tuent à petit feu. Je suis vraiment triste pour toi. Mais même si je te tuerais pour la forme, tu es mon père. Et ça, je ne veux pas que ça change.

Une vérité. Un demi-sourire. Non, garde tes secrets. Gardez tous vos secrets. Je m'en contre fou. J'avancerais différemment. J'avancerais pour mes hommes, pour leurs biens. Parce que ce que je veux le plus au monde, c'est qu'ils soient bien vivants et qu'ils soient heureux de leurs vies. Le jour où l'un d'eux sera triste, comme Séveride, c'est que j'ai merdé. Et ça, je m'en voudrais à mort.

Raven se confie à lui, elle parle de Severide avec une très grande affectation, une forme d’amour universel quel partage avec tous les membres de son groupe. Ils sont unis, bien plus qu’un clan. Il ne l’interrompt pas, même quand il n’est pas tout à fait d’accord. Elle a sans doute raison dans les grandes lignes. Severide ne se confie pas beaucoup, il reste hanté par son passé, hanté par les crimes dont il s’accuse chaque jour. Harahel ne sait pas s'il est triste ou taciturne.

Quand c’est à son tour de parler, il prend le temps de la réflexion. Il pourrait répondre qu’il l’a rencontré à Londres, mais cela ne changerait rien.

— Je l’ai rencontré au milieu des cendres encore brûlantes. La cité s’est relevée avec plus de facilité que lui-même. Severide ne peut pas se laisser aller. Il aurait trop peur de te blesser. Tu n’as pas de chance ma fille, tu es la plus grande gueule du groupe. Ils sont tous libres d’agir, tu ne leur imposes rien, ils décident à chaque instant de te suivre ou non. En théorie. Le problème, c’est qu’en pratique, ils te suivraient jusque dans le royaume des Ombres, s’ils le pouvaient. Ils ont tous trouvé leur place. Princesse apporte la tempérance, elle aime se charger des relations, partager, discuter. Elle aime explorer, rêve sans doute de te suivre. Le Barge apporte ce brin de folie, le Drayoir aime couvrir vos arrières, le Lynx peut-être encore plus. Je pense que Severide a peur d’échouer dans une mission que je ne lui ai même pas confié. Pour lui échec rime avec génocyde. Malheureusement, toi tu as trouvé une place de leader dans le groupe, même si tu détestes cela. Si tu le vires, il restera là, mais en retrait. Si tu le vires, tu l’obligeras à décider, si tu le vires, tu t’affirmeras comme leader. N’oublie pas que tu as aussi le Drayoir et Princesse pour t’épauler.

Elle s’agite commence à faire les cent pas. Harahel prend les deux télécommandes et fige les écrans de télévision. On est en pleine partie de leur stupide jeu de balais volants, le truc qu’on retrouve dans tous les épisodes parce que la scénariste manque d’imagination et doit combler des trous. Sur le second écran, Tempête est en train de griller un steak avec la foudre.

— Tu me plains ? Tu n'as aucune raison de le faire.

À son tour, il se lève et se place devant elle et il aimerait la prendre dans ses bras. Il l'y invite maladroitement, il ne veut surtout pas interrompre ce moment. Lidrya avait raison, encore une fois.

— Je suis un homme heureux, Raven. J’ai une femme qui m’aime, même si elle est bien trop absente à mon goût. Mais Lidrya ne vieillira plus. Je peux donc attendre qu’elle soit prête. J’ai trois filles extraordinaires et un fils qui prouve qu’on peut aller tellement loin. Ne t’inquiète pas, j’étais là ta naissance. Je vous ai sorti toutes les deux du ventre de ta mère. C’est vrai qu’avec tout ce qui s’est passé sur l’île, je ne suis peut-être pas ton père biologique, il y a une probabilité, infime, oui. Je n’ai pas fait de test ADN parce que je m’en fous. Il serait étonnant que tu ne le sois pas. Tu as mes yeux, mon caractère, ma colère et ma façon d’aimer. Je dis cela parce que quoi que disent la science ou les gênes, tu es ma fille. Rien n’y personne ne peut changer cela. Tu es celle que j’ai élevée, celle que j’aime depuis que tu as ouvert les yeux. Je suis fière de toi, de ce que tu fais, de ce que tu ne fais pas. Tu m’énerves souvent et j’en suis fier aussi.

Il regarde vers la fenêtre et comprend que quelqu’un a tiré les stores pour leur offrir leur moment d’intimité.

— Raven, je n’ai jamais effacé la mémoire de Lidrya. Je ne le ferais jamais, déjà parce que sur le long terme les souvenirs reviennent, mais aussi parce que j’assume tous mes choix, tous les choix de ton frère, tous tes choix, tous ceux de Princesse. Je n’ai pas de secrets, j’ai simplement des enfants et une femme qui ne veulent pas connaître toute la vérité. Mais Raven, quand ton frère a ramené ta mère à la vie, tu étais là, tu as tout vu. Oh, du haut de tes quatorze ans, t’as défoncé tous les bateaux à la ronde, mais personne n’a affecté ta mémoire. Quand ton frère t’a demandé de ne rien dire à Lidrya, tu lui as répondu par un doigt d’honneur, parce que tu savais qu’il sauverait ta mère malgré ton refus. Moi, j’ai eu trop peur de perdre Lidrya. J’ai accepté. Je l’assume, je connais mes défauts, mon Ange. Visiblement, tu connaissais mieux ton frère que moi et tu as encore eu raison. Il n’y a pas de secrets, tu peux demander à Princesse.

