Les souvenirs [Erika]

Son ambiance égyptienne cache un royaume feutré et discret. Mais derrière ces apparats se cache le clan des Izanaghis dirigés par Oishi Seijitsu et Djinn. Les Templiers pensent qu'ils y dissimulent l'artefact créant le dôme artificiel.
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Heru Ur

» 22 oct. 2017, 13:23

Après le départ des Originels, le silence assourdissant dérangeait Djinn. Quelques minutes plus tôt, les créatures les plus puissantes de la planète cherchaient des solutions dans la salle de crise. Ce qu’ils venaient de décider avait bien plus d’incidence sur le commun des mortels que toutes les discussions à la Maison-Blanche.

— Tient, qu’est-ce qu’il se passe là-bas, en ce moment ?

Djinn imagine Trump, ironiquement enfermé bien malgré lui dans sa forteresse. Les services de sécurité avaient dû prévoir 42 systèmes pour générer de l’électricité et ouvrir les portes du bunker sous-terrain, mais ils n’avaient jamais dû envisager que les lois de la physique changent. Son esprit vivace bifurque déjà vers Ravage, l’excellent livre de Barjavel.

De Blanche Rouget, l’héroïne aux yeux bleus du roman, il en revient à penser à Vesta et surtout à Erika. Exaspéré par sa propre réaction, il soupira.

— Et là c’est mieux ? Il répétait ses propos à Vesta. Ah pour paraitre ridicule, tu es fort Djinn. Un puceau de 16 ans aurait été moins maladroit.

Il joue avec l’ordinateur pour essayer une autre technique d’analyse de la surface de Washington. Encore un échec.

— Arthémys, vous… commence-t-il avant de s’interrompre.

Elle n’est pas présente, il lui a délégué beaucoup de travail, elle va devoir aider à l’organisation du sauvetage. Lui, il reste ici à centraliser les informations grâce à Jarvis.

— Comment avez-vous eu cette idée, Djinn ?

La voix de Jarvis provenait des haut-parleurs dissimulés dans les cloisons de la salle. Djinn lui avait donné le même prénom que celle d’un film, Iron Man. Il détestait l’IA de ce film, une IA qui faisait de la publicité pour Oracle, était une IA qui ne servait pas son propriétaire, mais une société tierce.

— Quelle idée ?
— Celle d’endormir les passagers des trains,
— Cette idée-là…


Il n’aimait pas manipuler les masses. Il agissait différemment, mais il avait peur de ce qui allait se produire. Si les humains ont vent d'exactions, alors ils se retourneront contre eux, contre Vegas. La première guerre civile avait failli avoir raison de la ville. Il ne voulait pas risquer cela une seconde fois.

— Un souvenir.
— Erika Hart ?


Djinn admirait le nouvel algorithme qui permettait à Jarvis de relier des éléments sans lien apparent. La théorie du chaos.

— Oui. Ce n’est pas ridicule, Jarvis ?
— Comment cela, Monsieur ?
fit la voix de l’intelligence artificielle qui avait finalement des limites sur les sentiments.
— Erika Hart, mon plus beau souvenir d’elle. Elle dormait, nue, la fenêtre ouverte avait soufflé les draps jusqu’au pied du lit.
— C’est sa beauté qui vous a fait penser à…
— Non, enfin si… disons : « aussi. » C’est surtout le souvenir d’une guerrière qui dormait à poings fermés et ma fierté mal placée.


La fierté d’un Nephilim mal placé ! Il avait cru qu’elle dormait profondément grâce à lui, parce qu’elle se sentait bien. Il prend toujours son changement de clan comme une trahison. Il se sent manipulé. Il se retourne et sursaute. Il pensait la pièce vide. Depuis quand était-elle là. Il ajuste inconsciemment le revers de son costume gris. Il tombait pourtant avec perfection sur lui. Elle était là depuis le début, il le parie.

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Erika Hart

» 22 oct. 2017, 19:15


Je me suis servie de mon pouvoir de téléportation pour ramener ceux qui le désiraient suivant les destinations qu’ils m’ont indiquées. Et j’aurai dû rentrez chez moi, mais je savais que je n’en avais pas terminé et qu’il était temps de crever cet abcès et de mettre des mots sur cette incompréhension qui avait trop duré, qui me rongeait autant qu’à lui. Je suis alors revenue au Luxor. Un lieu que j’avais connu jadis et mes souvenirs ne me faisaient pas défaut. Je savais … j’en étais persuadée qu’il serait encore dans cette même salle, encore à travailler devant ses ordinateurs, à peaufiner les derniers détails, à concevoir les moindres précisions. La maitrise et le contrôle de tout. Ne jamais lâcher prise, n’est-ce pas Djinn ?

Les couloirs grouillent encore de scientifiques et autres personnels et leurs regards se posent sur moi, mais aucun d’eux ne m’approchent. Certains étaient dans la salle de crise, il y a à peine quelques instants et ils me reconnaissent. La sécurité du Luxor et surtout celle des étages privés du clan des Izanaghis m’a toujours laissé perplexe. Pourquoi personne ici ne m’arrête ou me demande ce que ou qui je cherche ? Même s’ils ont déjà vu mon visage par le passé et aujourd’hui, personne ne s’en soucie. Cela me dérange que Djinn puisse être aussi insouciant sur sa propre sécurité. Aucune alerte, aucun détecteur de mouvement ou de chaleur ou bien plus encore, une invention à lui pour détecter une arrivée imprévue et non désirée ne me fait reculer, car il n’y a rien. Mes talons frappent doucement le sol qui me conduit vers lui.

J’aurai pu me diriger vers son appartement privé, mais je sais qu’il ni s’y trouve pas. Ho non, je n’ai aucun pouvoir de divination. Je le connais très bien, c’est encore plus puissant comme don. Il est là où je l’ai laissé. La double porte de la salle est entre-ouverte, assez pour que j’aperçoive sa silhouette familière et toujours aussi séduisante dans son costume gris. Ces détails sur sa prestance ne m’ont pas échappé, mais je suis restée discrète durant la réunion. Mon talon aiguille glisse entre les deux portes et je me cale pour entendre ce qui s’y passe. Je reconnais la voix de l’IA, Jarvis et j’écoute avec attention l’échange entre le maître et son œuvre. Mais, je ne me sens pas à mon aise, cachée. Je ne l’ai jamais fait et encore plus avec Djinn, même si je ne suis qu’une traitresse à ses yeux, jamais je ne me suis dissimulée à lui.

