Trois petits coups timide à la porte :
« Entrez ! »
Une collègue m’arrache à ma colère. Nous discutons de son planning. Je l’ai engagée pour organiser les expositions de notre musée. Sa présentation m’ennuie. Je me contrefous de l’art Nephilim. Seuls les artefacts et leurs promesses de puissance m’intéressent. J’ouvre le carnet sur lequel Dawn s’est attardée et le retourne pour qu’elle puisse se pencher dessus.
« Je préfère ces toiles pour la première exposition.
— Mais, je… il s’agit d’oeuvre du XIXème, pourquoi voulez-vous...
— parce que je vous l’ai demandé. »
Ma voix claque, de quel droit cette chienne me répond-elle ?
« Bien Monsieur Osoto. »
Je tiens à ce que les choix de Dawn lui apparaisse. Je n’ai plus de nouvelles, mais elle va revenir et je veux la transformer. Je veux cette complicité inavouable.
« J’ai rendez-vous avec Déphaïne O’Faïn, une collectionneuse hors paire.
Les éloges sur mon assistante m’écœurent. Je n'ai pas besoin de supporter ces miévreries, ce seront les visiteurs du musée à qu'elle devra convaincre :
... une artiste exceptionnelle. Je pourrais lui en parler.
A-t-elle oublié qu'il s'agit aussi d'une préteuse sur gage...
— Quand ça ?
— D’ici une heure…
— Nous irons ensemble.
— Bien, Monsieur Osoto. »
Je n’ai pas confiance en cette femme. Je suis en colère et quand je suis en colère, je préfère gérer les choses moi-même et puis je dois trouver une occupation. Je suis las d'attendre une réponse de Dawn Ludlow.
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J’ouvre la porte avec galanterie à mon assistante, mais je réfléchis déjà à la faire remplacer. Elle ne me plait pas. Son visage ingrat, sa taille aussi haute que large m'évoque une boule de bowling plus qu’à une femme. Son parfum empeste les livres poussiéreux. Je n’aime pas travailler avec des collègues aussi laids. Leur charisme joue tellement contre eux qu’ils doivent travailler plus pour obtenir les mêmes résultats.Je respire uniquement quand elle s’est éloigné de moi. Elle s’adresse immédiatement à un employé, alors qu’il y a tellement à observer. Cette femme me navre. Je n’en peux plus. Ce soir, je la licencie.
Je la laisse à ses occupations et visite les lieux. L’architecture me plait, ces jeux de lumières naturelles sont savamment orchestrés et mettent des œuvres en avant. J’observe, un encrier dans un présentoir, il me rappelle un artefact. J’ai enquêté, creusé. Je sais simplement que la plume a appartenu à Oscar Wilde. C’est peu, trop peu pour la tester.
J’entends la voix de casserole de la grosse boule de bowling s’enflammer et brûler d’éloges étouffantes et oppressantes. Qui accueille-t-elle de la sorte ? Je l'imagine levant les bras, les aisselles pleines de transpiration.
Je continue mon exploration. Même si je lui ai ouvert la porte, je ne suis jamais présenté comme l’accompagnant. Je n’ai pas envie d’être associé à elle. Mais il le faudra bien. J’ai commis une erreur. J’aurais dû prendre sa place, j’aurais dû la licencier quand elle m’a demandé pourquoi je changeais ses plans. Elle m’énerve, je suis déjà énervé, flinguez-la. Je lève les yeux pour découvrir qui elle accueille avec ses compliments empestant l’hyprocrisie. Ils sont si flatteurs qu’ils ne peuvent être sincères. Un homme. Cette idiote n'a même pas réussi à obtenir un rendez-vous avec la gérante. Quel boulet ! J’aurais dû l'attacher à un boulet aussi gros qu’elle et la jeter au milieu du lac Mead... Je le sais pourtant : ne jamais déléguer les missions diplomatiques...