15 décembre 2014, Ako, au Japon.

Aucune ville, aucun désert, aucune contrée n'est à l'abri des Elohim, ni des Nephilim.
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» 21 août 2016, 21:23

C’était il y a un peu plus de deux ans, la ville célébrait les 47 ronin, un moment émouvant, une fête traditionnelle qui comptent encore énormément aux yeux des Japonais. Occidentale, j’ai beaucoup de mal à comprendre leur culture. Née à Vegas, malgré la tempérance de mes parents adoptifs, j’ai été élevée dans des traditions si différentes que je dois être très attentive à ce que me traduit mon interprète. Ce jeune homme fait de son mieux pour m’expliquer, mais la difficulté de la langue américaine se mêle aux différences culturelles. Je ne comprends pas tout ce qu’il me dit, mais je me montre attentive et respectueuse.

Les écoles, les entreprises et les établissements de l’empire étant fermés durant le Festival de Gishisai, j’ai décidé de rester un jour de plus pour me rendre au musée.

Un vieil homme s’est tourné vers moi. Je me suis inclinée, un peu plus que lui. Même les salutations sont une épreuve et je sens bien que je fais un faux pas. Il sourit, ne semble pas en prendre ombrage, mais je reste confuse et me maudis quelque peu.

— Je vous présente mes excuses, votre culture m’impressionne, mais je ne sais pas par quel bout commencer mon apprentissage.

L’homme à travers l’interprète m’explique un peu plus la tradition des 47 ronin. J’ai lu les articles sur Wikipedia et sur 47ronins.net. Mais bon, malgré la meilleure volonté des internautes, ils n’arriveront pas à la cheville des explications d’un bon sensei né à Ako. Je l’écoute, mais le traducteur s’emmêle de plus en plus les pinceaux. Je souris, je salue, mais je n’ai rien compris aux cinq dernières phrases.

Ennuyée, je passe la main derrière mon oreille. La méthode de Raven consistant à débarquer avec une créature de Kabbale traductrice aurait peut-être été meilleure. Meilleure, mais égoïste. Je n’ai pas envie de manifester ma présence et d’attirer la guerre dans cette cité.

Je ne suis pas certaine de comprendre les questions du vieil homme. Mais je crois qu’il me demande ce que je recherche ici. Ma réponse tient en un seul mot et même si ce n’est pas vraiment ma question, j’espère qu’il comprendra l’objet de ma quête :

— Bushido... Je prononce chaque syllabe avec une profonde timidité.

Oui, je fais tout cela pour un seul homme, un seul Nephilim. J’ignore totalement qu’il est un des 47 ronin. Mais mon père m’a soufflé que pour comprendre le Bushido, il fallait comprendre cette légende.
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» 22 août 2016, 10:31

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Habillé simplement, d'un jean, d'un tee-shirt, d'une chemise et d'un blouson, je nouais mes cheveux en regardant la statue que se trouvait devant moi.
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La statue d'Oishi Sanusoke. J'étais toujours aussi surpris de voir une statue de moi. Je n'avais pas compris en vivant selon mon Bushido qu'une telle légende et histoire découlerait de notre intervention. Nous n'avions fait ce qui était juste, même si j'en avais le moteur, je ne me sentais pas plus honorable pour autant. Mon humilité était mise à rude preuve à chaque fois que ce festival avait lieu. Je n'y venais pas chaque année, d'une part car je n'en avais pas l'occasion et d'autres part pour ne pas attirer l'attention. Mais même si la statue me ressemblait, j'avais changé. Quel Elohim viendrait ici pour me découvrir ? Je n'étais pas si important que cela. J'avançais dans ses rues alors que la parade battait son plein. Je m'arrêtais à un stand pour prendre une brochette de boulette et je la mangeais raisonnablement en regardant les hommes habillés et retracé la légende. Les humains présents étaient respectueux ou curieux, les enfants amusés. Les Nephilim étaient découverts, les Elohim aussi. Bon nombre d'Infiltrés, sur la demande de Sariel, avait quitté Vegas. Beaucoup était partit dans tous les pays à des places importantes, certains y étant en activité depuis des années. Il y avait de fuite, des histoires de bombes, de chasseur, et de bien d'autres choses. Alors, je voulais profiter de cette journée de répit.
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Je suivais la procession en regardant les différentes statues des ronins. De nombreux souvenirs me revinrent en mémoire. Mon coeur se serrait en revoyant mes hommes si heureux de l'oeuvre accompli. Aucun d'eux n'avait fait flancher et si c'était à refaire, je le referais. Sauf que j'aurais aimé avoir une Voleuse d'âme ce jour là. Oui, j'aurais réalisé le Seppuku mais jusqu'où bout. Je m'en voulais encore d'être en vie alors que eux, ils étaient morts. Si morts.

Maman, c'est un meurtre ce qu'ils ont fait. C'est horrible.

Je baissais mon visage vers une enfant de neuf ans avec des couettes. Sa mère se baissa en lui posant une main sur son épaule.

Mon enfant, c'est une leçon de vie. L’abnégation, le courage et la fidélité. Auras-tu ses mêmes valeurs en toi Chichi ?