Ma main pousse lentement l’un des portes. Djinn est toujours occupé à discuter avec Jarvis sur l’idée d’endormir les passagers, et l’évocation d’un de nos souvenirs intimes me fige dans mon avancée. Je pensais, oui, qu’il m’avait oubliée, qu’il m’avait complètement balayée de sa vie parce qu’il aurait dû pour le mal que je lui avais fait sans le vouloir. Je pensais aussi que je l’avais oublié, mais je me rends-compte combien, j’ai été stupide de le croire. Je n’ai pas pu et je ne le pourrai jamais.

Même là, Jarvis ne détecte pas l’entrée « sans permission » d’un individu dans l’antre de son maitre. Il va peut-être que j’en touche deux mots à Djinn. Je ne suis qu’en apparence une femme en tailleur jupe mauve et chemisier blanc. Rien de bien dangereux … Mais il faut toujours se méfier … Et c’est à ce moment-là que Djinn se retourne et comprend que depuis le début, il n’était pas seul. J’avance enfin et je referme consciencieusement la double porte derrière moi. Je ne tiens pas à être dérangée. Et puis, si c’était le cas, j’ai d’autres possibilités, comme celle de nous téléporter dans un endroit où personne ne viendra troubler notre tête à tête. Je suis certaine que les Izanaghis me pardonneront d’avoir enlevé leur chef pour quelques heures, si je devais le faire, parce que je ne reculerai plus.

- Si tu te poses la question, de savoir, si je suis là depuis un moment, la réponse est oui, mais il aurait été impoli de ma part de rester hors de ta portée.

Le silence me met mal à l’aise alors j’essaye de rendre ce moment moins stressant pour nous deux. Je m'adresse alors à l'IA.

- Bonjour Jarvis.
- Bonjour Mademoiselle Hart, quel plaisir de vous revoir
- Plaisir partagé, Jarvis
- Justement avec Monsieur nous étions en train de parle de …
- Je sais, j’ai entendu.

Je sais aussi que la discussion ne sera pas facile. Je l’ai blessé, mais ce qu’il ne sait pas c’est qu’en croyant que je l’avais trahi, il m’a blessée aussi. Nous sommes fiers tous les deux, mais il faut bien que l’un de nous deux fasse le premier pas.

- Puis-je te parler Djinn ? Peux-tu m’accorder un peu de ton temps ?

Je ne sais même pas s’il va accepter ou bien me mettre à la porte. Il faut pourtant qu’on arrive à discuter, que j’essaye de lui montrer que je ne l’ai jamais trahi, qu’il m’écoute … un peu.
Je t’en prie Djinn …
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Heru Ur

» 22 oct. 2017, 21:58

Djinn jeta un coup d’oeil à droite puis à gauche. Ils étaient bien seuls, juste tous les deux, aucun autre témoin. La salvatrice Arthemis travaillait loin d’ici. L’adorable Archess avançait déjà quelques stratégies dans une autre salle. Erika avait évacué les derniers Originels. Personne ne les dérangerait.

Il n’avait pas envie de discuter avec Erika. Il attendait ce tête-à-tête depuis des mois, trois années en fait. Mais le moment venu, il voulait reculer. En regardant Erika, on comprendrait pourquoi sans hésiter. Un tailleur d’une rare élégance, un chemisier d’une couleur… Djinn se ressaisit, il ajuste les poignets de sa chemise mécaniquement dans l’espoir bien vain qu’elle n’ait pas suivi son regard.

— Tu…

Il s’arrête. Elle est magnifique, il la préfère ainsi que dans ses jeans, ses pantalons. Ses traits se crispent, cette tenue ressemble à celle d’une Infiltrée en mission, pas à la guerrière prompte au combat. Elle est encore plus belle de la sorte. Il réalise combien elle lui plait malgré tout. Pas seulement physiquement. Il l’aime toujours.

— Tu pouvais “allumer ton aura” pour manifester ta présence.

C'était un coup bas. Le ton est encore plus agressif qu’il ne l’espérait, mais il le regrette déjà au fond de lui. Elle avait fait un premier pas, il avait le second. En arrière ! Il devait sortir, mais n’avait pas la force de lui faire mal et de lui tourner le dos. Il lui avait fait mal, il n’en éprouvait aucun soulagement. Il serait plus simple de partir. Il ne pouvait pas laisser une Infiltrée l’approcher.

Son clan avait souffert du discrédit après les révélations concernant Oishi et Heru Ur. On prétendait même que Djinn était un Infiltré. Selon les plus optimistes, Erika Hart avait choisi le clan des Infiltrés après avoir quitté Djinn. Pour les plus pessimistes, elle en avait toujours fait partie, tout comme Djinn. La vérité aurait dû se situer entre les deux, mais le doute était semé. Une tempête avait secoué le clan et le secouait encore aujourd’hui.

Il leva la main en signe de reddition.

— Je n’aurai pas dû dire cela. Jarvis, laisse-nous seuls et efface sa venue de nos caméras.
— Monsieur, Mademoiselle Hart n’est jamais passée devant une caméra, mais je vous laisse seuls.


Il hésite, il aimerait l’inviter à s’asseoir à une table. Il lui propose un verre, ce qu’elle préfère et se dirige vers un réfrigérateur dissimulé au bas d’une armoire. Il sort ce qu’il faut et s’installe devant une table haute.

