Arriver sur les lieux du crime avec un train de retard, voilà bien quelque chose qui l’ennuie. Les kidnappeurs n’ont pas été discrets. Du coup Heru Ur se retrouve avec des policiers qui ont balisé la rue. Ils ramassent deux lames qu’il reconnait sans difficulté. Des traces de sang seront analysées, mais ce n’est pas cela qui l’inquiète le plus.
Le réseau des Infiltrés va rapidement identifier l'ADN de Lidrya Chesly, l’alerte sera lancée. Un patrouilleur chargé de fouiller les environs retrouve le téléphone portable. Encore une fois, Heru Ur ne bronche pas. Cet agent travaille pour eux. Le Nephilim reste loin et observe les mouvements dans la ruelle. Est-ce que des templiers peuvent se cacher derrière ce kidnapping ?
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Mais si l’Infiltré a un train de retard, Harahel, lui, il en a deux. Piégé dans les profondeurs de la Kabbale, il entend à peine l’invocation de Lidrya. Pour ouvrir un portail entre ces dimensions-là, ce n'est pas l'eau qui manque, mais l'Orgone. Il en faudrait tellement que l’humaine aurait explosé en plein vol. Impossible d'ouvrir un portail même pour Harahel.
En s’enfonçant autant dans les profondeurs, il savait bien que des créatures allaient profiter de l’opportunité. Le Prince noir a déjà bien commencé et il va certainement parvenir à ses fins. Harahel s’interroge sur ces desseins. Mais ce faisant, il trace un pentacle dans le sol. S’il ne peut aller chercher Lidrya, d’autres pourront le faire à sa place. Meborack est le seul royaume entre celui où il se trouve et la Terre. Il choisit donc une créature de ce royaume, mais comme peut le confirmer Déphaïne, il y a de meilleures solutions en Zakai. Harahel aimant sa femme, il choisit la méthode ayant le plus de chance de réussir. Une question demeure : qui est le plus dangereux ? William ou la créature qui va lui ramener Lidrya ?
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Les griffes plantées dans le plafond la créature repère avec sa langue ce qui l’entoure. La Terre et ses odeurs de pollution, ses produits chimiques. Le monstre avance de deux pas sur des poutres métalliques. Il lutte entre l’impatience de rentrer en Méborack, la joie de pulvériser ses adversaires et la nécessité absolue de ramener le colis indemne.
Le caméléon se laisse glisser jusqu’au sol. Comme la créature terrestre, sa peau mime les couleurs du monde qui l’entoure la dissimulant avec une effroyable efficacité. Minuscule, elle glisse jusqu’à une cloison derrière laquelle plusieurs humains se tiennent. Elle se divise. Quatre clones se passent dans l’interstice entre le plancher et la porte. Chacune des copies se faufile et se glisse imperceptiblement dans les vêtements de leurs futures victimes. William, Tobias, Striker mais aussi Lidrya. Tous sont humains... ou presque. En tout cas, l’un d’entre eux possède un artéfact que convoite la maitresse du démon invoqué par Harahel.
L’Originel a appris au caméléon que les humains et les Nephilim ne respectaient que leurs propres limites. Ce sont les seules devant lesquelles ils se soumettent. C’est sur cet axiome qu'elle va stopper cette folie.
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Dehors le monstre approche. La porte vole en éclat. Striker n’a pas le temps de réagir que l’alien lui a transpercé le corps avec sa queue. Tobias est sidéré par la créature qui lui fait face. Elle n’existe pas. Il a vu tous les films de Ridley Scott. C’est un film, c’est impossible…
C’est pourtant Striker qui tombe au sol, inerte. Tobias ramasse un fusil à pompe et tire sur la créature. Sa patte explose sous l’impact, mais l’acide gicle et les éclaboussures font fondre le visage de Tobias. Aveuglé, il court en tout sens, se griffant le visage. Il traverse la porte le séparant de William et Lidrya et s’effondre au sol, pris d’insoutenables convulsions.
La créature saute derrière lui et se place entre les deux humains. Avant qu'ils ne réagissent, leurs vertèbres craquent. Tétraplégiques, Lidrya et William tombent au sol. La créature les attrape et pond en eux une dizaine d’œufs.
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William et Lidrya se réveillent dans un vaisseau spatial. Ils entendent le ronronnement des moteurs qui leur semble étrangement familier. Leur corps ne répond plus. Leur visage est coincé par une substance gélatineuse. Une étrange sensation secoue leurs intestins. Lidrya pour avoir porté trois enfants (oui trois) se souvient bien de cette sensation.
Seulement ce qui se balade dans leurs entrailles n’a rien d’humain.
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Plusieurs heures plus tard, une femme s’approche d’eux deux. Elle porte une combinaison moulante d’une époque futuriste. Sa beauté rendra les Nephilim fades aux yeux des humains. Seuls les Originels peuvent soutenir la comparaison, et encore. Un corps absolument parfait, un visage magnifique, les mots manquent pour rendre sa beauté à cette jeune femme aux yeux aussi étincelants qu'une émeraude.
Elle s’approche d’eux et glisse une chaise devant eux. Elle s’assoit dessus à califourchon avant de leur adresser la parole.
— J’ai plusieurs solutions pour vous soigner.
Sa voix rappellera à Lidrya celle de Princesse. La jeune femme alors plante son regard dans les yeux de William.
— Je peux aussi rendre la vie à vos deux amis.
Elle s’étire sur la chaise, non sans rappeler les attitudes de Raven à Lidrya.
— Je peux aussi laisser ces bestioles grandir en vous. Vous êtes fatigués, vous allez vous reposer une petite heure. Mais quand vous vous réveillerez, il y aura un portail devant vous. Vous pouvez le franchir et tout sera fini. Quant à toi, William, tu déposeras ensuite Rosy au sol. Sinon, si vous refusez de suivre ces consignes, je vous laisserai à votre triste sort. Entre nous, quand ces monstres auront suffisamment grandi, ils vont se frayer un chemin vers la sortie. Il y a peu de chance que cela vous plaise.
Les créatures dans leur corps pompent toute leur énergie. Épuisés les deux humains s’endorment.
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Grâce aux entraînements de Heru Ur, Lidrya se réveille en premier. Son visage lui fait de nouveau mal, ses doigts bougent. Le vaisseau a disparu, elle se trouve dans la salle où William l’a enfermée. Devant elle, son ravisseur commence tout juste à s’agiter dans son sommeil. Sur la droite de Lidrya, sur la gauche de William donc, un portail vers Meborack attend, grand ouvert.