Je détournais mon regard pour le reposer sur la troupe qui arrivait près des différentes tombes. 48 au total. Les 47 ronins et notre Daymio.
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J'aurais aimé que Ma Dame soit avec moi. Elle me manquait terriblement. Elle, elle m'aurait comprise. Elle aurait simplement tenue ma main et elle m'aurait souri de temps en temps. Une femme comme je n'en retrouverais jamais qui connaissait les valeurs que je défendais mais aussi la place d'une femme à côté d'un homme. Je voyais bien évolué Dawn, Lucy, Lidrya, Raven, Princesse. Mais ces femmes étaient déroutantes. Je ne comprenais pas comment faisait les hommes qui les accompagnaient. Ce n'était pas mes valeurs. Je jetais mon bâton alors que la foule commençait à se disperser pour aller saluer les artistes, pour regarder les monuments ou bien pour profiter des stands de nourriture. Je m'avançais alors parmi eux pour me retrouver face à la tombe de mon Daymio. Venir ici seul pour le saluer pourrait éveiller les soupçons. Venir ici en plein festival, alors que d'autres inconnus sont à mes côtés, cela n'attire pas l'attention. Mais cela me rend triste. Je ne peux pas honorer dignement mon Daymio et mes frères d'armes. Je ne peux pas faire mieux.
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» 23 août 2016, 15:52

J’essaie de comprendre ce qui m’est expliqué. J’avoue rencontrer beaucoup de difficultés, alors je mime ou du moins je tente de m’exprimer par des gestes. Les situations parfois cocasses nous amènent à rire. Je suis surprise par la façon dont le vieil homme cache sa bouche.

Nous marchons ensemble un moment. Le festival se déroulaient essentiellement hier soir. Mais aujourd’hui encore les lieux touristiques sont bondés. Nous parlons comme cela durant deux longues heures pour arriver finalement devant les tombes des samouraïs. Je remarque qu’il prononce bien le nom de samouraï.

— Leur honneur est rétabli.

Avec difficulté, je comprends qu’ils ont été condamnés et que leur culpabilité ne les déshonore pas puisqu’ils ont accepté le seppuku proposé. L’immobilisme les aurait déshonorés. Je suis un peu triste de ne pas comprendre chacune des nuances de ses mots, mais je crois discerner le sens.

Je ne trouverai pas le Bushido dans des livres, il se transmettait oralement. Il demandait aux Samouraïs sincérité, honnêteté, fiabilité. Ils devaient vivre détachés des biens matériels et de l’argent. J’ignorais cela, avant de connaitre Oishi, je pensais que les Samouraïs étaient de nobles propriétaires terriens qui vivaient d’impôts agricoles. Je les comparais aux seigneurs français du Moyen-Âge. Heureusement que je n’ai pas étalé mon ignorance durant notre voyage en Meborack.

Ils s’entrainaient à garder à l’esprit l’idée inéluctable de la mort. Comment Oishi fait-il désormais qu’il se sait immortel ? En même temps, un jour ou l’autre, lui et moi finirons empalés sur une lame.

Notre traducteur prononce alors une phrase dans un parfait anglais, cette fois-ci. Il s’agit là d’un texte appris par cœur.

— Une telle attitude de l’esprit face à la mort vous permettra d’éviter d’innombrables maux et calamités, vous serez physiquement sain et en santé, et vous vivrez une longue vie. Qui plus est, votre personnalité, la force de votre caractère et votre vertu grandiront.

Je les remercie encore une fois en les saluant. Le jeune homme voulut alors m’expliquer l’attaque. Je l’écoutais, même si je m’intéressais bien moins au combat qu’au Bushido. Il mettait tant de cœur dans ses explications. Le sourire du vieil homme se fana quelque peu. Mais je retins un nom, Oishi. Il m’amusa. Je crois que mon ami mérite bien son prénom.

Je ne comprenais pas tout, car selon ses explications deux attaques eurent lieu, l’une par l’avant, l’autre à revers. Elles furent menées par Oishi Kuranosuke et Oishi Chikara, le père et le fils.

— Ils avaient le même prénom ?

Nous nous trouvions devant les tombes. J’écoutais attentivement la fin de l’histoire. Elle me bouleversait. Ils avaient voulu venger leur daymo, mais ils laissaient à leur adversaire la possibilité de mourir dignement par seppuku, avec le même wakisashi qu’Asano. Dans l’adversité, les samouraïs respectaient leur adversaire.

— 47 hommes si fidèles… Asano devait être respectable pour susciter tant de loyauté.

Je comprenais aussi que le Bushido demandait un respect et une loyauté sans faille. Je les remerciai chaleureusement, avec des coutumes un peu trop occidentales sans doute. Dans un silence religieux, je passai ainsi une minute à me recueillir devant chaque tombe. Ce fut long pour un Occidental. Mais je tenais à réfléchir sur la vie et la mort de chacun d’eux.