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Erika Hart

» 22 oct. 2017, 23:22


Djinn est un homme élégant et intelligent. C’est un scientifique, un esprit aiguisé dans un corps captivant. Il n’est pas formé aux combats, néanmoins il sait tout autant donner les coups que moi et celui-ci … Il fait mal lorsqu’il met en avant le fait que je cache mon aura grâce au don de Sariel et donc … de mon clan. Un clan que j’ai préféré à lui. Un choix qui a vu notre relation voler en éclats et trois années sans nous parler, sans nous croiser. Mon éloignement et mon changement radical pour rejoindre les Infiltrés ont secoué Djinn et les Izanaghis. J’ai entendu et je me souviens encore de tous ceux qui ont pu médire sur nous, encore maintenant. Je suis responsable et je m’en veux depuis. Je crois qu’inconsciemment, nous avons fait en sorte de ne plus nous rencontrer nulle part, de nous éviter. Mais cette solution n’était pas la meilleure que nous avons eu tous les deux parce que nous sommes encore là, au bout de toutes ces années à nous comporter de façon si froide, si distante. Les blessures ne se sont pas cicatrisées parce qu’elles ne le pouvaient pas, parce que nous avions été incapables tous les deux de mettre des mots sur ce qui nous touchaient. La fierté avant tout, pour lui et pour moi. L’éternité ne nous protège pas de cela.

J’avance encore dans la salle même si tout mon corps se contracte. Mon instinct de guerrière me dit de sortir d’ici, de le planter là. Tant pis ! Mais non ! Je ne le veux pas et je musèle ma fierté pour l’affronter, parce que c’est moi qui ai choisi de revenir ici, alors je dois assumer comme je l’ai toujours fait. Et puis, je ne suis pas là pour me battre, même mes vêtements sont en accord parfait avec ce que je veux : aucun combat, juste parler. Il s’excuse et je relève mes yeux vers lui. Même si je ne m’attendais pas à cette réaction de sa part, mon cœur reconnait bien là l’homme que j’ai aimé et que j’aime encore. Je lui fais un petit signe de tête, acceptant de repartir à zéro sur ce début de conversation. J’ai connu tant de combats, des épreuves douloureuses et je suis démunie face à lui.

Djinn demande à Jarvis de se déconnecter de la salle et d’effacer toutes les traces de mon passage devant une caméra. Comme je m’en doutais, aucune caméra n’a capté ma présence parce que la sécurité est quasiment de l’ordre du néant. J’accepte le verre qu’il me propose et je prends une vodka orange. Il prépare nos verres et je m’installe devant une table haute. Il me rejoint et dépose mon verre devant moi. Cette couleur m’a toujours rappelé les couchés de soleil.

- Merci

Je prends mon verre entre mes doigts et je le fais tourner lentement. Je dois me lancer, mais je n’ai pas la force de me mesurer à son regard bleuté.

- Je sais que mes mots te seront peut-être futiles après toutes ces années, et peut-être que je suis égoïste de vouloir te les dire … Tu n’as peut-être pas non plus envie de déterrer le passé, mais ce passé est bien différent de tout ce que tu as pu penser ou que tu penses encore.

Je souffle lentement pour tenter de faire disparaitre tout ce maelstrom d’émotions qui me gagne et là, je l’affronte … Je plante mes yeux dans les siens. J’en ai besoin.

- Je n’étais pas une Infiltrée quand nous nous sommes connus. Je sais que mon revirement a été brutal et c’est un choix que j’assume. Mais cela n’avait rien avoir avec toi, ni avec nous. Personne n’a jamais su pourquoi j’avais quitté les Skjaldmeyjar, même mes sœurs, je ne les ai pas mises dans la confidence. Je ne t’ai pas espionné pour les Infiltrés ou toutes ces bassesses qui ont été dites sur moi.
Djinn, c’est plus personnel que cela …


Je sais ce qu’il va me dire, du moins je m’en doute, que j’aurai dû me confier à lui, qu’on partageait tout alors pourquoi pas ça ?

- Il est arrivé à un moment de ma vie et il a bousculé tout ce que je pensais savoir. Je te parle de Sariel. Je n’ai pas choisi son clan pour son pouvoir même s’il est très important. Cet Originel m’a dévoilé des souvenirs, des instants de ma jeunesse … que seul mon père pouvait savoir. Alors, j’ai voulu le suivre, pour en apprendre plus sur lui. La réputation de Sariel n’est plus à faire, mais je devais savoir comment il avait obtenu ces détails si précieux…

Je m’arrête dans mon explication. Il y a encore beaucoup de choses à dévoiler à Djinn, mais je dois aussi lui donner du temps pour écouter et me poser des questions.
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Heru Ur

» 23 oct. 2017, 12:53

— Les mots ne sont futiles qu’à ceux qui ne veulent pas entendre.

Elle fuit son regard, elle ne parvient pas à soutenir sa présence. Sa colère grimpe, pourtant il sait qu’il en faut beaucoup pour impressionner Erika.

— Je ne sais pas si j’en ai envie d’entendre.

Il ne l’invite ni à parler ni à se taire. Ce n’est pas la lâcheté qui habite Erika. Elle détourne les yeux à cause de ses sentiments. Il aurait préféré qu’elle n’en éprouve pas. Il aurait pu laisser exploser sa colère.

— Comment peux-tu dire que ce n’est pas ce que je pense, Erika ? Tu n'as pas la moindre idée de ce qui me passe par la tête.

Lui-même, il ne le sait pas, il n’a d’ailleurs pas besoin de s’exprimer sur ce sujet. Mais il lui fait signe de poursuivre. Ne tenant pas en place, il s’éloigne et commence à faire le tour de la table de réunion. Il met de la distance pour marcher, car c’est le seul itinéraire possible. Il doit marcher. Loin d’être futiles, les mots d’Erika ont trop d’impact pour qu’il puisse les encaisser sans broncher.

— Tu assumes ton choix, mais c’est moi qui en assume les conséquences.

Il prononce ces mots en marmottant, c’est presque inaudible, les mots sont mâchés par la colère, ils ont dû se frayer un chemin au travers de ses mâchoires crispées. Ses sentiments nourrissent sa colère. Il aimerait l’embrasser et ignorer tout cela. Il s’en fout de son clan à elle, mais il a son clan à lui et il ne peut plus avoir de liaison avec elle sans le faire exploser. Son esprit s’est remis en marche à toute allure.

