Malheureusement, l’Égypte Antique des Pharaons n’est plus et il est temps pour moi de vivre avec mon époque. Mais de là à travailler, il y a un pas que je ne franchirais pas. L’argent ne manque pas. J’ai quelques trésors antiques à vendre. Bien sûr, aucun bien de ma famille ! Je vends les biens des civilisations qui ont tenté d’effacer la mienne.
Mais la civilisation “capitaliste” me navre. Les humains n’ont plus que le mot liberté à la bouche, même si cela ne les empêche pas de voter pour Donald Trump. Alors quand je lis la presse quant à leur nouveau président, je me dis qu’il ne doit pas falloir grand-chose pour renverser cette Amérique et en faire une nation se prosternant au pied des Nephilim. Après tout, ils sont déjà esclaves de ce qu’ils nomment : “compte en banque”. Ils me font rire avec leur liberté.
J’inspire profondément et range les dossiers que j’ai rassemblés dans un petit attaché-caisse. Je suis ennuyée de déranger ainsi Sariel, une seconde fois. Je profite de ses dernières paroles. Après tout, c’est bien lui qui a demandé à nous revoir.
Heru Ur m’avait convoqué au sujet de nos découvertes. Les artéfacts avaient tous été remis aux Infiltrés, à Sariel sans doute. D’après les écrits retrouvés sur place, il en manquait deux : les dagues de discrétion et le bracelet de Caym. Le Nephilim savait que je portais le bracelet et semblait respecter les dernières volontés de Caym. Mais à la fin de notre discussion, il m’avait surtout obtenu un précieux rendez-vous avec Sariel.
Le chauffeur descendit en premier et m’ouvrit la porte. Je sortais et observais Henderson City. Je détestais cette ville de paysans. Ils se croyaient plus riches avec leurs spacieuses maisons, mais ils se trompaient. Ils avaient plus de dettes, plus de responsabilités et étaient les esclaves d’un système financier.
Je chassais mes cheveux derrière ma nuque. J’allais rajuster mon pull, mais il tombait à la perfection. Caym savait y faire.
► Afficher le texte
Qui allais-je rencontrer dans cette villa ? Sariel ou Jimmy ? Je tendis la mallette au chauffeur et lui fis signe de la tête. Il me regardait, surpris.
« Tu ne penses tout de même pas que je vais sonner moi-même ? » Foutu esclave ! Qu'est-ce qui guida sa main jusqu'à la sonnette ? La surprise, mon ton acerbe ou ma beauté ? Il appuya et me présenta.
« Satsobeth Anahk. »
La grille émit un grésillement électrique et s'entrouvrit. Je lui fis signe de la tête, il ouvrit et me précéda jusqu'à l'intérieure de la villa.