Je passais le dernier quart d’heure devant la tombe du daymo. Je réfléchissais aux mondes et aux possibilités qui s’offraient devant moi. Je n’ai pas d’homme à servir avec la même fidélité. Je n’ai pas cette relation avec mon père. Je pense qu’il n’apprécierait pas d’ailleurs. Mais je mesure un peu plus la loyauté d’Oishi envers Sariel. Je me demande si ce n’est pas ce qui nous lie, Raven, le Drayoir, le Lynx, le Barge et moi. Non, j’exagère. Quoi que...

Je repense à Sariel, je n’aime pas ce qu’on raconte sur cet Originel. J’ai peur que la dette contractée ne m’oblige à me salir les mains. Mais si Oishi respecte autant cet Originel, il doit bien y avoir des raisons.

Je me retournais pour observer à nouveau les 47 tombes. Demain, je viendrais déposer une fleur sur chacune de ces tombes.

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» 25 août 2016, 11:41

Le tourisme découlant de cette fête me gênait énormément. Je ne le comprenais tout simplement pas. Que nous soyons devenus une légende et un modèle d'exemple ... Non, nous ne l'avions pas fait pour cela. J'étais fier de mes hommes mais je n'arrivais pas à prendre le recule nécessaire à cette notoriété. En même temps, elle ne m'était pas vraiment destinée. Je finis par me mettre à l'écart, avec la vue sur les tombes et un jeune asiatique vint à mes côtés.

Je suis heureux de vous revoir Sensei.
Comment te portes-tu Chun-Kun ?
Très bien Sensei. Je viens d'obtenir mon doctorat et je suis marié. Nous vous remercions énormément pour le cadeau que vous nous aviez envoyé. J'aurais aimé le faire avant mais ...
J'étais en voyage.
Exactement Sensei. Votre attention nous a beaucoup touché. Je vais être père.

Je me tourner vers lui et je le regarde enfin. Un garçon de vingt-huit ans qui me permet d'avoir les pieds dans cette Edo que j'ai du mal à comprendre. Je ne veux pas perdre mes racines, mais dans ce monde si technologique, je suis lasse souvent ... Trop souvent.

Félicitation Chun-Kun. Une fille ou un garçon ?
Un garçon Sensei ! Nous ... Nous voudrions vous demander la permission de l'appeler Oishi Sensei.

Il se courbe devant moi en s'excusant de cette demande. Je souris. Je suis touché flatté de cette demande. Alors je lui pose la main sur son épaule.

J'en serais honoré Chun-Kun.

Il se relève avec un grand sourire, heureux.

Merci Sensei.

Et il s'incline trois fois face à moi et je me baisse à mon tour. Il s'incline une dernière fois bien plus bas que moi. Nous reprenons notre conversation (en japonais depuis le début) et je regarde les touristes autour des tombes. Une silhouette m’interpelle car depuis tout à l'heure je la vois s'arrêter devant chaque tombe. Alors, quand je découvre son visage, mes yeux s'écarquillent de surprise. Je regarde un peu plus avant les alentours. J'étais déjà sur mes gardes, mais avec Princesse par ici, je deviens encore plus sur le qui-vive. Je sors un carnet de ma poche et je griffonne un mot que je tends au jeune homme à côté de moi.

Chun-Kun, veille sur cette jeune femme et quand elle partira de ce lieu va te présenter à elle et montre lui ce mot. Si elle accepte, voudras-tu bien l'accompagner jusqu'à chez moi.
Oui Sensei, avec plaisir.

Je le quitte alors qu'il lui parlera en anglais, s'excusant de son impolitesse. Il lui expliquera qu'il a un mot de son Sensei pour elle. Elle pourra y lire : Retrouvez moi pour l'heure du thé. Oishi. Alors, si elle accepte, il l'accompagnera dans les ruelles, et elle passera un immense portail. De nombreux portails sont dans cette ruelle. A l'intérieur, elle y verra trois maisons. Une grande ou réside la famille de Chun-Kun (sa femme, mais aussi ses parents et ses grands parents). Puis deux autres, plus petites. Il lui indiquera le chemin de dehors et elle me trouvera assis sur mes genoux, à l'occidental (pour ne pas l'effrayer) en train de préparer le thé. Le rituel continuera de durer plusieurs longues minutes dans un silence complet. Elle pourra ainsi se détendre et profiter de la vue du jardin.

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» 26 août 2016, 13:37

Je regardai un long moment la tombe d’Asano et le saluai encore une fois, tentant avec humilité d’appréhender ce qu’il représentait pour ses hommes. Je me dirigeai vers la sortie avec une question sur les lèvres. Si ces hommes avaient rétabli Asano dans son honneur, pourquoi les nommait-on “Les 47 ronin” ? Ne devrait-on pas les nommer “Les 47 samouraïs”. J’étais loin d’avoir tout compris à la culture du Bushido. Demain, je viendrais donc pour porter une fleur à ces hommes et pour mieux comprendre ce Bushido.

Arrivée aux portes du temple, un homme m’interpela poliment, en anglais. Je le saluai à mon tour et souris avec politesse à ces excuses en les acceptant. Il me tendit un mot. Le pauvre jeune homme me vit devenir blême à sa lecture. Ma main cacha un “oh” de stupeur sur mes lèvres.