Elle s’interrompt après la partie la moins intéressante pour lui, mais peut-être la plus précieuse pour elle. Dommage, son amour fait qu’il pense à elle. Il aurait aimé savoir si elle a fait cela pour rien ou si elle a découvert ce qu’elle recherchait.

— Tu es une Infiltrée. Et moi, je suis infiltré. Tu saisis la nuance. Mon clan a volé en éclats quand Oishi a révélé son appartenance. Il voulait rester aux rennes du clan. J’ai dû le faire exploser en vol pour garder au moins la partie scientifique sous notre contrôle. Nous avons perdu toute l’Histoire du clan, tout notre Patrimoine.

Il soupire et lève l’index pour la défendre de l’interrompre, alors qu’elle n’en avait surement pas l’intention.

— Ensuite il y a eu Heru Ur. Cela a provoqué une nouvelle crise. Mais ce n’est rien comparé à ce que tu as fait. Les Izanaghis sont convaincus que tu es une Infiltrée de longue date. J’ai voulu les en dissuader. Ils ont alors douté de ma légitimité. Ils avaient raison. Au pire, j’étais un abruti aveuglé par ses sentiments. Au mieux, j’étais un Infiltré moi aussi. Ils bossent sur de grands projets, je maintiens la cohésion grâce à leur passion. Mais ils ont raison de m'accuser.

Djinn brise un crayon dans ses doigts. Il ne sait même plus où il l’a ramassé et plein d’encre s’écoule dans sa main.

— Ouais… Sariel contrôle tout ici, je n’ai aucun secret pour lui. Il sait tout peut-être même ce que j’efface volontairement de ma mémoire. L’informatique, Jarvis, tout, il contrôle tout.

Il marche vers elle d’un pas assuré, sans savoir ce qu’il fera une fois à sa hauteur, mais il soutient son regard quitte à lui redresser le menton pour qu’elle le regarde.

— Avons-nous fait une chose qui ne serve pas la cause ? Est-ce que je n’ai pas tout fait pour tes sœurs ? N’est-ce pas nous qui maintenons le dôme ? Alors pourquoi ton clan gangrène tout ?

Il a la politesse de ne pas dire ses « ex-sœurs », c’est quelque chose qu’on balance souvent à Erika, parait-il. Au moins il ne remet pas en cause ce qu’elle faisait du temps où elle les gouvernait toute.

— Tu as choisi le clan qui m’assassine, Erika. Parce que tu voulais des réponses ? C’est tout ?

Encore un crochet dans l’estomac d’Erika.

— Entre nous, si j’avais des questions sur Harahel, j’éviterais de chercher les réponses auprès de Sariel, mais tu fais ce que tu veux.

Dans l’esprit de Djinn, Erika et Raven étaient deux sœurs jumelles que le temps avait séparées. Raisonnant tel un scientifique, il n’a jamais écarté la quatrième dimension : le temps. Par contre, il a peut-être commis une erreur en prenant pour acquise la paternité d’Harahel sur Raven.

Il avait encore envie de parler. Il voulait laisser exploser sa colère, mais il se mentait à lui-même. Il se convainquait qu’il pourrait lever la main sur elle. Un pur mensonge. Quand bien même le ferait-il, Erika esquiverait les coups avant de le déboiter. Non ? Nous ne le saurons jamais, car, jamais, il ne lèvera la main sur la femme qu’il aime si fort.

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Erika Hart

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Erika Hart

» 23 oct. 2017, 16:56


Personne n’a vraiment envie d’entendre ce qui fait mal, ce qui blesse. Même nous, créatures éternelles, nous essayons de fuir ces souvenirs douloureux. Parfois on les enterre tellement loin dans notre cœur, qu’on oublie … Je dis bien parfois, parce que l’esprit se rappelle à nous et nous fait affronter la réalité de ce que l’on ne veut plus.

On m’a appris à me défaire de mes sentiments, à ne pas agir sur un coup de sang, à réfléchir bien avant que les émotions gagnent du terrain. C’est de cette manière que je suis devenue une guerrière et d’autres avant moi. Je n’ai aucune colère ni aucune rancœur envers Djinn. Il en a assez pour deux. Quelques soient ces mots assassins, je ne pourrai jamais le détester ni le haïr. Je ne donne pas mon cœur aussi facilement, et je ne le retire pas une fois qu’il est acquis.

- C’est vrai … je n’ai aucune idée de ce qui te passe par la tête … ni aujourd’hui, ni il y a trois ans …

J’aimerai qu’il m’explique, qu’il laisse éclater toute cette fureur en lui pour que je puisse enfin comprendre ces non-dits. Et c’est ce qu’il fait … Je savais que ça serait un moment dès plus pénible, je n’avais pas imaginé combien ça me serait si difficile de faire face à la vérité. Je le suis du regard alors qu’il fait les cent pas dans la salle, animé par cette agitation. Je ressens son trouble et ce bouillonnement en lui. J’écoute et je ne tiens pas à lui couper la parole. Que pourrais-je lui dire de plus ? Je ne connais que très peu Oishi. Même en étant une Infiltrée, je me rends-compte que j’ai toujours été solitaire, en retrait des autres. Je n’avais qu’un but, celui de savoir si Sariel était mon père ou pas. J’étais encore auprès de Djinn lorsqu’Oishi a montré sa véritable appartenance. Je sais que les Izanaghis ont perdu beaucoup. Heru-Ur a suivi après et puis ce fut mon tour. Je n’ai rien vu … J’ai été aveuglée par mes propres désirs, et j’ai laissé tomber l’homme que j’aimais pour tenter d’approcher des fantômes de mon passé.

