J’étais anxieux. L’échec serait une énorme perte de temps. Faire changer d’avis au maire me prendrait du temps, beaucoup de temps, quel que soit le moyen utilisé pour parvenir à mes fins. Mais finalement l’appel fit vibrer le téléphone. Nous avions rendez-vous avec le maire pour finaliser les derniers éléments avant le lancement d'une des campagnes. L'un des projets s'étaient dégagés et avait même reçu l'unanimité. J'ignorais encore lequel. Les trois projets avaient un potentiel. Le maire avait du s'exprimer et tout le monde avait fait le même choix que lui. Comme par hasard.
Bien passons au cas Dawn Ludlow. J'attendis encore quelques heures avant de lui envoyer un SMS. Je savais que ce matin, elle assistait à cette réunion, mais je n'en ferais pas part. Tout ce que je savais, c'est qu'elle n'était pas allée courir ce matin.
Mais bien sûr, si je t'avais envoyée boulée, je suis certains que tu aurais tiré une drôle de tronche, mais passons. Je vais lui lancer un petit compliment. Mais il est bien choisi surtout quand on sait le désert affectif qu'elle traverse.Historique de discussion a écrit : E.O.>Bonjour, est-ce vous que j’ai aperçue courir le long du parc ce matin ? Edouard Osoto.
D.L.>Bonjour Monsieur Osoto. Désolée, ce n’était pas moi. Comment allez-vous ?
E.O.>Très bien, merci ! Le cabinet du maire vient de me contacter pour discuter du lancement du projet. Je vous aurais bien appelé avant, mais je ne voulais pas interférer pendant les délibérations.
D.L.>Oui, je suis au courant. Je suis contente pour vous. Et pour notre ville aussi. Je crois en ce projet.
D.L.>Vous avez bien fait, j’aurais très bien su séparer la partie personnelle et professionnelle, mais je ne suis pas certaine que mes collègues l’auraient compris. Je vous remercie.
E.O.>Oui, j’ai remarqué et apprécié que vous n’abordiez pas mon divorce, même lorsque nous avons eu une dizaine de secondes, seul à seul.
D.L.>Je ne me serais jamais permise. Il est vrai que je me suis inquiétée pour vous, mais je connais l’importance de la discrétion. Et puis, j’imagine que si les choses s’étaient passées différemment, vous ne m'auriez rien dit.
D.L.>J’ai été témoin malgré vous de ce coup de téléphone. Je ne savais pas si vous vouliez encore en parler avec moi ou faire comme si rien ne s’était passé. J’aurais compris et j’aurais fait comme vous vouliez.
Pour le coup, elle me fait rire. Bien une gonzesse, tient ! Elle imagine même pas... mais elle veut savoir. Ah la la la... Allez, profitons-en pour la surprendre en étant très direct. Si je veux qu'elle fasse ce que je veux, je dois me montrer directif sur certains points dès le début.E.O.>Vos amis ont de la chance.
D.L.>Je ne sais pas, je ne suis pas tous les jours facile. J’ai mon caractère.
E.O.>C’est ce que me rapporte votre associé, j’ai oublié son nom. Celui qui est un peu … on va dire peu correct avec la gente féminine.
D.L.>Oh, je vois. Il a raison. Sur tout ce qu’il vous a dit…
D.L.>Je plaisante. Je n’imagine même pas ce qu’il a pu vous raconter…
D.L.>… Je peux savoir ?
Elle se fout de ma gueule ?E.O.>Que faites-vous ce soir ?
D.L.>Je dois regarder mon agenda…
Mes associés allaient fêtés cela entre eux. Je leur avais laissé une carte de crédit de l'entreprise. N'allez pas croire que j'étais généreux, je voulais simplement qu'il y ait des traces comptables de cette sauterie pour me défendre plus tard. Des fois que le maire change d'avis. En sortant de la douche, j'appelais un contact et je lui demandais des informations sur les dernières saloperies balancées par Bridges, je devrais être crédible. Il avait un langage très... poétique. Cela me donnait des idées. Je vais la tester, la provoquer en lui rapportant ce qu'il invente. Faisons-la rougir !D.L.>Je plaisante. Rien d’important, je peux me libérer.
D.L.>Que proposez-vous ?
