Assise à une table, dans un recoin presque intime de la grande salle, avec un cocktail que j’avais choisi pour patienter, je tentais vainement de faire le tri dans mes idées. Il y a trois ans maintenant, je quittais les Skjaldmeyjar et mon soutien auprès des Izanaghis pour rejoindre celui qui se prétendait mon père et qui possédait toutes les réponses à mes questions. Le don de son clan était aussi une aubaine pour moi, pour combattre et traquer nos ennemis à l’extérieur du dôme … Mais chaque lumière à sa face d’ombre … et au bout de toutes ces années à être à son service, à lui être loyale, les Infiltrés n’étaient ce point d’ancrage que j’avais cru souhaite et percevoir.
Je pouvais passer de femme peu crédible à changer mes opinions. Peut-être était-ce l’image que je pouvais donner à ne pas savoir ce que je désirais moi-même. Enfin, ça c’était ces dernières années. Mais la cangue dans laquelle j’étais aveuglée avait commencé à se déchirer depuis plusieurs mois et elle avait fini par tomber totalement ces semaines passées.
Maintenant, j’allais devoir expliquer à Sariel que je le quittais. Je ne voulais pas d’affrontement, pas de colère, (je ne l’étais pas), ni de défi quelconque. J’avais appris beaucoup à ses côtés. J’avais recherché l’image de ce père tant aimé et chéri. Aujourd’hui, ma voie était ailleurs. Pouvait-il refuser de me laisser ma liberté alors que la traque des Nephilim sans clans avait commencé ? Peut-être … Mais, il allait se douter que je n’étais pas non plus une femme sans atouts cachés. La vérité était certainement la meilleure des solutions et je me confierais sur la proposition de Djinn qu’il m’a faite : celle de rejoindre son groupe de sécurité. C’était un challenge qui me plaisait beaucoup et puis … Djinn et moi, c’était une longue histoire que j’avais gâchée. Je voulais recoller les morceaux pour sauver ce qui nous liait encore.
Je tapotais avec le bout de mon talon aiguille sur le magnifique sol de ce restaurant. Je n’étais pas stressée. Ce sentiment ne fait pas partie de l’entrainement d’une guerrière. Je n’en étais plus une depuis longtemps, mais on n’efface jamais ce que l’on est vraiment.
20 h 40 … Il n’avait que dix minutes de retard, mais allait-il vraiment venir ? Avait –il vu mes messages ? Taximan l’avait-il intercepté pour lui remettre mon invitation ? Aucune idée.
Un raclement de gorge dans mon dos et je me tournai d’un mouvement lent pour apercevoir une silhouette qui se dressait devant moi.
Il était là.
Sariel
Je me levai de mon fauteuil pour le saluer, drapée dans ma longue robe de soirée.
- Merci d’avoir accepté mon invitation. Je n’étais pas certaine que tu l’aurais pour ce soir. Je t’en prie, installes-toi
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