Le crayon qu’il tient dans sa main se casse et cela me fait sursauter. Il a été accusé à cause de moi. On dit qu’on fait le plus de mal aux personnes que l’on n’aime sans le vouloir … Et malheureusement, je le pense en voyant à quel point, j’ai causé beaucoup de tort à Djinn. Je n’ai aucune défense, aucun argument à ajouter. Rien. Je n’ai pensé qu’à moi, en pire égoïstes et je l’ai lâché dans le pire moment qu’il soit. Son amertume n’est que le résultat de mes conséquences que je récolte. Il se rapproche de moi et je ne le fuirai pas. Ses doigts glissent sous mon menton et il me fait redresser la tête.

- Je ne sais pas … Je ne connais pas les plans de Sariel.

Un autre coup et j’encaisse de plus en plus difficilement. Je n’arrive même plus à lui répondre. Tous mes mots sont coincés au fond de ma gorge jusqu’à ce qu’un détail me fasse retrouver toute ma logique.

- Comment ça ? Pourquoi me parles-tu d’Harahel ? Qu’est-ce qu’il y a que je ne connais pas ?

Je ne comprends pas le cheminement de sa pensée … Ou alors, je ne veux pas le voir. Je me redresse un peu plus face à lui et je n’ai aucune intention de me défiler à son regard. Et je devrais aussi ne plus me défiler sur mes intuitions. Je ne l’ai jamais fait quand j’étais une guerrière. Elles m’ont toujours été d’une grande aide, pourquoi alors je ne veux pas suivre ces pressentiments qui grandissent en moi ?

- Je ne me suis pas rapprochée de Sariel pour avoir des réponses sur Harahel.

C’est à mon tour de m’éloigner de lui et de marcher dans cette grande salle. Je m’arrête, je tourne le dos à Djinn tout en croisant mes bras contre ma poitrine, comme si je venais de sentir un frisson effleurer ma peau et je fixe un point invisible face à moi.

- J’ai combattu avec mes sœurs pour la survie en Pachad. Nous avons suivi Harahel. J’ai cru en lui et je ne regrette rien, si je devais recommencer, je le ferais à nouveau. Je ne le connais pas plus que cela. Je l’ai revu aujourd’hui dans cette même salle. C’est tout … Et …

Je baisse ma tête, perdue pour la première fois. Mon esprit a deviné quelque chose durant cet instant où les Originels se sont tenus devant nous tous.

- Je ne sais pas … Je ne sais plus … Je suis devenue une piètre Nephilim. Je ne suis plus une Skjaldmey. Elles auraient tellement honte de moi. Je suis une égoïste qui n’a pensé qu’à elle depuis toutes ces années. Oui, tu as raison, je voulais avoir des réponses … Et je ne sais même plus si d’être une Infiltrée soit ma priorité. Le don de Sariel est important pour combattre les Elohim, pour ne pas être reconnue, c’est vrai. C’était aussi un point non négligeable. Mais je ne le possédais pas avant et je faisais très bien sans … J’ai couru après un fantôme, totalement aveuglée par ça … Et tu as pensé que je t’avais oublié … Si tu savais comme c’est faux.

Je ne t’ai jamais oublié. Non, jamais.
Je soupire amèrement d’avoir causé un tel gâchis, pour son clan, pour l’homme qui a défendu ses valeurs et l’héritage qu’on lui avait laissé, pour l’avoir tellement blessé. Je me retourne alors.

- Je suis désolée Djinn pour tout le mal que je t’ai causé.

Des mots simples, mais tellement sincères. Il ne me pardonnera peut-être pas et il aurait peut-être raison de ne pas le faire.

- Rien ne pourra effacer ce que je t’ai fait subir, ni tout ce que tu as dû supporter durant toutes ces années. Je ne voulais pas … tout ça …
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Heru Ur

» 24 oct. 2017, 21:24

Il lève un sourcil et son regard remonte le long du corps d’Erika. Il a croisé de nombreuses Nephilim dans sa vie, mais elle l’attire sans équivoque. Un sexe-appeal qu’elle est la seule à posséder de cette façon !

Il détourne le regard pour rester concentré et il assène ses déductions avec son habituelle rapidité.

— La légende raconte que Raven est revenue du futur pour tuer sa mère avant sa naissance*. Visiblement, elle a échoué. Pas la première fois qu’elle échoue cette petite.

Son index décrit des cercles autour de son visage.

— Si tu enlèves la couleur de ses cheveux, vous êtes les mêmes.

Il la regarde un instant, suit ses courbes au travers de son tailleur.

— Ouais, bon, il y a peut-être quelques détails qui changent dans le style vestimentaire, mais ça ne t’a pas échappé que vous êtes sœur.

Visiblement, ses déductions surprennent Erika.

— À mon avis, t’es revenu plus loin dans le temps. Ça expliquerait la différence d’âge. Enfin…

Il arrête là, son raisonnement. Mais il commence à se demander qui est leur père à toutes les deux. Son esprit bifurque vers de célèbres rois dont l’ascendance bâtarde n’a en rien perturbé leur règne. Erika se mésestime, mais il n’a pas le cœur à la défendre.

— Je ne me suis pas permis de demander à tes sœurs ce qu’elles pensent de toi.

Elsee Christensen la garde en très haute estime. Les Skjaldmeyjar les plus vindicatives se taisent pour ne pas désobéir. S’il avait l’honnêteté de le lui rapporter, il devrait aussi lui rappeler que les plus fidèles ont rejoint Sariel, ce fut le cas de Swann par exemple.

— Des excuses ?

Ça, il ne s’y attendait pas. Enfin, si ! Il savait qu’elle s’en voulait, mais il a si bien réussi à se mentir qu’il a fini à croire ses bobards.

— J’aurais préféré que tu m’insultes ou que tu m’en colles une. J’aurai eu une bonne raison de te détester.

Il se dirige vers la porte, mais il n’arrive pas à lui manquer de politesse. Il ne parvient pas à la laisser souffrir.

— Tu n’as pas à t’excuser. Je suis en colère contre moi-même. Les excuses, je dois les présenter à mon clan. Je devrais démissionner…

Il ne peut pas le faire. Personne dans son clan ne souhaite reprendre le flambeau derrière lui.