Oishi, la cérémonie du thé avec Oishi ? Avec Oishi Seijitsu ? SOS, SOS ! Médé ! Médé ! Je vais mourir !

— C’est un honneur pour moi d’accepter.

Mais Princesse ? T’es folle d’accepter, tu vas tout foirer… Intérieurement, je paniquais totalement et je commençais à comprendre les phobies de Pachad. La cérémonie du thé avec Oishi.

— J’ai peur de vous manquer de respect. Je connais très mal votre culture. C’est pour apprendre que je suis venu, ici. La cérémonie du thé, pour nous occidentaux, c’est quelque chose qui nous dépasse. Je ne voudrais pas froisser mon hôte. Je suis invitée à l’heure du thé, j’ignore tout, jusqu’à l’heure du rendez-vous.
— Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle, quand vous serez prête, je serais ici à vous attendre. Je vous conduirais.


Je ne comprenais pas qu’il n’y avait pas vraiment d’heure précise. Forcément, je me fixais sur le 17h00 des anglais, ce qui me laissait une toute petite heure. Je le saluais et déguerpissais jusque mon hôtel.

SOS !!!! MAMAN !!! Tant pis pour mon forfait, j’avais besoin d’aide… J’envoyais un SMS à Lidrya : Cérémonie du thé avec Oishi, je vais mourir, à l’aide !!! Qu’est-ce que je dois faire ?

Et quitte à exploser définitivement ce forfait, j’activais la data et lançais une recherche sur Wikipedia. Je n’avais que cela pour m’aider.

— Oh mon Dieu, je dois porter un Yukata !

Aussitôt, j’étendais le pouvoir de Sariel pour me permettre de communiquer avec une créature de Kabbale dans la plus grande discrétion.

— Bonjour, douce Inikh, j’ai vraiment besoin d’aide, je dois assister à une cérémonie avec un homme qui m’impressionne beaucoup. Je dois porter une Yukata, est-ce que tu veux bien m’aider ?

La petite fée rigola en lisant les sentiments qui traversait mon corps. Elle accepta mais me demanda en échange de lui expliquer pourquoi je dissimulais ainsi nos auras. Je lui expliquai avec calme, malgré la trotteuse qui tournait bien trop vite sur l’horloge fixée au mur.

— Ton aura est trop belle pour être cachée. Je suis navrée, mais tu ne pourras pas respectée la tradition japonaise en si peu de temps. Je peux te fabriquer une tenue excentrique mêlant vos deux traditions.
— Ouh la la la… C’est gentille, mais je préfère plus d’humilité.


Elle rigola et sourit.

— Alors, je sais ce qu’il te faut, comme il va faire froid ce soir.

Je souris malgré la panique. J’arrivais une heure plus tard devant Chun. Il fut surpris par ma tenue.

— Quelque chose ne va pas ?
— Ne vous inquiétez pas, je vous l’ai dit, vous êtes invitée, tout va bien se passer.


Nous traversions quelques ruelles et j’arrivais devant une petite demeure. Malgré l’intérêt que je porte à Oishi, je l’oubliais un instant en découvrant la beauté de ce jardin. J’étais subjuguée.

— Je vais vous laisser, mademoiselle. Oishi est un peu plus loin.

Je souriais, mais un malaise me prit. Et si c’était un piège templier ? J’avançais avec la plus grande prudence, prête à fuir dans un royaume de Kabbale quand je le vis assis sur ses genoux. Qu’est-ce que je devais faire ? M’approcher, m’asseoir face à lui, je n’allais pas lancer un “coucou Oishi !”. C’était si simple avant. J’avais tellement peur de le décevoir maintenant.

J’inspirais très profondément et écartai mes mains sur ma droite et ma gauche. Toujours loin derrière lui, je fermai les yeux et mes doigts carressèrent quelques plantes. Le jardin me portait, je m’y sentais tellement bien. J’ouvris les yeux et découvris un spectacle à couper le souffle. Alors, sans m’en rendre compte, après avoir fait tout le tour du jardin, je m'approchais en lui faisant face. Je m'asseyais dans la position du Kiza en raison de mon ample tenue. Je ne savais pas si c'était bien ou non. Mais je voulais avant tout vivre cet instant si rare.

Il ne prononça pas le moindre mot, ce que j’appréciais quelque part. J’étais toujours le regard perdu sur son jardin.
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» 26 août 2016, 14:12

Tout va bien se passer ma chérie. Si tu veux je demande à Raven de venir te rejoindre ... Je plaisante ! Profite bien ma fille.

PS : En pièce jointe quelques documents sur la cérémonie du thé. Amusez vous bien ^^



Je la sentais. Peu importait que son aura n'existe pas, je savais qu'elle était ici. Tout à mon art, je savais parfaitement devant quel parterre de fleurs elle était, devant qu'elle statue ou bien encore bord d'eau elle était. Quand elle s'installa en face de moi, j'aperçu sa tenue. Mes mains restèrent quelques secondes inerte puis je repris. Je finis par servir le thé dans un seul bol ouvragé, je le tournais plusieurs fois entre mes mains, tout en essuyant le contour du bol avec un linge propre et je le lui tendis respectueusement main sous la tasse, l'autre l'empêchant de tomber. Uns fois qu'elle l'eût en main, j'attendis silencieusement, sans la regarder. Mes mains étaient désormais posées sur mes cuisses et je regardais les ustensiles en face de moi, mais pas le thé. Une fois qu'elle eût goûté, j'attendis quelques secondes puis.