E.O.>Eh bien vu les compliments que j’ai entendu à votre encontre de notre ami commun, il voudrait mieux un endroit discret. Nous avons déjà fait l’exposition sur les Aston Martin (j’ai d’ailleurs appris que vous l’aviez visitée plusieurs fois avant, merci d’avoir accepté).
E.O.>Je crois qu’il y a un cinéma en plein air. Attendez j’ai un prospectus, je le cherche et vous l’envoie.
D.L.>Ne cherchez pas, je sais où c’est. On ne va pas y aller à deux voitures et je pense que la limousine ferait mauvais genre. Que diriez-vous que je passe vous prendre ?
D.L.>Si vous faire conduire en Aston Martin ne vous dérange pas.
E.O.>Ne vous inquiétez pas, j’ai le coeur bien accroché !
D.L.>Attention, je vais prendre ça pour un défi !
E.O.>Bien … je vais manger léger alors ! J’ai toujours mes bureaux au Mandarain. Il me porte chance ce casino. Certainement parce que je n’y joue pas un cent ! À tout à l’heure ! Je vous laisse le choix du film, je suis très mauvais conseiller. Vous m’enverrez l’heure à laquelle je dois descendre. Quoi que j’entendrais peut-être les pneus crisser !
D.L.>Oh malheur ! Vous n’imaginez pas ce que vous me demandez. La dernière fois qu’on m’a demandé de choisir un film d’action, je suis revenue avec “Seul au monde” avec Tom Hanks. Je ne connais même pas vos goûts. Vous pourriez ne pas aimer. Je n’ai pas envie de vous faire passer une soirée à mourir d’ennuis. J’ai envie de vous changer les idées.
E.O.>Je ne connais ni “Tom Hanks” ni “Seul au monde”
E.O.>Mais la soirée me changera forcément les idées.
D.L.>Bien, vous me rassurez. Je vous préviens dès que je sais à quelle heure je viens vous chercher. A plus tard.
E.O.>Parfait ! J’ai hâte de découvrir Tom Hanks !
D.L.>MDR
Je posais le téléphone sur le lit après avoir mis le haut-parleur. J'écoutais attentivement tout en choisissant un costume gris clair avec une chemise de bonne facture. Je n'avais que des chemises à boutons de manchette. Je cherchais donc un bijou peu ostentatoire. L'argent irait très bien. Je ne fermais pas la chemise, ni ne mettais de cravate. Décontracté, mais pas trop.
Nous raccrochions. En attendant des nouvelles de ma proie, je consultais mes mails et attendais un retour de Sloan Monroe. J'épluchais ces comptes pour analyser la moindre dépense et deviner ce qu'elle faisait de mon argent. Il y avait assez pour qu'elle prenne la poudre d'escampette. J'avais mis quelque verrou quant à un retrait complet ou un versement sur un autre compte. Mais je savais que je ne risquais rien. Cette femme se droguait à l'adrénaline. Je la payais pour exercer sa passion. Il n'existait pas de meilleure fidélité.
Je recevais l'heure du SMS. Je pris l'ascenseur pour avoir une dizaine de minutes d'avance et me retrouvais donc sur le perron V.I.P. Depuis quelques semaines déjà, je sympathisais avec les employés. Je me forçais, je ne les appréciais pas et j'avais du travail. Mais cela devait me servir pour le plan Dawn Ludlow. Quand elle arriva, je discutais avec un des voituriers et nous arborions tous les deux un grand sourire.
« Vous connaissez Mademoiselle Ludlow ? » Il l'avait reconnu à sa voiture d'abord. Je dois dire qu'elle était jolie. La voiture. Ok, la conductrice aussi.
« Oui, j'ai cette chance. Bonne soirée David ! » Je lui laissais un billet de cent dollars en prenant soin de le plier pour qu'on ne remarque pas le montant. Sauf Dawn, forcément. Tout était calculé.
Il m'avait ouvert la portière. Je ne voyais que les jambes de Dawn, mais mes yeux glissèrent sur son visage sitôt j'étais installé.
« Je voulais faire une blague sur l'Airbag en montant dans la voiture, mais je l'ai oubliée. Vous êtes plus très élégante. Ce sourire vous va à ravir. Vous êtes plus souriante qu'avant de commencer la réunion. »
Je bouclais ma ceinture. Mais j'évitais une blague lourde
« Bien ! Alors parlez moi de ce Tom ! »