— Je m’en veux d’être tombé amoureux de toi. Je suis incapable de dire si tu m’as menti. Je suis incapable de dire si tu mens ou non. J’ai juste envie de te croire. Je m’en veux d’être toujours amoureux de toi. Je t’aime, mais…

Ce « mais » est sorti avec une incroyable rapidité, il ne voudrait surtout pas qu’elle se focalise sur ces mots. Il se les reproche déjà. Il veut qu’elle écoute la suite, une suite où il la mettrait plus bas que terre, où il l’humilierait avec sa suprême répartie, où il la mettrait en larmes, une suite si outrageante que même Sariel la limogerait. Mais non. Rien. Aucun mot ne sort.

Djinn ne parvient pas à quitter la pièce, mais il ne la laissera pas approcher.

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Erika Hart

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Erika Hart

» 26 oct. 2017, 18:24


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Je reste stupéfaite et sans voix devant les explications de Djinn au sujet de cette femme : Raven. Suis-je la seule ici, à Vegas à n’avoir jamais croisé la route de cette « jumelle », de ce sosie qui me ressemble tant. Les informations que me donnent Djinn se regroupent avec celles que ce jeune homme m’a données. Elle et moi, nous serions, à part, la couleur de cheveux, … les mêmes. Des sœurs. Cette Raven serait venue du futur pour supprimer sa mère avant sa naissance. Les voyages dans le temps, passé comme futur, ce n’est pas la première fois que j’entends Djinn en émettre la réalité, mais là, il s’agit de moi, et j’avoue que je suis assez méfiante.

Mes doutes ne sont-ils pas le fruit d’une sorte de déni de ma part ? Parce que je me suis laissée aveuglée par Sariel et que la vérité est ailleurs ? Et moi, je serais donc plus ancienne en âge parce qu’on m’a envoyée dans le passé ? Je secoue la tête … Djinn connait donc cette Raven et il l’a déjà fait le rapprochement entre nous deux. Mais que vient faire Harahel dans cette histoire ?

Et là, c’est comme si toutes les pièces sombres du puzzle de ma vie se mettent en place et que la lumière éclaire toute la scène.

- Attend … Tu m’as dit de m’adresser à Harahel directement pour avoir des réponses… parce que … si Raven est ma sœur …, elle est la fille de … et je suis aussi sa fille ?

Voilà pourquoi j’ai senti à plusieurs reprises le regard de l’Originel sur moi durant cette réunion. J’ai comme une envie de sortir. Ces révélations m’étouffent. Ma vie n’est qu’un tissu de mensonges. Je ne suis que le pion des Originels ? Je me détourne de Djinn et je m’avance vers la baie vitrée de la salle de réunion. La confusion qui règne dans mon esprit est terrible. Toutes mes certitudes viennent de voler en mille morceaux et tout ce qui fait de moi une femme, une Nephilim. Imaginez un instant que votre passé, tout ce qu’on vous a fait croire durant des siècles, n’est qu’une mascarade ?

- Qui suis-je vraiment ? …

Je murmure ces mots sans savoir s’il les entend ou pas. Dans mon dos Djinn poursuit ses remarques cinglantes. Je suis dans la même pièce que lui, mais tellement loin à la fois, happée par mes doutes et ce tumulte qui fait rage dans ma tête. C’est sa dernière phrase au sujet de son clan et de sa démission qui me fait reprendre pied dans la réalité du moment et je me retourne à nouveau vers lui.

- Non, tu n’as pas à démissionner pour mon erreur ! Tu ne dois jamais le faire pour qui que ce soit ! Tu es le seul capable de porter ce clan à bout de bras. Je suis prête à faire des excuses à ton clan … mais me croirait-on sincère si on ne prend pour une traitresse ? Je te ferai encore plus de mal que je ne t’en ai fait.

Je pourrais lui répondre avec la même verve et la même rage, mais j’en suis incapable. Je ne peux lui en vouloir alors que je suis la seule responsable. Je ne sais pas comment réagir lorsque Djinn m’avoue m’aimer encore. J’aurai peut-être souhaité qu’il m’oublie, qu’il me raye de sa vie définitivement, se libérer de cet amour maudit entre nous deux. Je baisse ma tête à la recherche d’un peu de calme dans mes émotions. J’aimerais lui dire que je l’aime … Mais est-ce une bonne idée ? Par ma faute, il a connu l’enfer.

- Tu es un scientifique, tu donnes vie à toutes tes créations. Je parle bien évidemment, à cet instant précis, de l’IA nommée Jarvis. Tu es à l’origine de tellement de projets … Ne me dit pas que tu ne possèdes rien qui te permettrait de savoir si je mens ou pas ? Je suis prête à te prouver que je te dis la vérité ! Ho, je sais, tu vas me dire que l’esprit s’il est assez puissant peut détourner la machine. Je n’ai pas peur de devoir passer n’importe quel test, si tu n’es pas en mesure de me croire !

J’ai haussé le ton. Ce qui est assez rare chez moi, mais cette impression d’être impuissante qui s’insinue dans chaque pore de ma peau me rend nerveuse. Je n’ai aucun moyen, à ma connaissance, de prouver à Djinn que je ne suis pas une menteuse. J’ai combattu des ennemis puissants, j’ai, comme beaucoup d’entre-nous, survécu en Pachad, et face à l’homme que j’aime toujours, je suis totalement démunie. Quel mauvais tour de la vie, vous ne trouvez pas ? Je ne compte pas non plus l’approcher. Tout son corps est tendu et sa posture est un message qu’il m’envoie de garder mes distances.
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Heru Ur

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Heru Ur

» 28 oct. 2017, 15:21

Les parents de Djinn l’avaient toujours élevé comme leur propre enfant. Le Nephilim ignorait si son « père » avait eu connaissance l’adultère de sa mère. Quoi qu’il en soit, son père biologique, un Asmodéen, n’avait jamais compté aux yeux de Djinn. Il n’avait ni colère ni rancœur envers cet homme. Il ne le connaissait pas, tout simplement. Il n’aimait que ce couple britannique, celui qui l’avait élevé, celui qui lui avait permis de s’instruire dans de grandes écoles et avec lesquels il aimait rire en fin de semaine quand il rentrait de l’internat. Néanmoins, malgré cela, ce n’était pas ses parents qui dictaient sa conduite, aujourd’hui. Ils avaient forgé son passé, ils lui avaient donné les bases, les bonnes bases, pour se lancer dans la vie, mais son avenir, il en déciderait seul.

