Nephilim

Neophim ne veut plus, il ne souhaite plus…son esprit en colère connait une férocité dont il ignorait tout jusque-là. Il ne peut plus accepter de faire ce que ses frères veulent, il a choisi la voix de l’humanité, de la protection, pas de la fourberie et de la ruse médiocre. Vaeliel a eu raison de ses craintes, ou plutôt de cette peur de ne pas être à la hauteur, mais au fond, il a compris, qu’il ne devait pas être à la hauteur de leurs attentes, mais de celle de leur Père. Il est sûr et presque certain, de ne pas faire partie de la meute de guerrier, il n’en est pas apte, son chemin est celui d’un gardien, c’est le mortel qu’il veut protéger, sur qui il veut veiller et l’Amour de leur Père dans le cœur lui confirme, si l’on peut dire.

L’esprit agité et soucieux, Neophim est assis dans sa chambre, sur le lit, cette fois, exit les indications avec des animaux de compagnie, il a utilisé le téléphone de l’endroit pour appeler la jeune femme sur son portable, lui demandant de le rejoindre. Il a besoin de voir Sérénity, pour savoir si elle va bien. Il se fait du souci pour elle, comment son installation à Vegas a pu se faire, séparés par le dôme, cela désole le cœur fragile de l’angelot, mais il est désormais plus que certain de son chemin. Ce n’est pas celui de servir les idées de ses frères ou de ses sœurs, mais de veiller sur les mortels comme Zakiel le fait, c’est son rôle de Gardien…

Sortant de la salle de bain, l’ange ne porte qu’une serviette éponge autours de sa taille, le corps ruisselant d’eau encore, il inspire. On lui a dit que souvent, une douche fait du bien et apaise, mais il est toujours tendu, la mâchoire serrée, les yeux froncés, cette fois, il ne se trouve pas dans un petit motel de petite ville, il a pris le premier venant à Denver, un de ceux qui servent pour les conférences importantes d’hommes et de femme d’affaires. Le chérubin est en colère, un sentiment nouveau dont il n’a jamais fait l’expérience aussi fortement, elle s’agite en lui comme une pensée sournoise, dont il n’arrive pas à saisir la présence.

Il s’habille, jean et t-shirt, finit par enfiler ses baskets et sors de sa chambre. Ses boucles châtains toujours lourdes d’eau, il secoue la tête et y passe sa main, avant de refermer la porte avec la clé magnétique. Est-ce qu’il est suivi par des Nephilim ? Il l’ignore, et quand bien même, il ne leur veut rien, il ne leur a rien demandé, son rôle n’est pas de les affronter et il a fallu qu’il aide à faire du mal à des mortelles, pour le savoir. Il s’en veut pour cela.

A la réception, il vient demander s’ils savent où il peut trouver un piano bar, on lui indique qu’il y en a un dans l’hôtel pour les réceptions, prêt à payer pour l’utiliser, on le conduit sans supplément à la salle. On l’y laisse, en lui indiquant de prévenir quand il en aurait fini. Neophim ne se doute pas que le concierge l’a reconnu, fin amateur de musique, ni même qu’il ait reconnu Nicolas Beaumont. Trop occupé dans sa pensée à vouloir libérer sa colère, il s’installe au piano et joue quelques notes pour s’habituer à l’instrument nouveaux, avant de correctement s’y mettre.

Il sort de sa poche une cigarette qu’il glisse entre ses lèvres, le cendrier attrapé sur une table, il allume le bâton de tabac, avant de laisser ses doigts filer sur les touches. La musique de Neophim filtre rapidement par la porte laisser entrouverte, si l’on peut sentir cet amour divin en fond, il y a un autre sentiment qui s’en dégage, une sorte de reproche colérique pour ses semblables, qui rends la mélodie vive et brusque, emportée par des mouvements rapides et des suites rapides, mais tout simplement bénéfiques pour l’angelot en colère.

Quête achevée: Etape 2, cessez d'avoir peur.

Suis-je ou non Skjaldmeyjar ? Ais-je passé les épreuves, suivit la formation ? Ou suis-je recalée ? A la recherche d'une autre voie au sein de la société de Vegas ? Peu importe au fond. Je trouverais toujours le temps de m'envoler vers Nicolas. Il s'est passé quelque chose. Il en a été le témoin impuissant. Je le sais. Là-bas au fond de la clinique animalière. Forcément. Le chat, la rousse et ce monstre de brutalité. Les morts... vites étouffés par les autorités de Vegas. Mon pauvre ami, si peu au fait de la violence et de ses aléas.