Est-il à votre convenance Mademoiselle ?

Je la regardais enfin, un fin sourire aux lèvres et je la laissais terminer cette tasse. Puis je recommencer le thé en l'incitant pour me dire ce qui allait ou n'allait pas. Trop sucré ? Salé ? Amer ? Et en fonction de ses réponses j'ajustais mes dosages. Je laissais l'eau chauffé, sans parler et je lui resservis une tasse. Quand elle finit par être satisfaite du goût, je m'en servis une tasse et je finis par rire. Je riais très peu. Mon rire était un peu étouffé, quelque peu grave, mais je la regardais en souriant vraiment. Après tout, je n'étais pas ici un Infiltré, mais juste moi.

Je vous remercie pour l'attention que vous avez portez à cette cérémonie. J'espère que vous me pardonnerez ne pas l'avoir respecté à la règle avec mon propre accoutrement.

Elle avait ait l'effort de se renseigner et de s'habiller selon les circonstances. Moi, je n'avais pas voulu la mettre mal à l'aise. J'étais resté un occidental. Alors qu'elle, elle était rentrée se changer.

J'apprécie. Beaucoup.

Je ne lui parlais pas de sa beauté. Je ne l'insulterais pas avec tout ce qu'elle faisait. Alors, pour la mettre un peu plus à l'aise encore, je bafouais cette cérémonie en arrêtant le seiza et je m'adossais au mur fin derrière moi, une jambe relevé vers moi. Je posais mon bras sur mon genou, la tasse tendu vers le jardin. Je fermais les yeux pour inspirer et savourer ce moment si précieux. Il n'y avait que le silence, les poissons dans l'eau et le bruit de la fontaine avec le bambou qui tombe à chaque fois qu'il est remplit.

Pourquoi êtes vous ici Princesse ? Qui vous a parlé de cet endroit ?

Malgré mon regard bienveillant vers elle, l'étincelle au fond de mes yeux étaient dur. Qui était derrière tout cela ? Voilà la question que je me posais. Et j'attendais une réponse de Princesse. Et certainement pas un mensonge. Cela faisait maintenant plus d'une heure et demi que nous étions ensemble. Sans avoir véritablement échangé. Juste profiter de l'instant présent.
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» 27 août 2016, 11:33

J’ai bien sûr répondu oui, le thé n’avait pas autant d’importance que la présence d’Oishi. Je ne sais même pas si j’aurais fait une remarque s’il m’avait servi du café. J’aurai peut-être ri. Il m’invite à détailler pour adapter sa recette. Je découvre dans ses gestes, une grande habileté et une infinie patience.

En Kabbale, j’ai appris à goûter les aliments, non sans surprise parfois. J’apprécie les saveurs pures, alors une recette de thé sans sucre, ni sel, et légèrement moins amer se détache du lot. Le temps de me préparer ne m’a permis de lire tout le rituel. Quand le thé me convient, il s’en sert une tasse identique et le goûte. Il se met à rire.

— Il n’est pas bon mon thé ? disais-je avec un sourire amusé. Je ris à mon tour.

Il reprit la parole en me mettant de nouveau à l’aise.

— Je vous remercie pour l'attention que vous avez portez à cette cérémonie. J'espère que vous me pardonnerez ne pas l'avoir respecté à la règle avec mon propre accoutrement.
— Votre accoutrement et vos attentions me permettent de me sentir à l’aise, Monsieur.
— J'apprécie. Beaucoup.
— Moi de même, moi de même.


Oh oui, à tel point que je ne me suis pas rendue compte du temps qui avançait. Il arrêta le seiza et prit une pose que je qualifie de plus occidentale. Pour ma part, je ne bouge pas. Je suis vraiment bien ainsi. Le confort de la tenue protège mes genoux, je l’aime beaucoup et je ne voudrais pas la froisser. Je parle de la tenue, mais mes mots pourraient très bien se porter à Oishi. Je jette un coup d’œil au jardin, encore une fois.

— Pourquoi êtes vous ici Princesse ? Qui vous a parlé de cet endroit ?
— Il se nomme Chun. Oh ! Pardon ! Vous parliez du temple. C’est gênant…


Je rougis un peu, nous sommes en décembre, mais la conversation me donne des bouffées de chaleur. Je refuse de mentir, encore plus à Oishi. J’éprouve beaucoup de difficultés à lui révéler les raisons de ma présence. Malgré ma nature démoniaque, je reste une jeune femme timide et réservée.

— Je tenais à mieux vous comprendre.

J’incline la tête en voulant terminer ma phrase et comme le rituel de la cérémonie n’a plus lieu d’être, je lui offre du thé et me ressers ensuite une tasse dans l’espoir de me cacher derrière la porcelaine. J’essaie de reproduire les derniers gestes d’Oishi quand il s’est servi. Je vais répondre à toutes ses questions, mais j’ai besoin de rassembler mon courage pour cela.