Alors, les mots d’Erika ne trouvaient pas vraiment d’échos en lui. Il l’avait entendu marmonner cette étrange question : « Qui était-elle vraiment ? » Son attention bifurqua sur cette interrogation et son raisonnement emprunta des sentiers tortueux dont lui seul avait le secret.

Erika n’avait pas compris le sens de ses propos. Il était hors de question qu’il démissionne. Là encore, il ne l’interrompit pas. Il continuait à réfléchir à cette question : « Qui était vraiment Erika Hart ? »

La femme qu’il aimait assurément ! Mais elle était plus que cela, heureusement. Son passé de Skjaldmeyjar, son autorité sur le corps… Il réalisa qu’il était très simple de multiplier des éloges concernant cette femme de caractère. Non, la véritable question était : pourquoi posait-elle cette fichue question ?

Il releva les yeux sur Erika, elle venait de hausser le ton. Mince ! Qu’avait-elle dit ? Un détecteur de mensonges ? Il quitta la salle de crise en laissant la porte grande ouverte. Mieux valait qu’elle le suive, sinon l’histoire s’arrêtait là. Il traversa le couloir d’un pas décidé, ouvrit la porte d’un des ateliers et commença à fouiller. Fièrement, il présenta un détecteur de mensonges, un modèle performant. Il n’en était pas l’auteur. Contrairement à ce que certains pensaient, les adeptes de son clan savaient eux aussi être ingénieux.

L’appareil en main, il réalisa alors le ridicule de la situation. L’Orgone aurait eu bien du mal à dissimuler la vérité pourtant. Un Nephilim pouvait fausser son rythme cardiaque grâce à l’Orgone, mais si ce même Nephilim ignorait ce que l’appareil mesurait, cela rendait cet appareil très fiable. Néanmoins, ce système, aussi perfectionné soit-il, n’apprendra rien à Djinn qu’il ne savait déjà. Il le jeta dans une poubelle.

— Tu ne comprends pas, en fait.

Pour le coup, Erika savait que cette phrase ne contenait pas une once de méchanceté. C’était un jeu entre eux. Souvent il partait dans ses élucubrations et malgré toute sa bonne volonté, Erika était incapable de suivre le fil de sa pensée et de comprendre son raisonnement sans quelques explications. Il n’y a pas plus de méchanceté à cela que si on comparait leur talent au combat.

— Je n’ai pas besoin de cet appareil. Je sais que tu ne mens pas. Ce serait plus simple si tu mentais. Tu ne me facilites pas la tâche.


Humour ? Maladresse ? Les deux ?

— Si tu mentais, je t’en voudrais, je pourrais t’insulter, te renier et compagnie. Le problème, ce sont tes sentiments. Ils étaient sincères.

Ils le sont toujours, mais Djinn cherche à se convaincre du contraire. Ainsi, elle pourrait tourner la page avec plus de facilité. Réflexion idiote, non, celle d’un homme qui doute de lui-même.

— Je dois rester à ce poste et aucun Izanaghi ne va te croire. Je serai alors soupçonné d’être un Infiltré. Nous deux… Un Izanaghi, une Skjaldmey, ce n’était pas possible. Un Izanaghi, une Infiltrée, ce n’est pas plus possible.


Il avait mis du temps avant de prononcer ces mots-là. Il les regrettait déjà.

— Mais toi, tu es…

Il marque un temps de silence, il balaya l’air de la main pour empêcher Erika de prendre la parole. Il lui tourna le dos quelques secondes, car elle lui plaisait trop et sa beauté l’invitait à l’embrasser.

— Tu es une Skjaldmey qui a fait une grosse connerie et qui persiste à connaitre une vérité dont tout le monde se fout. Qu’est-ce que cela peut faire qui est ton père ? Cela peut-être drôle sur une réplique de film, mais le reste, pfffff. Tu as déjà vu, Star Wars. Euh, désolé, je diverge. Mais c’est un drôle de film. Enfin, drôle…

Compliqué de comprendre ce que vient faire ici l’analogie de Djinn sur Star Wars et les liens entre Luke et son père Anakin, non ?

— Franchement Erika, que ce soit Sariel ou Harahel ton père, aucune importance à mes yeux ! Cela ne change rien. Tu es la chef des Skjaldmeyjar et tu as fait un choix difficile à comprendre. Ok, je ne le comprends pas ! En tout cas, cela n’enlève rien à ce que tu as fait pour tes sœurs, à ce que tu as fait pour nous, les Nephilim. T’es vraiment pas perspicace en sentiments, je te l’accorde. T’as même pas compris que je suis tombé amoureux de toi bien avant qu’on ne s’adresse la parole.

Il lui raconte alors une vieille histoire qui ressemble presque à une légende. Erika avait dirigé d’une poigne de fer son armée de guerrière lors d’une bataille contre des Serpents de mer en Kabbale. Il décrit la générale en chef qui gueulait ses ordres avec une précision et une stratégie exemplaire. Il a des souvenirs très précis de cette bataille, des détails, tous focalisés sur Erika, la générale lançant ces ordres dans une terrible bataille.

Ils n’ont plus le droit d’être ensemble.

— Peut-être en secret, pense-t-il.

Non, il ne peut pas penser cela, mais l’idée avait déjà germé dans sa tête.

