… Es-tu fâché ? Je te vois soupirer. L'inquiétude sort la tête de sa coquille. Je sens que je suis allée trop loin. Ne jamais délier cette fichue langue. Je me déteste. Le contact est maintenu et me ramène à Lui. A quel moment tout à basculer ? Je maudis ces visions. Moi également d'être aussi faible. Je commence à divaguer dans le nocif, mes perles se perdent dans son océan quand soudain, ses doigts se resserrent autours de mes poignets. C'est suffisant pour revenir à Lui. Je n'ose bouger. Mon regard est hypnotisé par le sien. Je n'arrive pas à m'en défaire. Et je ne le veux pas. Je crois que quelque chose mue en moi... L'interdit. Toujours et encore se joue de moi. De mes tourments et sentiments. Il faut que je refoule tout ça... Il le faut. ' Écoute-moi. Je n’ai pas besoin d’être protégé, Helle. Ni par toi, ni par personne d’autre.' Ses mots me piquent. Je fais la moue. C'est une chose qui ne changera pas. J'ai la fibre boudeuse...Et je continue de le penser. Il a besoin qu'on le protège. De ce que j'ai vu dans ma vision... J'en soupire à mon tour. Non... Comment pourrais-je l'aider ? Il se battait contre un double, à quelques détails prêt. Je ne saurais l'affronter moi-même. Ma nature humaine me rend fragile. Un bouclier ? Son bouclier de chair. Je garde cette idée farfelue pour moi. Il n'accepterait jamais ce genre de sacrifice... Est-ce pour cela que j'étais blessée ? Ma vision me gêne à ne pas comprendre. J'ai bien saisi que je n'aurais pas de réponse valable ce soir. Je ne suis qu'une particule paumée dans tout ce brouillard...
'Contente-toi d'aimer...'Mais je...'S'il te plaît.'Mon cœur se gonfle à nouveau de cette sensation particulière. Je me contente d'hocher bêtement la tête, incapable de sortir un son. J'approuve. Je peux lui offrir cet amour qu'il demande... seulement il semble se transformer sans que je puisse être Reine de la situation. Je ne contrôle rien. Un geste tendre de sa part est suffisant pour raviver ce feu qui c'était endormi dans mes entrailles. Je repousse cette pulsion tant bien que mal, me concentrant sur les mots qui suivent. 'Ce qui devra arriver arrivera.' J'hausse mes sourcils. Voilà une drôle de philosophie où se cache une sagesse. J'en suis surprise... Advienne que pourra. Je ne sais pas si cela me convient mais je prends le Tout sans trop me poser de question. Le futur est encore loin... Profiter de l'instant. Oser un souffle. Vivre, tout simplement.
A tes côté, j'ai l'âme à nue.
Il me ramène contre lui. Je n'oppose aucune résistance. J'ai besoin de cette étreinte. Mes mains passent dans son dos pour se nicher à ses omoplates. Je le presse doucement contre moi. Sa peau nue et froide me procure un cocon réconfortant. Et les mots qu'il me confie font résonance dans ma tête, dans mon cœur jusqu'à atteindre ce que j'ai de plus précieux: mon âme. Elle est toujours intacte bien que saupoudrée de doré et de sombre. J'en ferme les yeux. Ma bouche s’élargit en un sourire rassuré. Il m'aime comme un père aime sa fille certes, mais il m'aime (dois-je seulement m'en contenter?). C'est un merveilleux cadeau. J'essaie de m'en convaincre. 'je te l’ai déjà dit. Je ne partirai pas' Tu me le promets? Je ressert l'étreinte. Quoiqu'il arrivera, il m'aimera jusqu'à la fin... Il n'y a pas plus belle consolation.
Il rompt le contact. Je me vois reculer tout en laissant glisser mes mains le long de ses reines. Je cligne des paupières, accrochant mes perles aux siennes. Je le sens plus chaleureux. Je lui offre le plus doux des sourires. Si tu savais comme je m'en veux de ne pouvoir t'en dire d'avantage. Tu dois avoir ce goût d'inachevé. J'en suis si navrée...