— J’aimerais devenir une femme défendant des valeurs nobles et justes. Mais pour cela, encore faudrait-il que je sache ce qui est noble et juste, non ?

Simple question de rhétorique, je poursuis avec un calme uniquement de façade. S'il venait à gratter cette fine pellicule de protection, il découvrirait une Nephilim paniquée.

— Lorsque nous avons voyagé en Meborack pour retrouver Mademoiselle Sutton, nous avions tous des motivations différentes. Valaerys Nefgar recherchait des métaux purs, Lucy Hale était partagée entre esprit d’aventure, curiosité et altruisme. Quant à Kurt Hansel, l’Amour guidait chacun de ses pas. Tout au long du voyage, je me suis demandée pourquoi vous veniez.

Je bois une gorgée pour me donner la force de poursuivre.

— Quand vous avez trouvé Kaylee, vous avez disparu avec elle avec empressement. Je sais que vous êtes un homme de valeur, mais je n’ai pas compris votre geste. Vous faites parti de ces hommes que je qualifie de nobles et justes, comme Monsieur Hansel. Il est plus facile de le comprendre. J’ai compris que noblesse et droiture pouvaient s’exprimer de façon diamétralement opposée. Alors, si je veux gagner ces qualités, je devais vous comprendre.

Je soupire quelque peu, car c’est le passage que j’aime le moins.

— Je me suis interrogée durant le retour et, finalement, je ne suis pas parvenue à comprendre seule. Honteuse, je détourne la tête. J’ai demandé conseil à mon père, il m’a répondu que pour vous comprendre, je devais comprendre le Bushido. J’apprécie ses conseils, parce que leur simplicité ne me donne pas la solution, mais une direction à suivre.

Je repose la tasse de thé et mes mains se posent à plat sur ma tenue. La douceur de cette soie me plait tellement.

— J’ai fouillé. Mais vous savez, je suis née à Vegas, élevée par une famille d’accueil aimante. Elle m’a apporté de l'Amour et une culture occidentale, très éloignée de la vôtre. Voilà pourquoi les motivations de Monsieur Hansel me semble plus simple à appréhender. De mon côté, ce qui rimait avec Bushido, c’était la légende des 47 ronin. Quand j’ai découvert que leur mémoire était toujours célébrée, j’ai pensé à venir ici. Votre culture et la mienne honorent leur mémoire, cela m’a semblé un bon point de départ. J’ai parlé à mon père de ce voyage. Il n’allait pas me l’interdire, mais je préférais qu’il sache où j’allais. Il m’a confirmé que pour comprendre le Bushido, il fallait comprendre ces 47 hommes.

Je me tais, je voulais dire que je suis surprise, que j’en ai déjà beaucoup appris, mais ce serait déplacé, présomptueux et un mensonge. Comment en une journée, une petite américaine pourrait comprendre les motivations qui ont guidé toutes leurs vies ces 47 hommes.

— La communication avec mon traducteur ne fut pas des plus simples et le langage des signes m'a plus aidé à rire qu'à tout comprendre. Est-ce que vous accepteriez de me parler de ces hommes ?

Je m'incline, je ne veux pas mimer sa culture, ce mouvement a été naturel et, sans m'en rendre compte, pour la première fois de mon arrivée, j'ai parfaitement intégrer la culture nippone dans ma façon de formuler cette demande.

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Hope

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» 28 août 2016, 09:43

[bbvideo=560,315]https://www.youtube.com/watch?v=vD7mt8F4Yiw[/bbvideo]

Je ne comprenais pas pourquoi Princesse voulait me comprendre ? Mais à ses paroles, je secouais la tête pour dire non.

Je ne suis ni noble ni juste et je suis à l'opposé d'Hansel-Kun. Ces motivations, comme vous dites, ne font pas partie d'un Bushido. Savez-vous ce que signifie Bushido ? Vous auriez sans doute du commencer par connaître la définition de ce mot.

Je finis par soupirer en fermant les yeux. Elle me renvoi à une époque révolu. Venir ici n'est pas forcément agréable pour moi. Car j'aimerais être dans ma tombe. Cela devrait être ainsi.

Le Bushido est la voie du guerrier. Il est composé effectivement de sept grandes vertus. La droiture, le courage, la bienveillance, la politesse, la sincérité, l'honneur et la loyauté. Il n'y a ni noblesse, ni juste dans le Bushido. Hansel-Kun ne suit aucun des préceptes. Comme vous le dites si bien, il suit la voie de l'amour. Et c'est un amour unique qu'il a. Il fera tout pour celle qu'il aime et uniquement pour elle. Même si cela doit causer la perte des Nephilim, il la sauvera elle à chaque fois. Ce n'est pas un Bushido, c'est juste de l'amour.

Je pose ma tasse vide et je reprends.