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Erika Hart

Erika Hart

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Erika Hart

» 28 oct. 2017, 18:43

Certaines personnes se moqueraient bien de ma position à l’heure actuelle. Il y a des gens qui ne s’attardent pas sur le passé et façonnent leur destin selon leurs choix, les rencontres qu’ils font et leurs erreurs aussi. J’ai toujours assumé chacun de mes actes, comme femme, comme Nephilim, comme Générale des Skjaldmeyjar, mais peut-être que je suis trop ancrée dans ce passé. Je ne sais pas ce qui me pousse à savoir qui est mon vrai père ? Un besoin de connaitre mes origines. Sariel a balayé tout ce qui fait les fondations de mon enfance et maintenant, avec les révélations de Djinn … Je suis encore plus perdue. Mais, il y a bien deux choses qui martèlent mon esprit en ce moment même : affronter Sariel pour lui demander des explications sur ses mensonges et pourquoi m’avoir manipulée et … essayez de trouver Harahel pour lui demander la vérité. A ma question qui tourne dans ma tête « Qui je suis », j’ai envie de dire que je ne suis déjà plus une Skjaldmey et que je m’éloigne inexorablement des Infiltrés. J’ai creusé un fossé entre mes sœurs et moi et cette vérité sur mes origines à creuser le fossé entre moi et le clan.
Mais je me souviens des directives de Vesta lors de la réunion : elle a décidé de faire la chasse aux Sans Clans, alors je dois me montrer prudente sans pour autant devenir une lâche. Je ne l’ai jamais été.

Bien plus encore d’avoir une sorte de désordre dans ma tête, le fait que Djinn ne puisse ou ne veuille pas me croire m’avait fait hausser le ton et je pense qu’on a été surpris tous les deux. Un silence retomba à la fin de ma tirade. Djinn sortit sans un mot de la salle de crise et je soupirai lentement en laissant échapper toute ma tension nerveuse. Puis, je le suivis, en empruntant à mon tour le couloir. Jusqu’à un de ses ateliers. Je m’arrêtai devant l’embrasure de la porte et je suivis ses mouvements. Il cherchait quelque chose de particulier et je haussai un sourcil lorsqu’il dénicha un appareil : un détecteur de mensonges. Je m’avançais alors vers lui. C’était moi qui lui avais donné cette idée et comme je lui avais précisé, j’étais prête à me plier à tous les tests qu’il voudrait pour lui faire comprendre que je ne lui mentais pas. Mais contre toute attente, il le jeta dans une poubelle.

Je croisai les bras en secouant ma tête : effectivement, j’avais un peu de mal à le suivre … comme parfois quand son esprit vagabondait vers des raisonnements qui me perdait à un moment ou à un autre.

- Même si je ne comprends pas, tu peux toujours tenter de m’expliquer un peu. Je suis persuadée que j’arriverai à atteindre les étoiles si tu me guides …

C’était toujours cette petite phrase, teintée d’amusement et d’amour, que je lui répétais très souvent quand l’homme se laissait aller à ses théories, à ses pensées … et j’aimais qu’il me guide.

- Tu sais bien que la tranquillité et la monotonie ne font pas partie de notre quotidien.

Oui, je ne lui facilitais pas la tâche, mais lui non plus. Notre point fort à tous les deux et malgré ces blessures, avait toujours été notre sincérité et cette façon si simple de se confier l’un à l’autre, sans filtre, sans méfiance. Je n’avais pas envisagé de lui parler de mes sentiments. Depuis le début de cette conversation, j’avais tout tenté pour ne pas les aborder.

- Ils étaient sincères …oui … ils le sont encore. Mes sentiments pour toi n’ont pas changé même aujourd’hui.

Son hésitation me fit comprendre que nous étions encore amoureux l’un de l’autre et même si les années nous avaient éloignés, la puissance de notre amour était bel et bien là. J’allais prendre la parole quand Djinn leva la main pour que j’évite de l’interrompre. Je me demandais ce que le film de Star Wars venait faire ici … Heureusement que j’avais encore l’habitude des idées complexes et de leur ramifications avec Djinn. Mais ce fut son aveu qui fit naitre un sourire sur mon visage. Cette fois-ci je m’approchai de lui. On avait assez joué à se détourner de l’autre par peur … de quoi ? De découvrir les sentiments de l’autre ? De ne plus les trouver ? Maintenant, je connaissais la réponse et lui aussi.

- Ton film est tout sauf drôle, tu le sais ? Oui, d’accord, je te le concède ! Des personnes se moqueraient de cette perte de temps que je passe à retrouver mes origines, mais d’autres me comprendraient. Je sais que tu as fait ce choix, tu m’as raconté ton passé, tes origines … Mais je veux …

Je me souvenais alors de ce que Djinn m’avait dit au début, que Sariel était capable de tout même ici. Je me rapprochai davantage, mes mains glissèrent sur ses bras et ma joue se colla à la sienne. Je continuai ainsi en lui murmurant à l’oreille.

- Sariel m’a manipulée et je vais aller le trouver. Je n’aurai peut-être rien de lui, mais je ne suis plus une Infiltrée pas après ces mensonges. J’en ai assez. Je ne suis plus une guerrière, je suis partie et mes sœurs ne toléreront pas mon retour. Je suis une future sans clans alors que Vesta vient de dire qu’elle en ferait la chasse … Tant pis ! Je n’ai jamais été lâche.

Je me reculai pour planter mes yeux verts dans les siens. Je lui souris à nouveau.

- Tu es vraiment certain de toi que je ne suis pas perspicace dans mes sentiments ? Tu es vraiment certain de toi que je n’ai jamais vu un beau blondinet à l’écoute de mes ordres que je prononçais en Pachad ?

Je retirai mes mains de ses bras pour le libérer de mon étreinte et je reculai d’un pas, encore.

- Tu as oublié qu’une guerrière est à l’affût de tout … même de toi …

Mais, il fallait redevenir sérieux.

- Djinn, je suis certainement trop attachée à mon passé et à vouloir des réponses, je n’ai eu que des questions, encore et encore. Je dois m’en détacher. Quel que soit celui qui est mon père et si c’est Harahel, je ne lui en veux pas, je veux juste savoir la vérité même si elle fait mal. Connaitre nos origines c’est aussi ce qui fait de nous un Etre complet, non ? Moi j’en ai besoin, même si d’autres s’en foutent.
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