'Il faudrait que tu essaies de dormir…'
Dormir ? Comment le pourrais-je ? J'ai toujours cette crainte de fermer les paupières après une vision. La peur qu'elle me reprenne et m'enferme dans cette vague de cauchemar dont je subis les revers. Quand bien même Enki soit l'un des principaux protagonistes de ce rêve, je n'ai pas envie de le voir blesser... ou pire. Je crois que je ne m'en relèverais pas. Je sens ma gorge qui se compresse et mon sourire se faner. « Je vais essayer. » Sans grande conviction. Je sais déjà que l'appel de l'oreiller sera compliqué à apprivoiser. J'inspire lourdement, comme si la difficulté passait par cette appréhension de l'inconnu. Je baisse un instant les yeux sur mes cuisses nues. Résignée. ' Je peux rester, mais seulement si tu en as envie' Je relève aussitôt mon regard sur lui. Incrédule par sa proposition. Il est sérieux ? Bien sur qu'il l'est. J'ai le sourire aux lèvres tout en hochant ma bouille. Sa présence à mes côtés ne peut être qu'apaisante. Il veillera sur moi... comme je veillerais sur lui s'il part dans les bras de Morphée avant moi.. « J'en ai envie. » Que je trouve enfin à dire. Je ne suis plus une enfant, mais j'ai toujours ce besoin de lui. De sa présence. Si cela pouvait être le cas toutes les nuits... peut-être que ferais-je moins de cauchemar ? Je prend alors sa main de quelques doigts tandis que je glisse enfin de ses genoux pour aller à la rencontre du matelas. Le tissu de ma nuisette se froisse dans le mouvement mais ne découvre rien de compromettant. Je tire un peu son bras pour mieux le relâcher ensuite. « Viens... » C'est un mot soufflé. Mon corps se tortille et fais sa place. J'ai déjà le dos contre le mur, je tapote ma paume à mes côtés, douce invitation. Je suis partagée entre l'excitation de l'avoir près de moi et la crainte de rechuter dans l'abysse.
Mais tu es là n'est-ce pas ?
Alors... rien ne peux m'atteindre.
Retiens le jour... [Enki]
Il n’y a qu’un secret qui puisse la rendre aussi téméraire, je le savais. Et force est de constater qu’elle souhaitait garder les lèvres scellées sur le sujet. Ce soir, je n’en saurais pas plus. Arrière-goût d’inachevé, pour sûr. Mais je ne comptais pas en rester là, ce brouillard était plus que désagréable. Je saurais le chasser les premiers temps, mais jusqu’à quand tout ça pourrait encore durer ? Je me savais patient, résistant aux intempéries que la vie avait à m’offrir… globalement. Pas indemne, mais endurant. J’avais encore un peu de volonté à puiser. C’était ça ou la porte se refermait, j’en étais bien conscient.
Je sens pourtant que mes mots, bien que brûlant de leur seule froideur, parviennent à la rassurer.
La perspective de la reprise du son cycle du sommeil, en revanche, ne sembla pas maintenir cet état. Au contraire, elle sembla aussi motivée qu’à l’idée d’aller faire dix fois le tour du quartier en pleine nuit. « J’en ai envie. » J’eus apparemment raison de lui offrir mes bras et ma présence pour le reste de la nuit. Je ne sais pas lequel d’entre nous sombrera en premier, ni si j’allais réussir à supporter ce parfait silence qui allait nous envelopper. Le manoir avait le bois vivant, craquant de temps à autre — tout ce qu’une maison pouvait offrir, si elle avait un tant soit peu d’âme. Mais ça ne m’avait jamais suffi. J’allais devoir me contenter de ce souffle de vie à mes côtés — elle se retire. D’un geste, elle remonte vers son oreiller, me lâchant la main au dernier moment.
« Viens… » et mon sourire se réchauffe, s’apaise. Ce n’est qu’à cet instant que je la rejoins, me faisant glisser sous les draps avant de nous en recouvrir.
Puis un murmure…
« Repose-toi… »
Je subis une sensation de déjà-vu. Siam. Je balaie cette vision peinte de sang et de soufre en fermant mes paupières un instant.
Doucement, je lui fait retrouver son dos contre le matelas et finit par l’étreindre.
Un baiser sur sa tempe, des mots soufflés sur son visage comme seule bénédiction.
« Repose-toi. » Parce que demain, tout changera.
Je sens pourtant que mes mots, bien que brûlant de leur seule froideur, parviennent à la rassurer.
La perspective de la reprise du son cycle du sommeil, en revanche, ne sembla pas maintenir cet état. Au contraire, elle sembla aussi motivée qu’à l’idée d’aller faire dix fois le tour du quartier en pleine nuit. « J’en ai envie. » J’eus apparemment raison de lui offrir mes bras et ma présence pour le reste de la nuit. Je ne sais pas lequel d’entre nous sombrera en premier, ni si j’allais réussir à supporter ce parfait silence qui allait nous envelopper. Le manoir avait le bois vivant, craquant de temps à autre — tout ce qu’une maison pouvait offrir, si elle avait un tant soit peu d’âme. Mais ça ne m’avait jamais suffi. J’allais devoir me contenter de ce souffle de vie à mes côtés — elle se retire. D’un geste, elle remonte vers son oreiller, me lâchant la main au dernier moment.
« Viens… » et mon sourire se réchauffe, s’apaise. Ce n’est qu’à cet instant que je la rejoins, me faisant glisser sous les draps avant de nous en recouvrir.
Puis un murmure…
« Repose-toi… »
Je subis une sensation de déjà-vu. Siam. Je balaie cette vision peinte de sang et de soufre en fermant mes paupières un instant.
Doucement, je lui fait retrouver son dos contre le matelas et finit par l’étreindre.
Un baiser sur sa tempe, des mots soufflés sur son visage comme seule bénédiction.
« Repose-toi. » Parce que demain, tout changera.
— MEMENTO MORI —
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