Le Bushido a évolué. Maintenant, certains cherchent leur Bushido. Cela sous entend qu'ils cherchent leur propre voix. Comme vous le faites actuellement. Cela ne sera pas le Bushido de l'ère Edo, vous ne défendrez pas des valeurs de Samouraïs. Vous défendrez vos propres valeurs. Vous devez donc trouver ce que vous souhaitez défendre à tout prix. L'amour, comme Hansel-Kun ? La famille ? La noblesse ou la justice comme vous le dites ? Ou bien d'autres valeurs ? Certains Bushido ressemble à ceci : Je serais le chef des Sjkaldmeyjar. Je défendrais tous les orphelins. Je vivrais heureux. Le Bushido peut être très différent selon les personnes. Mais vous ne pourrez jamais comprendre le Bushido des 47 ronins. J'en suis navré Mademoiselle.

Mais c'était la vérité. Aucun Nephilim n'avait toutes ses vertus en lui. Princesse était Bienveillante, poli et sincère. Elle était loyal à son clan, les Insoumis. Mais il lui manquait l'honneur, la droiture et le courage.

Pourquoi voudriez-vous emprunter la Bushido d'un Samouraï ? En étant Nephilim, vous serez malheureuse d'agir ainsi en tout temps. Vous serez bien souvent incomprise et vous ne vous expliquerez jamais. Alors, vous aurez nettement moins d'amis. Vous êtes jeune, n'essayez pas de rentrer dans le moule de vieille tradition. Comprenez surtout que le Bushido doit être votre voie que vous voulez suivre tout au long de votre vie. Et si vous y arrivez, alors vous pourrez heureuse de votre vie.

Mais si elle le souhaitait vraiment, je pourrais lui parler de ces hommes. Mais je devais surtout connaître ses motivations. Que cherchait-elle réellement ? Pourquoi ? Si elle se trompait de voie, elle pourrait s'y perdre.
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Heru Ur

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Heru Ur

» 28 août 2016, 15:22

C’est avec une très grande attention que je bois littéralement les paroles d’Oishi Seijitsu. Ce Nephilim m’apprend son opinion sur Kurt. Je sais qu’il ne s’apprécie guère. En fait, non. Chacun n’apprécie pas les actes de l’autre. Ils suivent des voies différentes, opposées même. Pourtant je reste convaincue qu’il y a du bon en chacun d’eux et qu’à leur façon, ils peuvent être des exemples pour moi.

Les définitions du Bushido ne manquent pas. Si je me suis déplacée ici, c’était à cause des trop grandes différences entre elles. J’avais besoin de sources plus proches de la vérité. Voilà pourquoi je suis venue ici. Je considère cet instant comme un privilège, un grand honneur. Alors, je me montre particulièrement attentive à chacune de ses paroles. Pourtant, une de ses phrases me blesse beaucoup. Il pense que je ne comprendrais jamais le Bushido des 47 ronin. A-t-il tort ou raison ? Ce Bushido est-il trop complexe à appréhender ou suis-je trop ancrée dans mes traditions occidentales et modernes pour le cerner.

On peut lire sur mes traits ce sentiment de tristesse mais pas d’abandon. Je reste bien droite et redresse les yeux vers lui. J’incline légèrement la tête sur le côté quand ils prononcent ces mots-là, essayant d’interpréter le moindre signe dans son regard. D’autres mots semblent importants : Malheureux, incompris, ne se justifiant jamais. Ne serait-il pas en train de parler de lui, en cet instant ? Je penche la tête de l’autre côté. Ma soeur et moi avons parfois des mimiques similaires. Heureusement, ensuite nos réactions diffèrent.

Je lui offre un sourire plus contri. Mais je réalise alors une forte incompréhension entre lui et moi. Quel apaisement ! Je replace ma tête droite, mon sourire s’étire avec douceur. Ouf ! Il pensait que je voulais suivre la voie du Bushido. Me voilà rassurée ! La suite de ses paroles glissent comme du miel. Cet homme me ressemble tellement (enfin, j'espère).

— C’est exactement ce que je pense. Permettez-moi de mieux me présenter, mes intentions et moi. Permettez ?

Je me redresse, mais la position a gêné ma circulation sanguine. Mes jambes engourdies me font défaut et je dois donc me redresser avec douceur.

— J’ai encore bien du travail, dis-je en rigolant. Pouvons-nous marcher ?

Mon geste manque quelque peu de politesse, car mes mouvements ne laissent pas envisager la possibilité de refuser. Si vraiment, il le faisait, je me contenterais de marcher à grande proximité de lui. Sinon, je comte explorer ce jardin, avec lui. Des fourmis alourdissent mes jambes et me font souffrir. Je trouve la situation particulièrement comique et m'en amuse.

— Je suis une Arpenteuse de Kabbale. J’aime voyager. Oui, ma démarche ne le laisse pas paraître, je vous l'accorde. En découvrant d’autres peuples, d’autres cultures, j’en apprends beaucoup plus sur moi-même. L’objectif de cette quête consiste précisément à trouver sa propre voie. Seulement, à mon âge, je suis au point de départ. Des milliers de voie s’offrent à moi. Vous avez raison, le Bushido d’un Samouraï n’est pas la meilleure voie à suivre. Mais avant de trouver ma voie, avant de commencer à y faire mes premiers pas, je dois explorer certaines d’entre elles, m’y enfoncer sans m’y perdre.

