Finalement, après que j’ai failli tout gâcher, la soirée reprend son cours et agréablement. J’aime le fait qu’il me parle de lui, de la façon dont il a grandi, de ses proches. Je suis triste pour les épreuves qu’il a vécu. Il a beau tout réussir professionnellement, il semble bien seul au final. On a peut-être ce point commun après tout.
La famille c’est sacré oui.
Je lui souris. C’est un peu hypocrite venant de ma part, sachant que je suis partie trois ans loin d’eux, sans appeler tous les jours pour donner des nouvelles. J’avais besoin de temps pour moi et ils ont été très compréhensif. De toute façon, ils n’oseraient pas dire le contraire de peur que je parte à nouveau. Cela me rend encore plus coupable d’envisager de prendre à nouveau le large. Il n’y aurait pas les Infiltrés, je ne serais déjà plus là. Mais partir et cette fois sans Swann, ce n’est pas forcément une bonne idée. Je sais ce que font les Templiers aux initiés. Je l’ai appris à mes dépends.
Non pas du tout. Il est parfois nécessaire de faire des choix pour notre bien. Ce divorce ouvre une nouvelle page de ta vie. Tu es libre de faire tout ce qu’il te plait, et tout ce dont tu as envie.
Je ne veux pas dire qu’on n’est pas libre lorsqu’on est marié, mais on ne peut plus se permettre d’être égoïste. Nos choix ne sont pas les mêmes et ce n’est pas pour autant qu’on les regrette. C’est juste différent.
On parle de ses parents décédés, c’est triste, mais viennent d’autres sujets beaucoup plus légers. On rit, on partage, on se souvient, on se promet. La soirée est agréable et je passe un bon moment. Je n’arrive cependant pas à lui répondre sur l’endroit où il devrait vivre.
J’habite un petit quartier d’Henderson, c’est vraiment agréable, mais ça n’a rien à voir avec la ville. Tu sembles beaucoup sortir pour ton travail. Peut-être qu’un appartement en ville te correspond mieux. Je me mets à rire, un peu gênée.
Je suis désolée, je ne te suis pas d’une grande utilité.
Au final, cette soirée m’a aidé à mieux le connaître, mais pas encore assez pour pouvoir lui répondre avec certitude. Ce n’est pas bien dramatique, nous avons encore le temps. Sa spontanéité me fait craquer, beaucoup plus que lorsqu’il est là à tout contrôler. Je me mets à rire. Je ne vais quand même pas lui dire comment il devrait s’installer. Je finis dans ses bras alors qu’il veut en savoir plus. Nos regards plongent l’un dans l’autre, mais trop pétocharde, je ne l'embrasse pas alors que j'en ai envie, plus que tout à l'heure.
Je suis d’accord.
Je reprends mes distances, attrape mon sac et prends la direction de la porte. Je me retourne tout de même avant de la franchir.
Tu voulais te faire un avis sur Henderson et connaître mes goûts ? Alors suis-moi.
J’ai un grand sourire. J’ai l’intention de conduire, mais s’il n’est pas rassuré, on prendra un taxi. Le long de la route, je lui parle d’Henderson, et je l’informe tout de même que c’est une maison de filles. Je lui explique que j’ai eu des colocataires, mais plus maintenant. Je ne lui parle pas trop de Lindsey, Lidrya et Swann. Il sait juste qu’elles sont mes amies.
Le temps passe vite, on est déjà arrivé. J’entre pour allumer les lumières et le laisse me suivre d’une petite révérence.
Mi Casa es su Casa
Je prends sa veste et retire mes chaussures pour la première fois, ce qui me fait perdre une dizaine de centimètres et je l’attrape par la main pour qu’il me suive. On arrive dans un grand salon séjour, mais c’est pas là où je veux l’emmener. Il peut quand même voir quelques photos de Lidrya, ou de Lindsey, mais pas de Swann. Bizarre tiens.
Les amies dont je te parlais.
Je ne veux pas lui dire ce qui est arrivé à Lindsey, je n’en sais rien. Quant à Lidrya, je ne compte pas révéler sa vraie nature.
La nuit est belle, on va un peu dehors ?
En passant, je prends par la cuisine pour sortir une bouteille de champagne. La nuit est belle, il faut en profiter.
Tu voulais voir les avantages d’Henderson.
Je retire ma robe alors qu'il a le regard ailleurs. Oubliez l’idée que je le fais avec sensualité. C’est plutôt comme retirer un vieux pansement bien collé. Je me dis que si je réfléchis trop, je ne le ferais jamais.
Et je voulais voir si tu savais t’amuser.
L'air mutin, je me mets à rire et file dans l’eau, me fichant bien de la dentelle que je porte.
Ne me dis pas que tu ne sais pas nager.
Je fais du sur place, attendant qu’il me rejoigne... s'il ne le fait pas, je reste dans l'eau quand même.