J'ai envie de le défoncer pour ce qu'il raconte sur le groupe et sur Séveride. Oh je sais qu'il a raison. Je suis conne. D'accord. Mais je le sais. Mais bien évidemment, je le nierais. Ainsi donc je ne peux pas mettre Séveride au pied du mur. Mais si je ne le fais pas, il ne sera jamais vraiment là.

Plutôt crever que d'impliquer ma soeur ou le Drayoir.

C'est un homme. Les hommes, je les ai eu en ayant leurs couilles dans mes mains. Si je dois faire la même chose avec Séveride, je le ferais ! Je regarde la porte d'entrée avec une folle envie de la réduire en miette. Putain de connard de merde ! Je vais lui défoncer son crâne à ce con ! Et voilà que je redouble mes pas. De fureur. Mes voleuses m'aident pas vu qu'elles m'expliquent comment est-ce que l'on pourrait s'occuper de Séveride. Moi, je me dis que peut être Princesse ou le Drayoir ... Mais ça me fait chier. Je ne voulais pas ce qu'il se passe autour de moi. Savoir que des personnes attendent de vous des ordres qui pourraient les mener à la mort. Mais en même temps, je n'ai aucune envie de les lâcher. Parce que c'est NOUS. C'est pas moi, c'est pas lui, ou lui. C'est NOUS. On forme un tout. C'est bancale. Cela peut se casser la gueule du jour au lendemain. Mais c'est NOUS. Alors j'attrape le téléphone portable et je gueule parce que j'arrive pas avec cette putain de technologie. Au bout de cent ans (c'est mon avis) j'arrive à envoyer un sms à Séveride.

Séveride

Va te faire foutre connard !

...

Séveride

Quand je te dis debout, tu te lèves. Quand je te dis coucher, tu te couches !

...

Séveride

Putain merde ouvre les yeux quoi !

Oui, bon, ok, je le spamme, mais je sais pas me servir de ses conneries.

Séveride

T'es dans le groupe et je t'emmerde si t'es pas content vient me le dire en face !

Voilà, je crois que c'est bon.

Séveride

Connard !

Là c'est bon. ... Oui oui c'est bon ^^.

La suite ... J'aurais pu m'en passer. Parce qu'au début j'entends le mot deux. Deux ? Vous avez entendu vous aussi ou pas ? Et là mon esprit part en vrille, mais lui, avec ses paroles, il m'ancre. Je suis SA fille. Il est FIER. J'ai pas besoin de plus. Mais là, ça me gonfle ! Ouais j'irais bien lui faire un câlin, mais merde mon sex appeal (ou qu'il est ?) va en prendre un coup ... Alors je l'écoute, encore et je bougonne dans ma barbe parce que merde je râle tout le temps.

Je parlais d'Heru Ur.

Connard.

Mais je mets mes mains sous mes aisselles et je le regarde méchamment. Parce que je sais bien le faire. Parce que le souvenir est douloureux. J'avais envie de dire à mon frère de ne pas faire cela. Il signait mon arrêt de mort. Grandir loin de son frère, vous croyez que cela fait quoi vous ? Oh oui, je lui en veux. Et il vaut mieux pas que je le retrouve face à moi, sinon, je vais le buter ! Oh oui, je vais le buter ! Encore et encore et encore !

Je pourrais te demander pourquoi deux ? Pourquoi trois filles ? Mais tu sais quoi, je m'en fou. Ne crois pas que j'ai peur de tes vérités. Je m'en fou. Tu es contre le système . Bah t'attends quoi alors ? C'est terminé les Insoumis. Gare Voldi et M'man, mais les autres, c'est terminé. Les pures et dures, tu les connaîtras. Et arrête de filer tes pouvoirs à n'importe qui ! Franchement, c'est n'importe quoi mais on sait tous que tu l'as fait à cause de Sariel.

Je le regarde et je l'observe comme si j'allais ...

Où est Kronos ? Je veux son pouvoir. A lui et à personne d'autre.

Oui, j'excluais mon père, mais c'était parce que j'étais une chieuse. C'était mon père alors je faisais la chieuse avec lui. Il suffisait de voir mon sourire. Je lui souriais avec sincérité et bonheur. Je ne l'insultais pas. Lui, c'était mon père, pas besoin de pouvoir entre nous. Alors je finis par me venir blottir contre lui, dans ses bras.

Chiche qu'un jour j'appelle Sariel "Pôpa". Pas sûr qu'il apprécie la blague.

Oui, je connaissais certaines rumeurs. Erika, moi, Sariel, Harahel. Mais je m'en foutais de ces vérités. Erika, elle, elle voulait des réponses. Pas moi. Je n'en avais pas besoin. Pas besoin de cela pour savoir qui j'aimais.

N'empêche qu'Heru sera un jour ton gendre !

Ouais, quand j'ai une idée, je l'ai pas ailleurs ^^.