J'ai quitté la ville en m'assurant de ne pas être suivie. Sous aura humaine bien évidement. Sympathiquement prêtée par un jeune homme auprès de qui j'ai passé quelques minutes plus que chaleureuses. Puis direction Denver. Dans le train je lis sans dépasser les premières pages. Mon esprit revient sans cesse à l'appel de Nicolas. J'ai sentis sa colère sous-jacente. Je m'interroge encore et encore sur qui mérite ainsi son ire.

Arrivée à l’hôtel je n'ai pas besoin de demander mon chemin, Gardienne me guide obligeamment. Puis la musique. Il frappe les touches avec respect, comme toujours, mais c'est sec. La mélodie flotte, enveloppe, caresse câline tandis que certaines notes frappent, inattendues, mouvement fulminant. Instinctivement mes pas se calquent sur la musique. Je traverse la salle sur la pointe des pieds.

Debout derrière Nicolas, je passe délicatement mes bras de chaque côté de sa tête et vient ajouter mes propres notes sur un partage à quatre mains. Douceur et sincérité. Elles montent et se mélangent, presque invisibles comme mon parfum qui l’enjôle pourtant.

Mon souffle est un murmure à son oreille.

"Je suis là mon ange. Appuis-toi sur moi."

Je suis une mère, une amie, une amante... Je suis là pour toi. Je suis ton ange gardien.

A peine un sursaut prend Neophim au contact de la Nephilim, elle est ici, il reconnait son parfum. Il ne se serait jamais cru capable de cela, reconnaître une odeur, l’associer à quelqu’un et sentir un sursaut au fond de son cœur. Est-ce de la joie ? Ou de l’amour ? oh, rien de vulgaire ou de passionnel, quelque chose de pur et de profond, d’étrangement cordiale et de courtois. Il respire de nouveau, sa bouche au gout de nicotine, il la laisse jouer avec lui, improvisant encore ces notes pleine de colère, animée par ce sentiment neuf et puissant. Trop, pour un caractère si doux tel que celui de Neophim.

Aux paroles de Anvesha, à ses mots, son corps tendus chute subitement, il tombe, contre elle, s’appuie et la musique prend ces airs finaux, s’éteignant sous ses doigts, jusqu’au silence. Essoufflé, il pourrait presque sentir son front humide perlé de sueur, sa mâchoire, toujours serrée, ses yeux baissés, il pose sa main sur la sienne et la ramène à son cœur. Silencieux, il ferme ses paupières et inspire, laissant son cœur fou, se calmer.

--Je suis … si… furieux. Si tu savais.

Mais ne l’a-t-elle pas compris, l’angelot rouvre ses paupières, cette fois, une larme coule, il n’a pas envie de fondre en larme, au contraire, mais le corps se relâche, une larme fuit, il se redresse un peu, détournant son visage vers elle. Il ne sait pas trop comment en parler, ni même par où débuter, sa bouche s’entrouvre sans un mot, il se résigne, se redresse et referme le piano.

--Je ne veux plus, c’est terminé ! Je me fiche de les décevoir, je me moque de ce qu’ils peuvent croire, je ne suis pas fait pour ça et je l’assumerais complètement !

Oui, complètement ! Qu’on se le tienne pour dit, il n’irait plus aider Vaeliel dans ses idées, il ne malmènerait ni mortel, ni animal pour faire ce genre de chose, au fond de lui, il souffre pour ce qu’il a fait à ceux-là et il se sent fautif plus que héro. Quel héroïsme de toutes façon ? Quel acte admirable a-t-il fait ? Il n’y a rien que de la petitesse dans ces actes, de la fourberie, et s’il n’accuse pas les Nephilim d’avoir plus de grandeur dans leurs coups, ce qui n’est pas le cas, il se sent médiocre et détestable d’avoir agis ainsi.

Quelle que soit ses capacités, il ne peut pas les mettre au service des Elohim, certes, maintenant, le fait est qu’un ange, peut rentrer sous le dôme, d’une certaine manière…peu importe, tant qu’ils ne sont pas au courant, il peut espérer survivre, tant qu’il peut retourner auprès des siens à Chicago pour le moment alors peu importe le reste.