Je m’approche d’une plante dont la floraison en décembre m’étonne particulièrement.

— Vous ne pensez pas qu’une voie prônant la droiture, le courage, la bienveillance, la politesse, la sincérité, l'honneur et la loyauté mérite d’être explorée ?

Je me tourne avec politesse et m’incline, exactement comme l’a fait Chun devant moi, quand il m’a présenté ses excuses.

— Accepteriez-vous Monsieur Seijitsu de me prendre comme disciple, toute proportion gardée. Qui sais, je vous ferais peut-être la surprise et j’espère l’honneur de mieux comprendre le Bushido des hommes qui cherchent à atteindre ces sept vertues.

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Hope

Nephilim

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Hope

» 30 août 2016, 08:49

J'incline la tête pour lui signifier mon accord et je me lève à sa demande. Je l'aiderais si elle en a besoin pour ne pas s'avachir, avec un sourire doux à son attention, sinon, je me garderais bien de la toucher et je me contenterais d'être à ses côtés pour profiter du jardin. J'aime ses endroits calmes et sereins. Vegas est si intense. Il est facile de s'y perdre. Je l'écoute avec grande attention et je me retiens de soupirer. Et quand elle formule sa dernière demande, je m'arrête. La prendre comme disciple ? Je me dois de lui répondre, mais j'en suis incapable. Sait-elle qu'elle me met dans une position plus que délicate ? Sariel veut à tout prix que Princesse soit dans mon lit et qu'elle devienne si amoureuse de moi qu'elle se détourne de se famille, des Insoumis et de son père. Moi, je fais tout pour être occuper et ne pas avoir le temps d'être près d'elle. Sariel hait l'Amour. Il sait que je ne suis pas insensible à cette jeune femme et il me punit à sa manière. Si elle devient ma disciple, Sariel attendra de moi des résultats. Je suis donc partager entre la sincérité et la beauté intérieure de Princesse et ma loyauté envers mon Seirim. Car, comme je l'ai toujours dit, ce sera toujours Mon Seirim avant tout.

Continuons d'avancer.

Une main dans mon dos, l'autre présente de nouveau le chemin qui s'offre à nous.

Pensez-vous, Mademoiselle, que ses valeurs soient effectives dans notre monde ? Nous sommes des Oni, Mademoiselle. Un jour ou l'autre vous tuerez. Non pas parce que vous y étiez obligé, mais parce que vous le vouliez. Et ce jour là, que feront vos vertus pour vous sauver ? Vivre avec un Bushido, c'est un acte de tous les instants. Si vous vous donnez des objectifs, alors vous devrez tout faire pour le respecter, quoi qu'il vous en coûte.

Les mains dans le dos, je marche et je baisse un instant la tête.

Mais je pense que vous avez les qualités pour vous appropriez chacune de ces vertus. Cependant, la Bienveillance, dans notre monde, ne survit pas longtemps. Que ferez-vous face à un Ange qui aura tuer votre soeur ? Serez-vous bienveillante envers lui à ce moment là ?


Je finis par lever les yeux au ciel.

Je pense que ce que les humains aiment dans les 47 rônins, c'est leur sacrifice. Qui marcherait et vivrait alors qu'il sait que la fin de sa route ce sera la mort ? Faut-il beaucoup de Droiture ? De Courage ? De Bienveillance ? De Politesse ? De Sincérité ? D'Honneur ? De Loyauté ?


Puis je baisse mes yeux vers elle.

Peut-être que la première question à vous poser Mademoiselle, ce serait plutôt, quelles valeurs vous voulez défendre à tout prix ? Pourquoi êtes vous prêtes à mourir sans vous poser une seule question ? Vous le savez déjà au fond de votre coeur. De ce que je sais, les Insoumis protège leurs familles. Ce serait donc la Famille en premier ? Vous êtes une personne qui ne jugez pas. Vous voulez faire votre propre opinion et même en la trouvant, vous n'êtes pas prête à juger. Réfléchissez à qui vous êtes Mademoiselle. Et vous verrez que finalement, vous avez déjà toutes les réponses à vos questions. Car vos réponses ne se trouvent pas sur Terre, mais bel et bien en Kabbale. Et je ne puis-vous accompagner en ces lieux.


Je lui souris, un peu tristement, mais c'est ainsi. Nous avons tous nos routes à suivre.

Mademoiselle, si vous restez à mes côtés, vous n'y verrez que l'homme que je suis réellement.


Un assassin. Même si les Nephilim le savaient, le voir était tout autre chose. Je n'avais aucune compassion, aucune hésitation. Avec elle à mes côtés, j'aurais trop peur, justement, de son jugement. J'aurais trop peur qu'elle finisse par prendre son choix. J'aurais trop peur qu'elle se détourne de moi. Alors je n'osais pas lui poser la dernière question : Seriez-vous prête à me suivre dans mes missions quelles qu'elles soient ? Car j'avais trop peur qu'elle dise oui.
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