Ghost lights ~~ Séveride

En ce matin du 13 août, les médias ne parlent que d'un seul phénomène : La disparition de la ville de Washington. Vu du ciel, la ville de Washington est prise dans une sorte de tempête aux nuages noirs rappelant les fumées industrielles. Ils sont criblés d'éclairs. Nul ne sait ce qui se passe dessous.
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Heaven Mattheson

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Heaven Mattheson

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Humain
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Heaven Mattheson

» 12 janv. 2018, 11:49

Michel Audiard, un scénariste et un réalisateur français décédé il y a plus de trente ans disait que “L’essentiel en enfer est de survivre.” J’ajouterais qu’il faut aussi mettre quelques touches d’humour même dans les Ténèbres. Finalement avec un homme tel que Séveride, c’est assez facile même si tout mon corps est tendu comme un arc et que la peur coule dans mes pores, j’ai envie de croire qu’il y a toujours un espoir quelque part. Je lui offre un petit clin d’œil à sa réponse, même s’il ne le voit pas, sur le fait qu’il soit aussi protecteur avec les plus belles femmes.


- Et charmeur aussi … Tout un programme avec toi ! On ne doit jamais s’ennuyer à tes côtés !

C’est à ce moment-là qu’une voix retentit au loin. Je le reconnaitrais n’importe où parce que je sais qui c’est ! Il est bon de retrouver un visage familier dans tout cet enfer. A l’abri, si on peut vraiment parler de ça, à l’intérieur de ce qui reste du restaurant, je fais les présentations entre Eirik et Séveride. Très vite, je tente de remettre de l’ordre dans mes pensées et tout ce que je viens de vivre durant ces dernières heures. Je ne peux m’empêcher de revoir l’image de ces traces de sang et de ces bouts de chair sur le sol du Washington Post. Je sais très bien que les agents de la sécurité sont morts, certainement déchiquetés … Je me perds dans ce souvenir cauchemardesque et c’est la voix d’Eirik et le contact de ses mains sur mes épaules qui me font revenir au moment présent. Je redresse ma tête vers lui, bien décidée à ne pas laisser ma peur m’envahir et à me paralyser.

- Il faut qu’on sorte de là, … si on y arrive. Bon sang ! Mais qu’est ce qui se passe réellement ? C’est comme si on se trouvait dans un monde parallèle, ou que la ville aurait été placée sous un dôme étrange.

Eirik s’éloigne de moi comme mué par le besoin de surveiller les alentours, ce que nous pouvions à peine voir avec cette obscurité, mais c’était presque un réflexe pour tout le monde. A ses mots, je fais la moue en posant mes mains sur mes hanches.


- Je ne fouine pas partout, pas aujourd’hui. Je ne voulais pas rester au Washington Post. Cette odeur de sang et de chair … Ces bruits bizarres à me glacer le sang. J’aurai peut-être dû m’enfermer à clef dans une pièce, mais j’ai préféré sortir de là. L’extérieur ressemble à un film d’horreur : il n’y a pas une âme qui vive à part ces créatures. Et toi … Tu sais que la meilleure façon d’être en sécurité, c’était de rester chez toi ? Tu habites à l’opposé et tu as traversé cette ville fantôme … Parfois, je me demande ce que tu as en tête ?

Lui, il était bien au chaud chez lui. Moi, je me demandais si j’allais sortir vivante de cet enfer et pour le moment, j’ai encore un sacré doute.


- J’ai un sac à dos avec moi où j’ai mis tout ce que j’ai pu trouver : bandages, pansement, compresses alcoolisées, compresses stériles, sparadrap, désinfectant, biscuits et bouteille d’eau. Et, toi, tu as trouvé quelque chose d’intéressant Eirik ?

Un son résonne autour de nous. Il ne vient pas de l’établissement où l’on se trouve, mais bien de dehors. J’ai envie d’allumer ma lampe torche, mais le faisceau de lumière pourrait attirer à nous les créatures et tout ce qui rodent. Je ne vois pas le visage de mes deux compagnons, mais je perçois dans la voix de Séveride comme une lueur d’espoir et d’apaisement.


- C’est le sifflement d’un train, non ? … Je comprends ! Il n’y a plus d’électricité nulle part. Plus rien ne fonctionne. Si on veut sortir de la ville, il fallait se servir des moyens de transports anciens ! Vous croyez que c’est le gouvernement et l’armée qui ont mis tout cela sur pied ?

Ok, je sais, il m’arrive de trop parler. On décide ensemble de sortir du restaurant qui nous servait de refuge pour nous élancer dehors, dans la noirceur de la ville. On n’y voit quasiment plus rien et j’ai encore plus ce besoin d’allumer ma lampe de poche, mais cela nous mettrait en danger. Je sers la main d’Eirik et on commence tous les trois notre périple vers ce train qui recommence à siffler. Le chemin est long, mais on parvient à destination. C’est à ce moment-là, pris de panique, que j’allume mon faisceau de poche et que j’observe chaque wagon qui se remplit au fur et à mesure. Il y a tant de blessés que j’en reste apeurée. Tous ces gens sont comme nous et je peux lire dans leurs yeux la terreur. J’ai lâché un instant la main d’Eirik que je recherche à tâtons. Sa chaleur est sécurisante et j’en ai grand besoin. On marche à pas rapides pour chercher un wagon dans lequel monter tandis que Séveride nous a dépassé et s’est éloigné de nous à la recherche peut-être d’amis ou de connaissances.

Eirik nous trouve des places, je lui donne mon sac à dos et au moment de monter dans le wagon, j’entends mon nom. Je me retourne pour voir arriver Séveride qui avait disparu un petit moment. Il me tend une carte que je prends avec moi.


- Oui, bien sûr ! J’irai voir cette femme, mais pourquoi tu ne viens pas avec nous, il y a de la place, on peut se serrer ! Séveride …

Je n’ai pas le temps de m’attarder sur la carte ni l’adresse que je glisse précieusement dans le pan intérieur de mon blouson. La sirène retendit et pour une dernière fois, je me laisse happer par son regard.


- Viens avec nous, s’il te plait …

Il m’attire à lui et son baiser est à la fois chargé de tristesse et de plaisir. Je n’ai même pas le temps de lui répondre ni de réagir que le train commence à partir. J’agrippe la rampe pour me tenir et je crie pour qu’il m’entende :


- Séveride ! Fais- attention et Prends soins de toi !

Je ne sais pas s’il m’a entendu avec tout le vacarme que fait le train. Pourquoi ‘est-il pas venu avec nous ? Que va-t-il faire au milieu de cet enfer ? Je crois que je n’aurais jamais de réponses à mes questions. Sa silhouette disparait au loin et je m’oblige à bouger pour aller rejoindre Eirik qui doit se demander pourquoi je suis si longue à revenir. Je m’installe à côté de lui et je sors la carte que Séveride m’a donnée.


- Tu connais l’Area à Vegas ? Je dois trouver une femme qui s’appelle Lucy.

J’ai envie de hurler, de crier, de pleurer et de rattraper Séveride pour le faire monter dans le train, mais il est trop loin maintenant.


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